Maintenir une croissance accélérée mais surtout s’assurer qu’elle soit soutenable dans le temps dans un contexte de changement climatique, c’est le défi que doit relever la Côte d’Ivoire selon le dernier rapport pays de la Banque mondiale présentée ce 12 juillet. Le pays court en effet le risque de compromettre ses progrès économiques et de faire basculer des millions de ses citoyens dans la pauvreté, s’il n’apporte pas une réponse adéquate, alerte le rapport intitulé « Pour que demain ne meure jamais : la Côte d’Ivoire face au changement climatique ».
Le pays est en effet exposé au dérèglement climatique d’autant plus qu’il s’est évertué à détruire ses ressources forestières. « Estimée à 37 % du territoire national en 1960, le couvert forestier s’est réduit à moins de 14 % en 2010 (…). Ce taux de déforestation est l’un des plus rapides au monde » souligne la Banque mondiale.
Conséquence, « la valeur du stock de capital naturel par habitant a diminué de 26 % entre 1990 et 2014 », une situation « inquiétante » dont les effets économiques attendus sont désastreux.
« Ce rapport lance un cri d’alarme afin de susciter une prise de conscience rapide et collective (…). La lutte contre le changement climatique va requérir des décisions immédiates et doit devenir une priorité pour que le pays maintienne un rythme de croissance accéléré et soutenable dans la durée » exhorte Pierre Laporte, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire. «»
Un scenario « dramatique »
Selon le rapport, une partie du sud ivoirien, zone de production traditionnelle du cacao deviendra inapte à cette culture sous l’effet de «l’augmentation de la température qui risque de rendre les terres plus arides et moins fertiles » et cela dès 2050, soit dans un peu plus de 30 ans. Une menace directe pour l’économie avec un impact sur les millions de personnes dépendantes des revenus du cacao.
Egalement, le littoral ivoirien long de 566 km, qui « produit près de 80% du PIB national » est une zone en péril : « deux tiers de ce littoral est affecté par l’érosion côtière, avec des conséquences dramatiques pour les communautés et l’économie du pays » note la Banque mondiale.
La Côte d’Ivoire qui a achevé 2017 avec une croissance de près de 8% devrait poursuivre sur son élan avec une hausse du PIB « de l’ordre de 7 à 7,5 % au cours des prochaines années ». Et le pays, à priori conscient de la menace de déforestation, a annoncé en le 26 mai dernier un plan d’investissement décennal de 616 milliards FCFA, soit environ 940 millions d’euros, destiné à la « préservation, la réhabilitation et l’extension » de son couvert forestier.