En marge de la semaine africaine de l’industrialisation, qui a commencé ce 19 novembre à Addis Abeba sous l’égide du département du commerce et de l’industrie de la Commission de l’Union africaine, le ministre nigérien de l’industrie, Malam Zanaidou Amirou, a présenté la stratégie de son pays en la matière. En voici les grandes lignes.
« Le rôle de l’industrialisation est clairement entériné dans le Plan d’action de l’Union africaine pour le développement industriel accéléré de l’Afrique, et la Troisième décennie du développement industriel pour l’Afrique », affirme d’emblée le ministre nigérien, rappelant l’importance de l’Agenda 20163, « cadre stratégique de l’Union africaine pour la transformation socio-économique de l’Afrique ».
Cet agenda, poursuit le ministre, appelle à promouvoir « des plans sectoriels et de productivité », ainsi qu’à développer « des chaînes de valeur régionales et de produits de base » pour appuyer la mise en œuvre de politiques industrielles à tous les niveaux.
La politique de la substitution aux importances adoptée au lendemain des indépendances a mis en évidence, l’importance des coûts de facteur de production, l’étroitesse des marchés et entre autres, la faible compétitivité de la production.
Au regard de ces contraintes d’ordre diverses, l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé la période 2016-2025 comme la troisième Décennie du développement industriel pour l’Afrique (IDDA III). L’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) mène cette nouvelle approche pour l’IDDA III. « Pour rappel, mon pays le Niger, a été honoré par l’ONUDI, à travers le Président de la République, qui a été choisi comme Champion de IDDA III », poursuit le ministre.
Voici la partie substantielle de son discours
Le thème de ce panel est très important, en ce sens que, je voudrais partager avec vous l’état de l’industrialisation au Niger. C’est ainsi que mon pays s’est engagé vers une redéfinition des stratégies et politiques de son secteur industriel et cela, conformément aux orientations du Plan de Développement Economique et Social (PDES) notamment dans son axe trois (3), « Accélération de la croissance économique ».
En outre, le Niger veut réaffirmer sa volonté de participer pleinement au processus de développement inclusif et durable de l’Afrique à travers le mandat global confié par l’ONU à l’ONUDI au regard du programme de la « troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique » (IDDA III) qui est : « encourager et accélérer le développement industriel dans les pays en voie de développement tout en leur fournissant une assistance afin de mieux intégrer le tourbillon de l’économie mondiale », à la transformation structurelle des économies de l’Afrique conformément à l’agenda 2063 de l’Union Africaine, dont l’aspiration n°25 est : « L’infrastructure de classe internationale accompagnée de la facilitation des échanges verra l’expansion rapide du commerce intra-africain qui passera de moins de 12% en 2013 à près de 50% en 2045 » et à la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive (SDDCI) Niger 2035.
En effet, cette SDDCI vise à faire du Niger, à l’horizon 2035, un pays prospère, disposant d’une économie diversifiée et dynamique et faisant la fierté de son peuple. L’une des préoccupations de la stratégie est de maintenir une structure industrielle solide qui est compétitive au niveau mondial, respectueuse de l’environnement et capable d’améliorer sensiblement les conditions de vie des personnes.
Comme vous le constatez, l’industrialisation a de tout temps été une préoccupation majeure de la politique de développement et les autorités nigériennes ont toujours eu conscience qu’elle était aussi importante que le développement agricole pour réaliser les ambitions du progrès économique et social du pays.
C’est ainsi que, préoccupé par la survie de son secteur industriel dans ce nouveau contexte de désengagement de l’Etat, le Gouvernement devait d’abord procéder à une importante réflexion de sa politique industrielle, en réaménageant le tarif douanier et le Code des Investissements et certains aspects de la fiscalité (introduction d’un système incitatif). Ces importantes mutations n’avaient pas cependant suffi, à elles seules, à assurer la relance des investissements et le redressement des entreprises.
Il importait d’aller plus en avant et de voir quelles activités pouvaient se développer, quels étaient les problèmes concrets et les obstacles auxquels les différentes branches étaient confrontées, et de quels atouts et avantages le pays disposait. C’est à partir de là que devraient être dégagées les nouvelles perspectives possibles et l’action de restructuration et de développement qu’elles requièrent, en déterminant la contribution que l’Etat pouvait apporter par des politiques et des mesures adéquates. Les options économiques retenues tournent principalement autour de :
- l’économie de marché ;
- la suppression des monopoles d’Etat et la libre concurrence dans tous les secteurs de l’économie ;
- le désengagement de l’Etat des secteurs productifs et concurrentiels ;
- l’adhésion au processus d’intégration sous régionale et régionale.
La mise en œuvre de cette politique a permis l’amélioration du climat des investissements.
C’est dans ce contexte que l’Etat a engagé avec l’appui des partenaires au développement, d’importantes actions et a mis en place des instruments pour stimuler l’investissement privé en vue de favoriser le climat des affaires. Il s’agit :
- Au plan fiscal, le code des investissements accorde plusieurs avantages fiscaux tant en phase de réalisation des investissements qu’en phase d’exploitation ;
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Des institutions d’encadrement et de promotion dont le Centre de Promotion des Investissements (CPI), le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) ;
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Du Haut-Commissariat à l’Investissement qui est un cadre de concertation entre l’Administration et le secteur privé relativement aux investissements et à l’entreprenariat ;
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Des structures d’appui et de financement des entreprises : Entreprendre Au Niger (EAN), Programme d’Appui et de Suivi des PME (PASPME, Tanyo) et le Programme de Promotion des Exportations Agropastorales (PPEAP) ;
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Aucune mesure d’expropriation ou de nationalisation ne sera prise à l’égard des investisseurs étrangers ;
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Du Programme pour l’Initiative de l’Agro-Industrie et l’Agro-Business (3 ADI), un programme axé particulièrement sur les chaines de valeur.
Sur le plan économique, le Gouvernement a mené une série de réformes visant à stabiliser le cadre macroéconomique et à améliorer le cadre législatif et réglementaire de l’investissement et de l’entreprenariat privé. Dans cette optique, le Code des Investissements, le Code du Commerce et le Code du Travail ont été révisés pour les rendre plus souples et adaptés aux exigences de l’environnement local, sous régional, régional et international.
Les efforts précédents en vue de favoriser une transformation économique durable en Afrique produits des résultats mitigés, et il est absolument nécessaire d’adopter une nouvelle approche. Mais à présent, il est crucial d’établir un processus large et propre à chaque pays qui mette à profit les ressources financières et non financières, favorise l’intégration régionale et mobilise la coopération entre les partenaires du développement en Afrique.