Président de la République de l’Union des Comores, Assoumani Azali a accordé une interview à Financial Afrik à l’occasion de la célébration du 43ème anniversaire de leurs accessions à la souveraineté nationale. L’occasion d’évoquer les réformes constitutionnelles en cours. Exclusif.
Monsieur le Président, après 43 ans d’indépendance, comment se porte les Comores ?
Les Comores se portent très bien, il y a la paix et la sécurité, le pays avance et aujourd’hui on peut même se réjouir de constater que l’Etat est le deuxième investisseurs après la Banque Mondiale. Celà veut dire que nous avons les moyens de nous prendre en charge. Le pays va mieux mais il y a encore beaucoup à faire. Notre objectif, c’est l’émergence d’ici à 2030 et on a toutes les potentialités pour cela.
Les Comoriens sont appelés aux urnes le 30 juillet prochain pour un referendum. Que contient ce projet de révision de la constitution ?
Devant les nombreux défis qui sont les nôtres, ce projet de révision constitutionnelle est novateur dans plusieurs domaines.
Il a été élaboré, en intégrant toutes les orientations, données par les recommandations des Assises nationale tenu au mois de février dernier. Il s’agit notamment de :
– La Réduction des Institutions et des dépenses de fonctionnement de l’État et des îles.
– La tournante est maintenue et même renforcée, mais le Président de la République, sera élu, non pas sur une base, simplement insulaire, mais après une élection majoritaire à deux tours sur l’ensemble du Territoire.
– Pour les îles, l’autonomie de gestion est renforcée, en maintenant l’élection du Gouverneur au suffrage universel, et en déterminant aussi ses domaines de compétences exclusives et partagés.
– La Fonction publique va être uniformisée, en accord avec les Gouverneurs par des lois qui seront votées à l’Assemblée de l’Union.
Au lieu de quatre structures, nous aurons une seule administration, capable de maîtriser la masse salariale de l’Etat, de mettre un terme au blocage de l’évolution des carrières et de recruter les jeunes qualifiés par voie de concours.
– La décentralisation sera renforcée en rapprochant l’administration de chaque citoyen pour corriger les inégalités régionales.
– La Diaspora sera représentée à l’Assemblée Nationale dans des conditions qui seront précisées ultérieurement par la loi.
– La jeunesse et les femmes seront mieux associées dans la gestion des affaires publiques.
– Les intérêts des entreprises et des investisseurs étrangers vont être mieux protégés.
– Au niveau religieux, tout en confirmant le rôle du Grand Moufi comme haute autorité nationale, dont les structures d’organisation et de fonctionnement vont être mise en place par une loi, on met surtout l’accent sur l’unicité religieuse, pour combattre le Chiisme, les sectes et les extrémistes qui menacent la paix et l’unité de notre pays.
Comme vous pouvez le constater, les défis à relever sont multiples et complexes. Ce sont des changements qui auront un impact politique mais surtout socio-économique
sur notre pays. Mais ça personne n’en parle, tout le monde se focalise sur le côté politique. Ceux qui s’opposent à ce projet n’ont pas d’arguments , s’ils en ont alors le moment est venu de répondre par oui ou non.
Pour ceux qui doutent de la crédibilité du référendum, que répondez-vous ?
Je leurs demande d’être tranquille, car c’est du déjà vu chez nous, nous avons déjà organisé plusieurs élections dans ce pays. Je ferai tout ce qui est en mon pourvoir, pour
que cette campagne électorale soit apaisée, et permette au peuple comorien, de se prononcer librement sur ce grand projet qu’il a bien lui-même élaboré, pour améliorer ses
conditions de vie et assurer son avenir.
On parle d’une élection présidentielle anticipée en 2019. Confrmez-vous cela ?
Tout à fait, je confrme. Je veux éviter un piège qu’on essaye de me tendre. Certaines personnes me disent d’attendre 2021 avant de commencer le nouveau cycle, ce qui veux dire que la Grande Comores aura trois mandats, imaginer la suite. L’anjouanais qui
viendra, est-ce qu’il acceptera de faire deux mandats ? Il dira que la grande Comores en
a eu trois, et là tous sera remis en cause. Les assises ont été faites en février 2018, comment on peut attendre jusqu’à 2021, Qui peut me dire ce qui peut se passé jusqu’à
2021. La constitution actuelle me donne droit à trois vice-présidents, alors que parmi les recommandations fgure la suppression du poste de vice-président, comment je peux continuer encore trois ans sans vice-président ? Ils diront que comme c’est une transition, on continue avec vous.
C’est un risque que je prends personnellement en mettant en jeu mon mandat, car je peux ne pas gagner, mais il y va de l’intérêt du pays.
Monsieur le Président, si je vous dis Comores pays émergent à l’horizon 2030, que me répondez-vous ?
Je vous dirais que j’y crois, J’y crois très sincèrement. Il suffit de regarder autour de nous des pays comme l’Ile Maurice, les Seychelles. Les Seychelles qui n’ont ni pétrole, ni diamant et qui sont sept fois plus petit que les Comores en superficie et en population ont su se développer, alors pourquoi pas nous ? La vision de faire des Comores un pays émergent à l’horizon 2030 n’est ni une rhétorique, ni une posture. Elle émane d’une conviction profonde que notre pays, notre population et sa diaspora et l’ensemble des forces vives de cette Nation, sont capables de réaliser de grandes choses.
Pour terminer notre entretien Monsieur le Président, quel est le souhait qui vous
est le plus cher aujourd’hui pour l’avenir des Comores ?
Mon souhait le plus cher est que nos frères de l’opposition comprennent que seul l’intérêt du pays compte et que nous nous mettons ensemble pour le développement de ce pays. Car si le pays se développe, c’est nous tous qui allons en bénéficier et nous avons l’obligation de préserver la paix et la sécurité qui règne dans notre pays.
Propos recueillis
par Daniel Djagoué