En marge d’une conférence de presse, la direction de Gecamines n’y est pas allé de main morte pour démonter les allégations de certaines ONG dont Global Witness, qui l’accusent de mauvaise gestion et de détournements. La réplique, lourde, à la mesure de l’affront, élide un débat actuel en Afrique sur le rôle des ONG dans la vie politique et économique africaines.
Ces organisations non gouvernementales seraient-elles acquises aux causes des multinationales qu’elles soutiendraient sous couvert de posture humanitaire? Voici le communiqué de Gecamines.
Gécamines publie un rapport circonstancié en réponse aux allégations
outrancières et systématiques de certaines ONG
Kinshasa, le 28 novembre 2018 – Gécamines rend public ce mercredi 28 novembre
2018, à l’occasion d’une conférence de presse internationale organisée à Kinshasa,
un rapport intitulé : « La vérité sur les mensonges des ONG en République
Démocratique du Congo – Ou comment sous couvert de morale, on voudrait priver
le pays de sa souveraineté sur ses matières premières ».
Gécamines entend, une fois pour toutes, répondre de manière précise et
documentée aux différentes publications de plusieurs ONG, dont Global Witness,
Carter Center et plus récemment Enough Project, et plus particulièrement aux
allégations outrancières et systématiquement à charge à l’endroit de Gécamines
et de la RDC.
Par la publication de ce rapport et sa mise à disposition en ligne, Gécamines
informe l’opinion publique nationale et internationale sur la réalité des faits.
Le document se décompose en trois parties :
1. Une réponse – preuves à l’appui – aux accusations les plus graves portées à
l’endroit de Gécamines, parmi lesquelles :
– Le caractère prétendument non-transparent de ses finances
– Les centaines de millions USD qui auraient prétendument disparu de ses
comptes durant les exercices 2011-2014
– Les revenus soi-disant non-déclarés issus d’accords récents avec des
partenaires nouveaux ou existants
– Les ventes d’actifs prétendument sous-évaluées
– Sa contribution effective au budget de l’Etat
– Sa contribution effective au désendettement, aux salaires et aux
investissements.
Il ressort des éléments de réponse fournis que :
– Les états financiers de Gécamines sont non seulement contrôlés sur une
base annuelle par des auditeurs externes internationaux, mais
également communiqués à l’ITIE, tel qu’en atteste la copie des échanges
produits, dont les rapports sont publiquement consultables.
– L’intégralité des sommes prétendument absentes des comptes de
Gécamines pour les exercices 2011-2014 y figure bien, au dollar près.
Gécamines produit, dans le rapport, les éléments et explications
permettant de retracer les sommes en question.
– S’agissant des opérations ERG, CNMC et TFM, les montants perçus par
Gécamines au cours de l’exercice 2016 figurent bien dans le rapport ITIE
2016 et les montants perçus au cours de l’exercice 2017 seront
certainement publiés par l’ITIE dans son prochain rapport.
– Les actifs ont été cédés à leur valeur de marché, telle qu’évaluée par des
banques affaires internationalement reconnues. Gécamines produit les
chiffres et méthodes employés, bien loin des chiffres fantaisistes (et
surtout non documentés) avancés dans la presse.
– Sur la période 2009-2014, Gécamines a versé 372 millions USD à l’Etat,
bien loin des 75 millions USD avancés. Ces montants sont comptabilisés
dans les états financiers de Gécamines et repris en détail dans le rapport
- Gécamines contribue effectivement au désendettement de la société, au
paiement des salaires et aux investissements. Le rapport produit des
chiffres précis sur le sujet, loin des rumeurs et fantasmes véhiculés. Sur la
question des salaires, Gécamines tient une nouvelle fois à rappeler qu’elle
est, à ce jour, la seule entreprise du portefeuille de l’État à avoir mis en
place un plan social de départ à la retraite (2015-2017), qui a permis à date
à 2 294 agents de quitter définitivement l’entreprise en leur payant leur
décompte final.
2. Une explication – illustrée par des chiffres et graphiques – des raisons pour
lesquelles l’argent des mines ne profite pas plus largement à Gécamines et à
la RDC.
Au demeurant, Gécamines explique comment, sur les bons conseils des
« partenaires au développement », l’entreprise qui était un fleuron de
l’industrie minière africaine a été dépecée, ses principaux actifs et gisements
ayant été transférés au profit de groupes miniers étrangers. C’est ainsi que
plus 33 millions de tonnes de cuivre ont été transférés aux partenaires
étrangers, en ne laissant que 400 000 tonnes à Gécamines.
Le rapport explique abondamment comment le système mis en place par
les sociétés multinationales du secteur vise à priver Gécamines et la RDC des
bénéfices des projets, en minorant les résultats des sociétés de projet en
RDC, lorsque ces multinationales annoncent au même moment des profits
records sur les marchés financiers. Au total, le manque à gagner pour
Gécamines et la RDC est à ce jour estimé, sur la base des projections fournies
à l’époque par ces mêmes partenaires internationaux, à 4,9 milliards USD
entre 2005 et 2016. Compte tenu des enjeux, le travail d’audit entrepris par
Gécamines doit se poursuivre.
- Une démonstration – sur la base d’exemples concrets – des méthodes utilisées
par ces mêmes institutions pour manipuler les opinions publiques, sans
reculer devant quelques arrangements avec la réalité.
C’est ainsi que les ONG en question s’offusquent de l’exercice par Gécamines
de ses droits contractuels à l’occasion de grosses opérations lucratives de
changement de contrôle entre groupes miniers étrangers, sans prise en
compte des intérêts nationaux, alors même que ces bras de fer ont
systématiquement permis de faire valoir les droits de la RDC et de
Gécamines, avec finalement de très bons résultats comme les dossiers TFM
ou Glencore, unanimement salués.
Gécamines n’entend pas rester silencieuse face à des allégations manifestement
destinées à servir les mêmes intérêts qui, partout dans le monde, voient d’un
mauvais œil les pays en développement qui ont fait le choix légitime de se
réapproprier leurs ressources naturelles et d’imposer un meilleur partage des
revenus entre les investisseurs et les pays hôtes, qui ne demandent qu’à
augmenter leurs ressources propres pour conduire leur politique de
développement et réduire leur dépendance à l’aide étrangère conditionnelle.
Ce débat dépasse, à l’évidence, la situation particulière de Gécamines et de la RDC.
C’est le défi posé à tous les pays miniers de continent africain qui ne peuvent se
glorifier de continuer de quémander l’assistance internationale alors que la
récupération et le bon usage d’une partie seulement de la richesse tirée de leur
sous-sol changeraient radicalement la donne.
Notes
L’intégralité du rapport est disponible sur : www.gecamines.cd/rapport.html
La vidéo « Le combat de Gécamines pour la souveraineté des matières premières
en RD Congo » est disponible sur : https://bit.ly/2BDx2Qo