Par Daniel Aggre (MSC en banque et finance)
Le marché a terminé le premier semestre 2018 en se repliant de 8,93% entraîné par un marché en perte de confiance. Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Nous pouvons décrire 3 séquences pour examiner ce premier semestre.
Une première séquence allant du 2 Janvier au 27 Mars 2018. Dans cette séquence, le marché a dévissé de 6.33% avant d’assister à une remontée de +7.50% du 1er Mars au 27 Mars. Nous avons ainsi enregistré une légère progression de +0.70% sur cette période. A cet instant, les investisseurs du marché espéraient enfin une reprise qui perdure. Mais au vu de la courbe de RSI, nous étions en zone de sur-achat. Certains investisseurs ont décidé de ne pas attendre plus longtemps pour récupérer leurs bénéfices, surtout avec le traumatisme occasionné par la baisse du marché en 2017.
Dans la séquence 2, du 27 Mars au 8 Juin 2018, Les activités ont baissé au point d’atteindre une zone de survente du 16 mai au 8 Juin. En effet, sur cette période deux (2) évènements majeurs ont eu des effets considérables sur l’activité complète de la BRVM créant ainsi un vent de panique rarement enregistré.
Le premier évènement concerne : la hausse des rendements des bons du Trésor américain et retour d’un dollar fort.
Le 24 Avril 2018, le taux de la dette des Etats-Unis à 10 ans a dépassé le seuil symbolique des 3% pour la
première fois depuis 2014. Les devises des marchés émergents et frontières ont enregistré une dépréciation respective de leurs monnaies. Bien que les faiblesses de ses économies ne soient pas uniquement liées à la volatilité des taux de change, l’appréciation du dollar due à la hausse des rendements des bons du Trésor américain a été un facteur déterminant dans la baisse des principaux indices des pays émergents et surtout africains.
A titre d’information, lorsque les rendements des bons du Trésor américain augmentent, cela incite les fonds d’actifs émergents à renforcer leurs expositions sur ces bons en réduisant leurs expositions sur les autres actifs .
Ainsi à la fin du 1er trimestre 2018, la Nigeria Stock exchange a noté une baisse de 9% des actifs étrangers pour le seul mois d’Avril et sur la NASI (Nairobi Stock All-Share Index) on enregistrait des ventes d’action de plusieurs millions de dollars par les investisseurs étrangers fragilisant un peu plus le marché Kenyan.
Ces événements nous amènent donc à penser qu’un changement de paradigme s’est opéré auprès des investisseurs étrangers , durant ce mois, et au vue de
la tendance baissière enregistrée sur la majorité des pays africains, nous supposons que de manière relative, cela a sans doute eu des répercussions sur la BRVM, accentuant un peu plus la baisse du marché commencé plutôt.
Le deuxième évènement : Un incendie survient chez l’opérateur Orange CI
Le 30 avril 2018, l’incendie survenu chez l’opérateur de téléphonie Orange CI va contribuer à alimenter le début de vent de panique et déstabiliser davantage l’évolution de certaines valeurs du marché.
La valeur ETIT était par exemple dans une phase haussière après la publication de son résultat de +40% au 1er trimestre, quand le problème de l’opérateur Orange CI est survenu. Pour passer les ordres, les SGI devaient se rendre à l’antenne de la BRVM dans les différentes régions. Pendant cet évènement, les investisseurs n’avaient pas de visibilité sur les activités du marché et cela a eu comme conséquence d’accentuer la baisse du marché.
Ces deux évènements, l’un externe et l’autre interne, ont occasionné une baisse mensuelle historique de la BRVM avec un repli de près de 9% sur le mois de Mai. Cette situation a certes entrainé la baisse de la majeure partie des valeurs du marché mais à l’inverse, elle a permis de rendre attractifs les rendements proposés par ces valeurs. Le rendement du marché total est donc ressorti autour de 5% en 2018 contre 4% à cette même période en 2017.
Dans la séquence 2, nous avons assisté à une régression de près de 11%, dont 9% sur le seul mois de Mai ; une baisse mensuelle historique jamais connu depuis 2010.
Dans la dernière séquence, du 8 Juin à fin juin :
A la date du 30 mai, une phase de consolidation avait déjà démarré, au point de tester la résistance de 220 points à 3 reprises dans le mois de Juin. Avec un taux de RSI en dessous des 30% sur presque un mois, cela a entrainé de nouveaux investisseurs dans le marché ralentissant progressivement la pression vendeuse et donnant une lueur d’espoir au marché au point de terminer le mois de Juin avec une progression de +1.4%.
La remontée est certes lente, prudente, mais il y’a beaucoup d’espoir à se faire.
Un rendement exceptionnel, des résultats du premier trimestre de certaines entreprises qui laissent entrevoir de bonnes perspectives. Un travail exceptionnel de la BRVM, qui a initié du LOBBYING pour entrainer des investisseurs nationaux et internationaux. Aussi nous avons assisté à des sauveteurs avec des articles qui défendaient l’investissement Boursier via la BRVM, qui est à encourager fortement.
L’article de Paul Derreumaux, Président d’honneur de Bank of Africa « faut il encore investir à la BRVM » et aussi l’édito de OBAFRICA:
« LA BRVM UNE BOURSE AFRICAINE AU FORT POTENTIEL » repris par la BRVM. « BRVM perte de confiance des investisseurs comment la stimuler » de SIKA ADVISORY.
Analyse préparée par SIKA ADVISORY une structure de recherche et de recommandation sur le marché de la BRVM dirigé par Daniel Aggre (MSC en banque et finance)
Un commentaire
Nous vous remercions pour votre article haut combien enrichissant; cependant la question que nous nous posons est de savoir si il existe vraiment un comportement rationnel au sein des acteurs de notre marché ? n’y a t’il pas plus de Finance comportementale que d’analyse technique et fondamentale au sein de la BRVM ?
Cordialement