Le bureau de la Banque Mondiale à Dakar (Sénégal) a abrité, le 6 décembre 2018, la cérémonie de signature du Protocole d’accord entre la Société financière internationale (SFI), la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) en présence du Gouverneur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, M. Tiemoko Meyliet Koné.
Dans son allocution, Jean Lacombe, secrétaire du Programme conjoint sur les marchés financiers (JCAP*) du Groupe de la Banque mondiale, a expliqué le cadre d’intervention de son institution : «le plan d’action régional que nous établissons en collaboration avec les autorités monétaires et financières de l’UEMOA vise à adresser les contraintes de financement en monnaie locale spécifiques a la région à travers des activités d’assistance technique assurées par la Banque Mondiale et des transactions réalisées par l’IFC avec un fort effet de démonstration pour attirer les investisseurs privés».
Par exemple, poursuit-il, «afin de répondre à la nécessité impérative de fournir des logements a un coût abordable, le Groupe de la Banque mondiale collabore étroitement avec la Caisse régionale de refinancement hypothécaire (CRRH)».
Un partenariat stratégique avec la CRRH
Tout d’abord, la Banque mondiale a contribué au refinancement d’un portefeuille de crédits immobiliers aux ménages modestes grâce à un package de financement de $155 million [US-Dollar] bénéficiant à la CRRH. De plus, IFC a procédé à une prise de participation au capital de CRRH d’un montant de 1,25 milliard de francs CFA en février 2017 et un investissant 5,6 milliards de francs CFA dans une émission obligataire à 12 ans en janvier 2018. L’allongement de la durée des financements de CRRH – dont les échéances passeront de 10 à 12 ans – permettra par la suite aux banques de consentir des prêts hypothécaires à plus long terme aux ménages ayant des revenus faibles ou moyens».
Dans ses objectifs, le JCAP vise à établir une courbe de taux a longue durée en monnaie locale, une fiscalité uniformisée et incitative et une meilleure adéquation entre émetteurs et investisseurs via une gamme adaptée d’instruments. Pour maximiser les synergies au bénéfice de l’UEMOA, JCAP désire avoir une coordination étroite avec les autorités de la région et la Banque Africaine de Développent, qui facilite les flux d’expertise entre institutions.
Pour sa part, Mamadou Ndiaye, Mamadou Ndiaye, Président du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers, a estimé que les actions prévues dans le programme J-CAP sont en phase avec les orientations adoptées par le conseil des ministres de l’UEMOA en 2016 et le plan stratégique 2014-2021 du marché financier. «Ces réformes visent notamment la consolidation de la gouvernance et des capacités du régulateur, des structures centrales et des intervenants commerciaux agréés», a encore précisé monsieur Ndiaye.
Autre intervention remarquée, celle de Paolo B. Zacchia, Directeur par intérim Représentant de la Banque Mondiale, qui voit dans la concrétisation de cette assistance technique conjointe l’affirmation que la zone de l’UEMOA continue de poursuivre des initiatives d’envergure régionale, «ce dont nous nous réjouissons pleinement. S’agissant d’un marché de plus de 100 million d’habitants, nous sommes en effet convaincus que de nombreuses synergies restent encore à exploiter au sein de l’Union et que le fait d’avoir un marché régional des capitaux plus dynamique participera, à l’évidence, à cette logique d’intégration économique régionale».
Reste à définir le cadre de cette collaboration entre le groupe de la Banque Mondiale et le marché financier de l’UEMOA : «cette collaboration sera un challenge de tous les jours car les équipes du groupe de la Banque mondiale devront se coordonner avec pas moins de 13 acteurs majeurs que sont : le CREPMF, les Directions du Trésor des 8 pays de la zone, la BCEAO, l’Agence UEMOA Titres, la CIMA et la CIPRES qui sont respectivement les Autorités Régionales pour le marché des assurances et des fonds de pension».
Et M. Zacchia de poursuivre : «Mais qu’on ne s’y trompe pas, si seul on peut aller vite, comme cela a pu être le cas pour le Maroc ou l’Afrique du Sud par exemple, nous devons rester convaincus qu’ensemble on pourra aller plus loin».
Notes
*J-CAP, le Programme conjoint sur les marchés financiers du Groupe de la Banque Mondiale, est un programme global visant à développer les marchés des capitaux locaux. Nouvelle initiative phare, le J-CAP a été créé en 2017 pour renforcer les marchés financiers nationaux – et, dans le cas de l’UEMOA, les marchés régionaux – et ainsi de répondre à la demande de financement d’investissements à long terme et en monnaie nationale en faveur de l’économie réelle. Et ce particulièrement pour les secteurs prioritaires au développement des économies de l’UEMOA tels que l’agriculture, l’industrie, les infrastructures et le logement. Le secrétariat du J-CAP a sélectionné l’UEMOA parmi ses neuf pays/régions prioritaires.