«Le Capital au XXIe siècle» de Thomas Piketty met en évidence la question des causes de l’aggravation des inégalités grâce à une impressionnante compilation de trente ans de données dans dix-neuf pays industrialisés.
Le résultat est sans appel: la rémunération du capital (dividende, rentes foncières, etc) augmente plus vite que la croissance, d’où le creusement des inégalités. La mondialisation taxe moins les riches que les classes moyennes.
Les dividendes sont moins imposés que les salaires et le revenu du capital prend une part croissante dans le revenu national. In fine, le passé dévore l’avenir, affirme celui qui avoue n’avoir jamais lu Karl Marx sans pour autant refuser son sobriquet flatteur: le Marx du XXIe siècle.
Paru en 2013, le livre de 1000 pages constate que le taux marginal supérieur de l’impôt aux USA est passé de 70% en 1980 à 28% en 1988. L’impôt marginal sur le taux de succession a suivi la même tendance, passant de 70% en 1980 à 35% en 2013.
La méthode et les conclusions de l’économiste français ne font pas l’unanimité et sonnent comme une critique de l’école libérale. En particulier auprès du FMI qui utilise une base statistique similaire pour arriver à des conclusions très différentes.
Le FMI explique cette différence de résultats par le fait que, dans son équation, Thomas Piketty considère un taux d’épargne stable, voire constant. A l’inverse, l’institution s’appuie sur la théorie du revenu permanent de Milton Friedman : les individus cherchent à avoir une consommation stable sur le long terme. Afin d’équilibrer leurs revenus au fil du temps, ils ajustent régulièrement les quantités épargnées. Le taux d’épargne serait donc cyclique.
Mais pour autant, l’inspirateur du programme économique de François Hollande, conseiller de Ségolène Royal lors sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007, n’est pas à court d’arguments accusant le fonds d’utiliser une mesure de l’inégalité des revenus et non pas de l’inégalité des patrimoines.
L’auteur du best seller vendu à 500 000 exemplaires aux USA et 200 000 en France a lancé un véritable débat qui touche à la fiscalité et à l’extrême mobilité du capital et de ses revenus. Dommage que son étude se soit limitée aux seuls pays développés.