La pseudo-répartition à la libanaise du pouvoir en Centrafrique n’a pas, semble-t-il, volé en éclat. Mais la destitution, le 26 octobre dernier, d’Abdou Karim Meckassoua pour de présumées malversations financières et son remplacement par El Adj Laurent Ngon Baba à la tête du parlement centrafricain, continue d’alimenter la polémique et les conjectures dans une ambiance de reprise des hostilités sur tous les fronts.
Au lendemain de cette destitution causée par de persistances rivalités entre l’ancien président du parlement et le présidentFaustin-Archange Touadéra , les ex-rebelles de la Séléka, qui soutiennent Mackassoua, avaient donné 48 heures aux représentants de l’État pour quitter les zones du pays sous leur contrôle. Abdoulaye Hissene, le président du Conseil national de défense et de sécurité (CNDS) regroupant les groupes de l’ex-Séléka, avait jugé illégale la destitution de Meckassoua. D’où les difficultés du nouveau président du parlement à s’imposer dans un pays contrôlé à 70% par les groupes armés.
Elu à 114 voix pour et 4 bulletins nuls dans une ambiance explosive (un coup de feu a été tiré en l’air au sein de l’hémicycle), le nouvel arrivant, est musulman. Un détail anodin partout ailleurs mais pas dans ce pays en phase de transition où les trois hautes fonctions de l’Etat (présidence, Primature et présidence du parlement) sont réparties dans le sens d’une représentativité confessionnelle et communautaire.
Elu à la place du populaire député du PK5 de Bangui, quartier majoritairement musulman, Laurent Ngon Baba, que d’aucuns appelle El Hajd Laurent Ngon Baba, devrait encore prouver sa religion puisque des imams continuent d’en douter dans des prêches enflammées.
Laurent Ngon-Baba est député de Baboua, ville située dans la préfecture de Nana-Mambéré dans l’ouest de la RCA. Le nouveau président de l’Assemblée nationale a été plusieurs fois ministre sous la présidence de François Bozizé entre 2003-2012. Juriste environnementaliste de formation, il est le président du Parti de l’action et du développement (PAD) et président du Comité national du pèlerinage à la Mecque.
Réputé proche du président Faustin-Archange Touadéra, le président de l’assemblée n’a pas, c’est clair, la même influence que son prédécesseur.