Jeudi 19 juillet 2018, le président kényan Uhuru Kenyatta a lancé un appel urgent en faveur du développement et du financement de projets d’infrastructures bancables, afin de soutenir le programme de développement de l’Afrique.
C’était lors de l’Assemblée générale des actionnaires du fonds Africa50 qui s’est tenue dans la capitale kényane, Nairobi. Dans son allocution d’ouverture, le président Kenyatta a souligné combien les secteurs de l’énergie, des transports, des TIC, de l’eau et de l’assainissement offrent d’opportunités d’investissements au secteur privé.
« Le secteur privé doit redoubler d’efforts et nous aider à combler le retard du continent africain en matière d’infrastructures. Les financements publics sont limités et il y a d’autres priorités concurrentes », a-t-il déclaré.
Uhuru Kenyatta a annoncé que le Kenya allait doubler sa participation actuelle au capital d’Africa50 pour la porter à 100 millions de dollars américains. « Nous devons avoir la confiance nécessaire pour croire en nos propres infrastructures et y investir. Développons notre partenariat et faisons d’Africa50 une réussite. »
Les besoins en infrastructures du continent exigeraient près de 170 milliards de dollars américains par an de financements, avec un déficit de financement qui oscillerait entre 68 et 108 milliards de dollars, selon les chiffres de la Banque africaine de développement,.
« Nous devons agir vite et de toute urgence, a déclaré Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement et président du Conseil d’administration Africa50. Nos populations n’attendent rien d’autre. » Et de souligner combien il importe de s’attaquer aux facteurs qui freinent les investissements privés dans les infrastructures : coûts de financement élevés, réglementations insuffisantes, droits de douane qui ne reflètent pas les coûts réels, trop maigre rentabilité et faiblesse des cadres réglementaires régissant les partenariats public-privé.
En Afrique, le financement privé des infrastructures reste faible, autour de 6 milliards de dollars par an en moyenne, un montant qui a chuté à 2,6 milliards de dollars en 2016.
L’Afrique a besoin de nouveaux modèles de financement des infrastructures, a déclaré Akinwumi Adesina. « Nous devons travailler de façon judicieuse pour attirer des niveaux de financement des investissements plus élevés pour le développement des infrastructures en Afrique. À l’échelle mondiale, l’épargne et le capital-investissement représentent 120 000 milliards de dollars environ. L’Afrique doit faire preuve d’imagination pour en attirer une partie sur le continent », a-t-il dit.
Pour faire face au déficit du financement des infrastructures en Afrique, la Banque africaine de développement a notamment lancé l’Africa Investment Forum, dont la première édition se tiendra en novembre 2018 en Afrique du Sud. Ce forum, qui entend décupler les transactions, réunira des représentants de fonds de pension mondiaux et de fonds souverains, différents investisseurs institutionnels ainsi que des acteurs clés du secteur privé.
Akinwumi Adesina a félicité le président Kenyatta pour l’engagement et les investissements ambitieux de son pays dans les infrastructures ces cinq dernières années. Les infrastructures représentent d’ailleurs 77 % du portefeuille de la Banque au Kenya.
« Monsieur le président, vous avez été l’un des premiers dirigeants africains à soutenir la création d’Africa50, que j’ai l’honneur de présider », a lancé Akinwumi Adesina. « La Banque africaine de développement, dont je suis le président, a contribué à la création d’Africa50 parce que nous pensons que de nouveaux modèles institutionnels sont nécessaires pour combler l’énorme déficit de financement que connaissent les infrastructures en Afrique. Africa50 va changer la donne en matière de financement des infrastructures ».
Et d’appeler les pays qui ne le sont pas encore à devenir actionnaires d’Africa50. Le fond compte à ce jour 25 États africains à son capital.
Le directeur général d’Africa50, Alain Ebobissé a indiqué qu’ils étaient résolus à assurer une exécution rapide des projets d’infrastructure en Afrique.
Trois ans après sa création, Africa50 est devenu un acteur incontournable en matière d’investissements dans les infrastructures, qui affichent en Afrique des taux de rentabilité équivalents à ceux du marché. Africa50 a mobilisé plus de 850 millions de dollars d’investissements dans les infrastructures, qu’il compte porter à 3 milliards de dollars grâce à son guichet consacré au secteur privé. Africa50 a réalisé des investissements importants dans un certain nombre de pays actionnaires, notamment en Égypte (centrales solaires de 400 MW), au Nigeria, au Sénégal et au Kenya.