La Côte d’Ivoire va ouvrir son marché « à 80% à l’Union européenne à partir de janvier 2019 » a rapporté le site abidjan.net qui cite Stéphane Aka-Anghui, le directeur de cabinet adjoint du ministre en charge de l’Intégration africaine. La déclaration a été faite au cours d’un atelier sur la mise en œuvre de l’APE, l’accord de partenariat économique, tenu ce 19 novembre à Abidjan.
Le pays en effet a signé un APE intérimaire, en attendant un accord pour un APE régional au niveau de la CEDEAO, au travers duquel ses exportations bénéficient de franchises douanières aux portes de l’UE. Ainsi les exportations ivoiriens de bananes, de conserves de thon et de produits dérivés de cacao, entre autres, bénéficient de ce régime préférentiel qui en garanti la compétitivité sur le sol européen. En dehors de cet accord, une taxation de 20% de l’industrie thonière ivoirienne, aurait des effets désastreux sur un secteur qui emploie des milliers de personnes, a fait remarquer Stéphane Aka-Anghui.
Aussi, les exportations ivoiriennes vers l’UE, premier partenaire commercial du pays, sont-elles évaluées à 4 500 milliards FCFA contre 2 500 d’importation, soit un excédent de 1 500 milliards FCFA.
Et c’est pour se conformer au principe de réciprocité au risque de perdre ces avantages que le pays entend libéraliser ses importations en provenance de l’UE. Toutefois, « la plupart des produits fabriqués localement ont été exclus de cette libéralisation » et pour « les premières années ne sont concernés que les matières premières et les intrants » a expliqué Stéphane Aka-Anghui.
La Côte d’Ivoire espère tirer son épingle du jeu, préserver son économie et ses relations commerciales avec son principal marché d’exportation et compenser éventuellement les pertes de recettes douanières dont 40% proviennent de ses échanges avec l’UE.
La Côte d’Ivoire, avec le Ghana, se préparent donc à faire un pas supplémentaire dans la mise en place de l’APE, alors qu’au niveau de la CEDEAO, les négociations pour un APE régional reste bloquées du fait de l’opposition catégorique du géant nigérian qui met en avant les menaces sur son industrie.
Pour certains experts, la mise en œuvre pleine de l’APE intérimaire par la Côte d’Ivoire va torpiller le processus d’intégration au sein de la CEDEAO, les autres Etats devant être amenés à rétablir les barrières douanières afin de prémunir contre une invasion de produits européens.
Un commentaire
Selon la CNUCED le solde net des échanges totaux de la Côte d’Ivoire avec l’UE a été de 1132 milliards (Md) de FCFA en 2015, de 972 Md CFA en 2016 et de 1203 Md CFA en 2017. Pour 2018, sur la base des 11 premiers mois le solde devrait baisser de 11,5% par rapport à 2017. On est donc assez loin des 1500 Md de CFA signalés, d’autant que l’année n’est pas précisée, la moyenne 2015 à 2018 ayant été de 1109 md CFA, soit 26% de moins que les 1500 Md CFA indiqués.
Jacques Berthelot, auteur de « Vous avez dit LIBRE échange? L’Accord de Partenariat Economique Union européenne-Afrique de l’Ouest », L’Harmattan, juin 2018.