Un peu plus de sept mois après avoir été élu président de la République sud-africaine, Cyril Ramaphosa mise sur l’économie pour insuffler une nouvelle dynamique à la nation arc-en-ciel. Passage en revue des points clés de son plan de relance.
C’est à Pretoria que le président sud-africain Cyril Ramaphosa a dévoilé vendredi une série de mesures pour relancer l‘économie de son pays, en récession[1]. Un plan de stimulation qui selon le chef d’Etat, vise en premier lieu « à restaurer la confiance des investisseurs, éviter de nouvelles suppressions de postes et créer de nouveaux emplois ». Dans le contexte actuel de tensions budgétaires que connaît la seconde puissance économique du continent, Cyril Ramaphosa a néanmoins tenu à préciser que ce plan ne se traduira pas par une augmentation des dépenses publiques mais par « une révision des priorités du budget actuel » portant sur un montant « d’environ 50 milliards de rands (3,5 milliards de dollars) ». Voici, présentés succinctement, les cinq axes-clés du plan de relance mis en avant par le président sud-africain lors de son allocution.
- Priorité à l’agriculture.
Dans un pays où la réforme agraire est un sujet hautement sensible, le président sud-africain a déclaré que « l’attention serait concentré sur l’agriculture ». Les dépenses envisagées incluront notamment «des mesures de soutien aux agriculteurs noirs ». Le chef de l’Etat a par ailleurs précisé avoir nommé un panel qui l’assistera dans la réforme agraire voulue par les nouvelles autorités ; le panel inclurait des leaders du monde des affaires ainsi que des agriculteurs.
- Un fonds d’infrastructure de 400 milliards de rands
Prenant acte du fait que le financement des infrastructures avait « diminué au fil des ans », Cyril Ramaphosa a acté la mise en place d’un nouveau fonds qui aura «un type de financement mixte», et qui tirera les leçons du déploiement- mitigé- des infrastructures lors de la Coupe du monde 2010. Le fisc devrait y contribuer à hauteur de «plus de 400 milliards de rands (28 milliards de dollars)», ce qui permettra de mobiliser plus d’argent auprès des banques et des investisseurs.
- Révision du code minier
Très attendu sur les enjeux miniers, le président sud-africain a indiqué que son cabinet avait approuvé une charte minière révisée qui « apporterait plus de visibilité aux investisseurs ». Le Parlement devrait également être invité à supprimer la loi controversée sur la mise en valeur des ressources minérales et pétrolières, afin de lever les obstacles à l’investissement. Pas sûr cependant que cela changera à court terme la conjoncture morose du secteur. Comme le rappelle le Conseil des industries minières, « les trois quarts des mines du pays ne sont plus rentables aujourd’hui ».
- Allégement du coût des affaires
Quatrième chantier évoqué, Cyril Ramaphosa a confirmé que des mesures seraient prises « pour réduire le coût de faire des affaires ». Le gouvernement examinera en particulier les prix administratifs facturés pour l’électricité et œuvrera à la réduction des tarifs portuaires et ferroviaires. Un vaste programme en perspective : longtemps première nation africaine pour la facilité à faire des affaires dans le classement Doing Business Report de la Banque mondiale, la nation arc-en-ciel s’est depuis fait distancée par Maurice, le Rwanda, le Kenya et le Botswana.
- Assouplissement de la procédure des visas
Dernier point enfin, pour encourager le tourisme et faciliter les affaires, Ramaphosa a annoncé « des changements immédiats dans l’architecture réglementaire des visas ». Un assouplissement qui passera notamment par la suppression des obstacles au voyage des mineurs et la réduction du nombre de pays nécessitant un visa pour entrer dans le pays. De même, la nouvelle approche devrait permettre aux étrangers hautement qualifiés d’entrer plus facilement dans le pays.
[1] Le PIB du pays a baissé de 0,7% au deuxième trimestre de l’année 2018, après avoir dégringolé de 2,6% au premier, selon l’Office sud-africain de la statistique (StatsSA).