Nous publions ici ce nouveau courrier d’un lecteur, boursicoteur à la BRVM dans un contexte de baisse continue. Aux yeux de cet initié, ce n’est surtout pas l’heure de vendre. Bien au contraire.
«A la manière d’un arbre fruitier que l’on secoue pour faire tomber les fruits mûrs, les poids lourds de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) continuent de la secouer pour faire tomber les derniers petits investisseurs qui continuent à résister et à ne pas vouloir vendre malgré la forte baisse. Après presque trois ans de baisse, certains continuent de résister à la tentation de vendre pour limiter leurs pertes.Avec les secousses qui gagnent de plus en plus en intensité, ils ne seront peut-être pas nombreux, ceux qui vont y résister encore longtemps. Le but de la manoeuvre est de provoquer un krach boursier à la BRVM, mais celui-ci tarde à se manifester. Malgré la forte baisse il n’y a pas encore de krach pour le moment. On ne parlera de krach que quand, du fait de la baisse continue, une bonne partie des investisseurs va capituler et se mettre à vendre de grosses quantités d’actions de sorte que les ordres de vente vont dépasser les ordres d’achat.Qu’il y ait krach ou pas, ce n’est que quand les poids lourds seront satisfaits et voudront que la bourse monte, qu’elle montera. Elle montera alors très rapidement, sans aucune résistance. Ils savent comment s’y prendre. Les poids lourds ne peuvent pas monter le prix d’une action dont ils ne contrôlent pas une bonne partie du flottant. La condition pour que la bourse monte est que tous les poids lourds aient fini d’acheter les quantités de chaque action dont ils ont besoin.Dans toutes ces manoeuvres, les petits investisseurs ne sont que des spectateurs parce qu’ils ont peu d’influence sur la tendance du marché. N’ayant aucune connaissance sur le fonctionnement réel d’une bourse, ces derniers sont au contraire facilement manipulables et tombent souvent dans les nombreux pièges posés par les professionnels.En réalité, à la BRVM il n’y a qu’un très petit groupe de professionnels qui sont à la manoeuvre. Ils ont réussi à rouler la majorité des investisseurs y compris les autres professionnels(les pseudo-professionnels) dans la farine en changeant la psychologie du marché qui est passée de l’euphorie il n’y a pas si longtemps à la quasi panique actuelle. Actuellement, ils sont toujours en plein réapprovisionnement pour reconstituer leurs stocks d’actions. C’est toujours la phase d’accumulation et elle prendra encore le temps qu’il faut. Il est donc plus sage d’acheter en même temps qu’eux, pendant que les prix sont encore bas, plutôt que de vendre à perte. Malheureusement la majorité des investisseurs ne voient plus les opportunités historiques qui se présentent actuellement. Ils ne voient que leurs pertes déjà enregistrées et sont maintenant réticents à l’idée d’acheter et voir les prix descendre davantage. Ils oublient qu’en période de baisse, la perception des investisseurs devient généralement pire que la réalité. Cela s’explique par le fait que la majorité des investisseurs n’ont pas une stratégie ou un système quantifiable leur permettant de savoir à quel moment une action est bonne pour un achat ou une vente.
Dans ces conditions seules les émotions gèrent les décisions d’achat et de vente. C’est cela aussi la réalité de la bourse qui ne va pas changer parce que la psychologie humaine ne change jamais.Actuellement, les petits investisseurs sont impatients que la bourse remonte. Les poids lourds eux ne sont jamais pressés. De la même façon qu’il leur a fallu plusieurs années pour faire monter la bourse pour vendre les actions très cher, il leur faut plusieurs années pour la descendre et racheter les mêmes actions moins cher avant qu’un nouveau cycle ne puisse commencer. Tout ceci doit se faire lentement, avec les tactiques appropriées pour ne pas attirer l’attention.Ceux qui auront la force mentale de résister à l’envie de vendre durant ces moments difficiles seront les seuls à s’en sortir. Cette envie de vendre pour limiter les pertes est la pire décision parce que les prix sont déjà trop bas alors que les fondamentaux de la plupart des entreprises cotées sont solides. Vendre maintenant c’est transformer des pertes temporaires en pertes définitives.La patience est la seule option qui reste pour tous ceux qui sont actuellement du mauvais côté du marché et la plupart des investisseurs sont du mauvais côté. N’oubliez pas que derrière toutes ces actions dont les prix baissent, ce sont des entreprises qui pour la plupart ont de bons résultats et que le seul objectif de la baisse c’est de vous paniquer et vous pousser à vendre.N’oubliez pas non plus que toute action a deux caractéristiques : son prix et sa valeur. Le prix peut descendre mais il devra remonter un jour pour retrouver la valeur. Une bourse en baisse est toujours suivie d’une bourse en hausse et les bonnes décisions prises quand la bourse baisse sont bien récompensées quand la bourse remonte.
Koné M, petit porteur à la BRVM
4 commentaires
Bonjour,
Merci grandement pour ce brillant article.
Les non-initiés comme nous ne comprennent malheureusement pas comment la bourse fonctionne réellement. Pouvez-vous en réponse à ce commentaire, nous éclairer à ce sujet?
M. Ouedraogo. Etre un spécialiste de la bourse est un metier qu’on ne peut pas apprendre à travers un commentaire. Les professionnels de la bourse ne font que la bourse comme métier alors que tous les petits investisseurs ont un autre métier et ils veulent competir avec les professionnels. Il y a beaucoup à apprendre comme tout métier pour savoir comment une bourse fonctionne.
Autre fait qui aggrave la panique des petits investisseurs, c’est la lenteur avec laquelle les entreprises cotées produisent et diffusent leurs états financiers intermédiaires (rapport six mois, rapport neuf mois). On se demande si cette lenteur ne s’explique pas par une situation financière peu reluisante.
L’article nous dit que les fondamentaux de la plus part des entreprises cotées sont solides; soit, mais les investisseurs » amateur » n’ont pas forcément ni la primeur ni la réalité de l’information sur la santé financière des entreprises. Tout cela en rajoute à la panique qui pousse à vouloir limiter les dégâts en vendant avant un possible crash. Si elles ne sont pas sous l’emprise du « noyau dur » des investisseurs professionnels, les entreprises cotées pourraient amoindrir la panique des petits investisseurs en étant à jour dans la publication des informations financières sur leurs activité.
M. Sidwaya a parfaitement raison. La plupart des sociétés ont attendu fin octobre soit quatre mois après la fin du premier semestre pour publier leurs états financiers du premier semestre. Ce n’est un secret pour personne que certains poids lourds du fait de leurs connections avaient déjà un idée de ce que contenaient ces états financiers. Les petits investisseurs partent toujours perdants dans ces conditions.