Kadi Fadika-Coulibaly est la directrice générale du courtier ivoirien SGI Hudson & Cie depuis 2012. La compagnie figure parmi les leaders du marché en termes de volumes traités.
Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter? Qui est Kadi Fadika ?
Kadi Fadika épouse Coulibaly est aujourd’hui une mère de trois enfants et dirigeante d’une société de bourse intégrée qui rayonne depuis la Côte d’Ivoire sur la sous-région et le monde. Hier j’étais une étudiante en économétrie, statistiques et finances, ensuite une jeune cadre dans le secteur de la banque et le conseil financier. J’ai vécu en nomade de 1990 et 2008 entre la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Suisse, la France, les Etats Unis et le Canada.
Quel est le parcours qui vous a mené à la tête de Hudson & Cie ?
Ma formation universitaire axée sur l’économie et les statistiques appliquées à la finance m’a permis d’avoir les connaissances nécessaires à une professionnelle du marché financier lorsque la BRVM se mettait en place en 1997. Mon dernier stage d’apprentissage à la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Abidjan m’a permis d’identifier l’opportunité d’intégrer le marché financier au démarrage de ces activités. J’ai intégré Hudson en 1998 comme chargée d’études à l’ingénierie financière. J’ai démissionné de ce poste pour obtenir un MBA aux USA et j’ai ensuite intégré la Banque Royale au Canada ou je me suis occupée de conseil en investissement pour les particuliers au travers de produits de gestion collective. Lorsque j’ai souhaité rentrer en Côte d’Ivoire, plusieurs opportunités s’offraient à moi notamment dans le secteur bancaire et à la BCEAO. J’ai choisi de retourner dans le marché financier car c’était la seule opportunité qui me permettait d’avoir une part de l’entreprise et d’être ainsi associée aux décisions stratégiques.
Quel est aujourd’hui le poids de Hudson & Cie dans les différents compartiments du marché financier régional ?
En 2017, sur le marché secondaire Hudson s’est classée 1er courtier de la sous-région avec autour de 20% de parts de marché. Sur le marché primaire, nous avons également été la SGI la plus active en termes de nouvelles opérations d’introduction en bourse, ayant été chef de file sur 50% des dernières opérations réalisées sur la BRVM. Enfin, nous nous sommes classés 1er SVT pour l’Etat de Côte d’Ivoire en 2017 sur les montants levés sur le marché primaire monétaire.
Quelles sont les évolutions qui vous paraissent souhaitables dans le fonctionnement et l’organisation des sociétés de bourse en zone UEMOA ?
En termes opérationnels sur l’activité, les sociétés de bourse devraient rechercher la qualité du service aux investisseurs afin d’augmenter l’épargne investie dans le marché financier régional. Cela passe par une formation des employés afin qu’ils puissent répondre facilement aux questions des investisseurs et être force de proposition. La diversification des activités avec un accent sur la création de nouveaux produits et l’innovation permettant un marché primaire plus actif. Concernant l’organisation, les sociétés de bourse doivent devenir des entités plus solides sur le plan des ressources et des fonds propres qui soutiennent leurs activités, ainsi que concernant leurs procédures de fonctionnement. La mise en place prochaine par le régulateur d’un dispositif prudentiel plus élaboré devrait aider dans ce sens et permettra bien entendu de rassurer les investisseurs.
Quels sont vos pronostics pour l’évolution de la BRVM sur le deuxième semestre 2018?
Le marché est en baisse depuis 3 ans maintenant, avec pour cause plusieurs facteurs. Je peux citer les prises de bénéfices consécutives à la forte hausse enregistrée depuis 2012. Ensuite plusieurs évènements sur valeur, fractionnements et distributions d’actions gratuites, mal comprises par le marché qui a sanctionné les valeurs concernées. Maintenant nous observons des résultats contrastés et des risques dans certains secteurs d’activités couplés à des changements réglementaires et aux périodes de morosité économique qui entourent les échéances électorales dans les pays de l’Union. Tous ces éléments contribuent à maintenir une tendance baissière sur le marché qui ne devrait se résorber que très partiellement en toute fin d’année à cause des sursauts de fin d’année que tous les marchés connaissent dans le monde. En perspective plus longue, les prix d’aujourd’hui (PE 12x) correspondent à ceux de 2010 avant la période de forte hausse pendant que la valeur des transactions et la capitalisation boursière ont plus que doublées et que les perspectives de croissance de l’Union annoncées sont très bonnes. Une opportunité est ici créée pour les investisseurs d’entrer dans le marché sur cette tendance et saisir la croissance anticipée. Il ne faut pas regarder une conjoncture pour arrêter d’investir. Au contraire savoir identifier le bon moment pour saisir les meilleures opportunités sur les valeurs de croissance comme les banques, les télécom, et les industries qui produisent des produits de grande consommation.
Un commentaire
Ce qu’il faut retenir de cette ou interview : Nous sommes la première SGI. C’est nous qui décidons si la bourse monte ou descend selon qu’on veut acheter ou vendre. C’est nous qui fixons les prix de cloture de chaque action à l’issue de chaque séance. La manipulation des prix, on s’y connais. Il se trouve qu’actuellement nos caisses sont toujours pleines de milliards et personne ne veut nous vendre. On va vous faire vivre l’enfer jusqu’à ce que vous nous vendiez vos actions que nous on vous a vendu deux fois plus cher. Nous ne sommes pas pressé. Nous nous sommes préparés.