Pour cette troisième édition du classement des meilleurs ministres africains des finances, nous avons simplifié les critères, ramenés à 2 : La croissance du PIB (10 points, soit 1 point par point de croissance) et la capacité de mobilisation des ressources ainsi que la qualité du leadership (10 points) constituent les deux paramètres de différenciation.
Ce dernier volet (le leadership), beaucoup plus difficile à mesurer, a trait à la capacité du ministre à défendre sa vision, au caractère innovant de sa démarche et à l’impact social potentiel en termes de création d’emplois et de résorption de chômage. Voici les résultats obtenus.
Un contexte favorable aux pays non pétroliers
En 2018, les économies africaines ont bénéficié du rebond des matières premières. Après une période 2016- 2017 marquée par un tassement sévère, l’optimisme est de retour. La Banque mondiale annonce 3,1% de croissance pour l’année en cours et 3,6% en 2019.
Les pays non pétroliers sont les plus prometteurs à l’instar de l’Ethiopie, qui réalise la plus forte croissance du continent, loin cependant de son objectif de 11% déclaré au début de l’exercice budgétaire. La puissance économique des plateaux a procédé à un changement du ministre de Finances en octobre dernier afin de mieux capter les investissements directs étrangers pour financer une capacité énergétique déficitaire, rattrapée par des années d’expansion continue.
La capacité à mobiliser des ressources
Le nouveau ministre éthiopien des Finances, anciennement ministre des Transports, est un fin connaisseur des rouages de l’économie éthiopienne. En termes de leadership, Ahmed Shide ainsi que la plupart de ses homologues figurant dans ce classement sont notés 5. Le seul pays à avoir obtenu une note de 8 /10 est le Bénin. Alors que la norme est partout au recours des eurobonds à des conditions souvent élevées (un taux de 6 à 7% en moyenne), Romuald Wadagni du Bénin a innové et repoussé les limites du possible grâce à l’ingénierie financière.
En utilisant les fonds IDA de la Banque Mondiale en garantie, il a pu mobiliser 260 millions d’euros sur le marché à des coûts exceptionnellement bas. Le ministre béninois innove en ouvrant une alternative appelée à s’amplifier.
Les cinq économies qui sont ainsi sélectionnées sur une liste de 54 pays, en combinant les différents ratios de croissance, de mobilisation des ressources et de leadership dans l’amélioration de l’environnement des affaires et l’inclusion économique et financière, sont toutes en forte croissance. Leurs défis sont cependant les mêmes, liés d’une part à la surveillance d’un endettement préoccupant, non au niveau du ratio dette/PIB qui reste, en zone UEMOA, loin du plafond communautaire de 70% mais surtout en termes de charges de la dette rapportées au budget.
Le Ghana a ainsi ramené sa dette de 73,1% en 2016 à 57,2% du PIB. L’ancienne Gold Coast qui a failli sombrer avec des intérêts de la dette qui absorbaient jusqu’à 45% des recettes fiscales et 6% du PIB de 2016, est revenu dans la rationalité économique, soutenu par un programme d’un milliard d’euros du FMI. L’objectif du ministre des Finances est de poursuivre les réformes pour consolider les équilibres macroéconomiques et faire en sorte que le Ghana n’ait plus besoin du soutient du FMI à l’avenir.
La question de la dette, donnée essentielle sur la trajectoire de l’émergence, est inévitable. La démarche originale du ministre béninois des Finances, en poste depuis le 7 avril 2016, trouve sa justification dans la mobilisation des financements aux meilleures conditions. Le diplômé de Harvard Business School, ancien de Deloitte France, insuffle de nouveaux procédés dans des administrations financières souvent conservatrices.
La question de la dette, donnée essentielle sur la trajectoire de l’émergence…
En plus de l’offensive sur le marché des capitaux, le ministre, issu du secteur privé, a initié des réformes courageuses en s’attaquant à la gestion de la masse salariale, à la restructuration des dettes contractées par l’ancien régime et à l’assainissement des finances publiques. La croissance attendue de 5,6% en 2018 et 7,6% en 2019 ne sera pas de trop dans la recherche de cet objectif qui passe aussi par ramener le déficit budgétaire (3,7% en 2018) sous la barre des 3%.
Par ailleurs, la question de l’endettement renvoie, tant pour le Ghana que pour les autres membres du top 5, à la mise en place de mécanismes incitatifs et efficaces pour la mobilisation des ressources domestiques. Les réserves des compagnies d’assurances, des caisses de prévoyance et retraite ainsi que les avoirs des caisses de dépôts et de consignation pourraient jouer un rôle efficace dans l’animation du marché financier.
Le ministre Ken Ofori –Attah du Ghana , un ancien banquier attendu au tournant…
Titulaire d’un Bechelor of Arts in Economics de la Columbia University et d’un MBA de Yale, le ministre Ken Ofori –Attah du Ghana , un ancien banquier, est attendu au tournant. Tout près du Ghana, la Côte d’Ivoire, en programme triennal avec le FMI, continue de battre des records de croissance. En dépit des difficultés conjoncturelles du secteur et des inquiétudes du marché financier par rapport à la filière cacao, le pays poursuit un trend positif. Le taux de croissance de 7,8% enregistré en 2017 a démontré la capacité de résilience du pays. La Côte d’Ivoire compte une faible capacité d’endettement de 42,7% du PIB/.
Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sur des trend élevés
En poste depuis le 12 janvier 2016, l’ex-patron du Trésor ivoirien, est diplômé du Cycle Supérieur de l’Ecole Nationale d’Administration de Côte d’Ivoire (option Trésor), titulaire d’un Master of Business Administration (MBA), option : Finances et Comptabilité obtenu à Adelphy University (New York), d’une licence en Sciences Economiques délivrée par l’Université d’Abidjan et du Baccalauréat série G2 obtenu au Lycée Technique d’Abidjan.
Le Sénégal reste lui aussi sur un trend élevé. Le pays qui cumule une croissance cumulée de 6% depuis 2014 est confronté à une tension passagère sur le budget. La nouvelle stratégie pays (2019-2023) en cours de lancement devrait consolider les acquis en matière de croissance et de développement économique social. La question de la dette reste prégnante. Titulaire d’une maîtrise es Sciences économiques suivi d’un cycle de perfectionnement à l’institut international d’Administration Publique de Paris et Baltimore, Amadou Bâ est le Fruit de la méritocratie au sein de l’administration fiscale sénégalaise. Le ministre qui fut directeur général des Impôts et domaines, est en poste depuis le septembre 2013. Des cinq grands argentiers répertoriés dans ce classement, il est le plus ancien au poste.
Le classement
La forte croissance du PIB, indicateur roi des appréciations macroéconomiques de la santé d’un pays, est croisée à un critère qualitatif, à savoir le leadership. C’est à dire à la capacité d’innover dans la mobilisation des ressources du développement et la rationalisation des dépenses publiques.
Croissance du PIB
Ethiopie 7,7%
Côte d’Ivoire 7,2%
Sénégal 6,9%
Bénin 6,8%
Ghana 5,6%
Leadership
Bénin 8 points
Côte d’Ivoire 5 points
Ghana 5 points
Ethiopie 5 points
Sénégal 5 points
Classement
Bénin 14,8
Ethiopie 12,7
Côte d’Ivoire 12,2
Sénégal : 11,9
Ghana 10,6
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