Suite à la chronique intitulée « René Dumont et l’Afrique: un constat prémonitoire encore d’actualité », nous avons reçu cette réaction de l’économiste togolais Nadim Michel Kalife connu tant pour son franc parler que pour la profondeur de ses analyses. Brut de coffrage.
« En constatant la forte croissance démographique des 3 pays africains où il s’était rendu en expert agronome, René Dumont avait certes prédit l’avènement de famines dans le long terme, faute de mettre en valeur des terres arables non cultivées qui sont abondantes en Afrique subsaharienne.
Mais René Dumont aurait dû insister sur la nécessité de transformer sur place, et dans un cadre régional ouest-africain, les produits du cacao, palmistes,café, arachide, …etc, en vue de permettre aux pays africains de s’industrialiser dans l’agro-industrie, première étape du développement industriel.
Certes, avec la manne des retombées financières exceptionnelles provenant du boom des matières premières de 1973 à 1979, qui a quintuplé les recettes budgétaires des Etats africains, les dictatures africaines de cette période de « guerre froide » ont créé ces agro-industries avec la complicité d’investisseurs étrangers
véreux (la stratégie des dirigeants despotes n’étant pas de promouvoir une classe sociale d’entrepreneurs nationaux, par crainte de voir émerger une bourgeoisie puissante qui contesterait leur dictature…).
Mais ces investissements agro-industriels parapublics étant truqués par d’énormes surfacturations, les industries de transformation des produits agricoles locaux ont généré d’énormes déficits d’exploitation que le budget de l’Etat devait absorber!
Et c’est pourquoi les Politiques d’ajustements structurels (P.A.S) des années 1980 ont imposé la privatisation de toutes ces industries parapubliques, mettant au chômage leur personnel incompétent, recruté pour la plupart par clientélisme et népotisme, ou bien en reconvertissant ces industries dans d’autres activités faute de compétitivité.
Leçon géopolitique à tirer de l’échec des conseils de René Dumont
Quelle que soit la compétence des conseillers économiques, ils ne servent à rien s’ils conseillent des mauvais gouvernants, qui n’ont pas pour souci principal de servir leur pays en améliorant les conditions de vie de leur peuple (je n’en dis pas plus…!).
NB: Moi-même, j’avais tenté l’expérience de conseiller économique du Président Eyadema d’août 1984 à février 1985, et j’avais fini par y renoncer volontairement en février 1985 devant l’absence des mesures de redressement fiscal proposées: son ancien directeur de cabinet, encore vivant, pourrait en témoigner… )
C’est là que se trouve le fond du problème africain, ce qui explique l’absence d’émergence après 60 ans d’Indépendance bana-bana ou wouya-wouya!
Que Adama Wade et messanh Ledy en prennent bonne note!
Un commentaire
Le vrai probleme de l’Afrique es simple
Les dirigeants africain, dans leur immense majorite, ne veulent pas le developpement de leur peuple, mais leur propre developpement au detriment de celui de leur peuple
Si on a compris cela, on a compris pourquoi nous en sommes au meme point depuis les annees 1960