Par François Lamontagne
Espérant son acquittement par la CPI, Laurent Gbagbo vient de sortir un nouveau livre sur les événements qui l’ont conduit en prison. Pendant ce tempsl, la Côte d’Ivoire se reconstruit économiquement et poursuit sa réconciliation.
Tout va bien pour Laurent Gbagbo. L’ancien président de Côte d’Ivoire, jugé depuis 2011 devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour « crime contre l’humanité », s’apprête en effet à passer les fêtes de fin d’année…en famille. Pour la première fois depuis son incarcération, Laurent Gbagbo sera autorisé à passer le réveillon de Noël en compagnie de son fils, Michel, qui devrait arriver d’Abidjan le 19 décembre. Les deux hommes ne s’étaient pas revus depuis sept ans, à l’exception d’une première entrevue en septembre dernier.
Un nouveau livre de confidences
L’ex-président pourra sans doute profiter de l’occasion pour offrir à son fils un cadeau de choix : son nouveau livre, qui est sorti le 13 décembre. Intitulé « Libre. Pour la vérité et la justice » (éd. Max Milo, 308 p.), l’ouvrage fait suite à un premier essai, paru en 2014 sous le titre « Laurent Gbagbo et François Mattei pour la vérité et la justice. Côte d’Ivoire, révélations sur un scandale français ». Un précédent volet dans lequel l’ancien chef d’Etat se posait déjà en martyr, réglant ses comptes avec la Françafrique.
Selon les informations dévoilées par Jeune Afrique, le journaliste François Mattei s’est rendu plus de vingt fois à la prison de la CPI depuis 2012 afin de recueillir les confidences de Laurent Gbagbo « autour d’un goûter ». Comme le précédent, ce nouvel opus accorde une large place aux épisodes marquants de l’histoire ivoirienne depuis 2000, de l’ascension au pouvoir de Laurent Gbagbo jusqu’à sa chute, en 2011, sans oublier son procès à la Haye.
Un procès fleuve, qui s’est terminé cet automne par les plaidoiries des avocats de l’ancien président, demandant l’acquittement pur et simple de leur client au motif que la CPI n’aurait pas réussi à réunir suffisamment de preuves incriminant Laurent Gbagbo dans les violences post-électorales de 2011. Et, de fait, l’ancien président affiche sa confiance quant à l’issue heureuse de son procès, ses avocats ayant même récemment demandé à ce qu’il soit libéré de manière anticipée. Une demande rejetée par la juge de la CPI Olga Herrera.
Enfin réconciliée, la Côte d’Ivoire se relève
Car si les preuves avancées par l’accusation sont jugées « insuffisantes », le rôle de Laurent Gbagbo lors des violences ayant émaillé la crise post-électorale de 2011 est connu. Le 28 novembre 2010, Alassane Ouattara remporte en effet le scrutin du second tour de l’élection présidentielle avec 54,1 % contre 45,9 % pour Laurent Gbagbo. Un résultat validé par la communauté internationale, mais refusé par le président en place, qui recrute et arme miliciens et mercenaires dans le but de faire régner la terreur sur le pays.
Pour l’accusation, Laurent Gbagbo aurait mis en œuvre un plan destiné à le maintenir au pouvoir par tous les moyens, retournant les structures de l’Etat contre ses opposants. Ainsi du 3 mars 2011, quand les chars de l’ancien président bombardent le marché des femmes d’Abobo, considérées comme des « partisanes » d’Alassane Ouattara, faisant sept morts. Selon les Nations Unies, les violences post-électorales en Côte d’Ivoire, de fin 2010 à début 2011, avaient fait plus de 3 000 morts.
Depuis 2011, la paix est revenue en Côte d’Ivoire. Le président Alassane Ouattara s’attache à reconstruire un pays laminé par des années de crise, la Côte d’Ivoire affichant une insolente croissance économique et visant l’émergence à l’horizon 2020. Les autorités travaillent également à la réconciliation nationale. S’il venait à être libéré, Laurent Gbagbo marcherait en effet dans les pas de son épouse, Simone Gbagbo, initialement condamnée à vingt ans de prison.
Bénéficiant d’une amnistie du président Ouattara, celle que ses compatriotes surnomment la « Dame de fer » de Côte d’Ivoire a été libérée en août dernier, au terme de sept ans de détention. Le verdict du procès de Laurent Gbagbo et de son ancien ministre Charles Blé Goudé devrait quant à lui intervenir au cours des premières semaines de l’année 2019.