En 1962, il publie son célèbre essai: «l’Afrique noire est mal partie» tout juste après un séjour en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Mali. René Dumont (1904-2001) est un agronome, pacifiste intégral et anticolonialiste qui lança sa célèbre mise en garde à l’Afrique sous forme d’un essai paru aux éditions Le Seuil.
En clair, clame le futur candidat écologiste aux présidentielles françaises de 1974, le continent noir doit développer les cultures vivrières au lieu de miser sur des cultures de rente héritées de la colonisation.
Tout en s’intéressant à l’arachide, au coton, au café, au cacao, à l’hévéa et au palmier à huile, René Dumont envisageait déjà les risques inhérents à une agriculture sub-saharienne trop exclusivement orientée sur les cultures d’exportation au détriment des productions vivrières.
En 2012, lors de la célébration des 50 ans de la parution de l’essai, le constat était alarmant : L’Afrique sub-saharienne restait la région du monde la plus touchée par la faim et la malnutrition.
Visionnaire, Dumont défendait les droits coutumiers sur le foncier tout en appelant à leur modernisation. L’agronome récusait particulièrement le droit romain colonialiste : « La terre romanisée peut être cédée au plus offrant ; elle se concentrerait vite entre les mains de ceux qui ont de l’argent, donc de la caste privilégiée».
«Le bourgeois de bonne famille (…) avec ses relations, risque d’obtenir un titre, qui sera souvent un moyen de gagner de l’argent sans travail, au lieu d’une garantie de mise en valeur par le travail », favorisant diverses formes d’exploitation des travailleurs, salariés, métayers, etc., déclarait-il dans une citation reprise par Philippe Lavigne Delville.
Plus de 60 ans après l’indépendance , la plupart des pays d’Afrique franco- phone ont conservé un cadre légal largement colonial.