L’enseignant-chercheur Dr Mamadou Mbaye a indiqué mardi, que le shadow banking, mode de financement méconnu du grand public, est en train de gagner du terrain en Afrique. Ceci grâce à une expansion fulgurante depuis la crise des subprimes en 2007-2009.
S’exprimant en marge du programme du séminaire annuel du Laboratoire de Recherche Economique et Monétaire (LAREM) qui se tient du 31 au 1er Août à Dakar, le chercheur a également souligné que ce système financier parallèle est sur le point d’être en complémentarité avec le type de financement classique.
Le panéliste a mentionné que depuis l’avènement de la crise financière , on assiste à des mutations dans la sphère financière internationale avec d’autres instruments ( bitcoin, finance digitale …) pour faire face à la vulnérabilité du système bancaire traditionnel.
« 10 ans après la crise financière, les finances hors classique ont atteint le pic de 100 000 milliards de dollars contre 70 000 milliards pour la finance classique incluant la finance boursière », a-t-il révélé.
Et d’ajouter que cela cause une problématique de finance mondiale, qui touche sans nul doute les pays africains.
« Les contraintes qui sont posées par les banques aux agents économiques, poussent certains à contourner le système et à aller vers le système parallèle », a-t-il précisé.
Evoquant le phénomène du partenariat public-privé (PPP) en Afrique, le chercheur a indiqué que beaucoup de ses projets sont financés à partir du shadow banking.
La première journée de la rencontre a été riche en enseignement économique. Elle a permis aux acteurs (chercheurs, enseignants, décideurs, opérateurs économiques, étudiants …) de débattre sur des fondamentaux économiques à travers des séries de panels.
Lors des séances de réflexion, les interventions les plus pertinentes ont été sans doute les propos du professeur, Moustapha kassé et de son homologue Makhtar Diouf.
Ce dernier, à travers un communiqué, du fait de son absence, a jeté le discrédit sur le phénomène de mondialisation, qui selon lui, est une autre forme de domination des pays africains.
En bon adepte du professeur Samir Amin, l’universitaire marxiste a expliqué que « la mondialisation en dehors de son aspect économique, vise par le biais des nouvelles technologies et de l’information à l’homogénéisation des cultures sur le modèle occidental ».
« Face à la mondialisation, c’est un travail gigantesque de conscientisation qui s’impose à l’échelle du continent africain pour leur éviter d’être éternellement ce que un pasteur camerounais appelait des cossards culturels condamnés à mendier leur subsistance culturelle à la porte des autres. ».
Pour le professeur Kassé, il faudra impérativement que les pays africains relèvent certains défis majeurs pour prétendre au développement parmi lesquels, les politiques sectorielles, le problème du financement, les infrastructures et le développement du secteur privé, avec des capitaines d’industrie.
Depuis sa création en 2011, le LAREM organise des séminaires annuels pour des débats économiques. Cette année le thème retenu a été, « regards croisés sur l’économie sénégalaise ».