Au Ghana, le secteur bancaire continue sa mue avec son lot de mécontents dont Heritage Bank. Son ex-conseil d’administration, dans une déclaration fleuve envoyée aux médias locaux ce mardi, ne digère pas « la révocation brutale de sa licence, en violation des dispositions légales ».
Pour annoncer sa décision, le gouverneur de Bank of Ghana, Ernest Adisson, avait émis plusieurs raisons détaillées lors d’une conférence tenue vendredi 4 janvier à Accra : des soupçons concernant l’origine du capital de la banque et les questions qui s’y rapportent, notamment les relations avec Cocobod qui fait actuellement l’objet de poursuites pénales, des problèmes liés à l’actionnariat de la banque et à la non-divulgation présumée d’actionnaires véritables, etc.
« Nous aurions préféré ne pas engager de débat public sur ces questions avec la Banque centrale afin de ne pas assombrir davantage le nuage qui plane sur les réformes en cours du secteur bancaire », indique le conseil d’administration. Cependant, poursuit-il, « nous avons un devoir envers nous-mêmes, nos chers clients et notre personnel dévoué, qui, malgré de nombreux défis, est resté attaché à la vision de la banque jusqu’au bout, ainsi qu’au grand public, qui a observé avec ferveur les développements dans le secteur bancaire, afin de clarifier certaines affirmations dans le communiqué de presse de la Banque du Ghana qui sont soit des faussetés complètes, soit inexactes ».
Ainsi, au sujet de la source douteuse de capital, Heritage Bank la banque trouve « étrange » que la banque centrale « conteste maintenant l’existence d’un contrat entre le principal actionnaire HBL et COCOBOD, lorsque la banque (BoG), dans le cadre de son devoir de diligence préalable à l’octroi de la licence bancaire provisoire de HBL, avait demandé et reçu confirmation de l’existence des accords contractuels entre Cocobod et ledit actionnaire ».
Selon la déclaration, la banque n’a jamais reçu, et le conseil d’administration n’a connaissance d’aucune ordonnance de la Haute Cour concernant la divulgation de renseignements relatifs à tout contrat impliquant Seidu Agongo. « En effet, nous entendons parler de cette question pour la première fois par le biais de la conférence de presse du gouverneur. En tout état de cause, nous ne pouvons pas comprendre pourquoi la Haute Cour ordonnerait à Heritage Bank de divulguer des informations relatives à un contrat dont elle n’est ni une partie ni le dépositaire ».
Par ailleurs, la banque s’étonne que l’institut d’émission prétende ne pas savoir que M. Agongo est actionnaire de Sarago Limited. « La structure de l’actionnariat de Sarago Limited est une affaire publique puisque c’est une société inscrite au service du registraire général. Plus important encore, la Banque centrale, dans sa propre licence provisoire auprès de Heritage Bank, avait pour condition que la concentration de la participation de HBL dans Sarago Limited soit diluée dans les trois ans suivant le début des opérations. L’association de M. Agongo avec Sarago Limited était donc connue de la banque centrale au moment de l’octroi de la licence ».
Au sujet de la déclaration selon laquelle l’actionnaire important n’était pas en forme et convenable : « nous ne savons pas comment la Banque centrale est parvenue à cette conclusion, mais il est évidemment préférable que cet actionnaire traite cette question de la manière qu’il jugera appropriée. Il suffit de dire que ni la banque, ni ses administrateurs ni ses actionnaires ne se sont vu accorder par la Banque centrale le délai de préavis prévu par la loi, pour avoir répondu aux allégations formulées avant la révocation brutale de sa licence, en violation des dispositions de la même loi en vertu de laquelle la licence a été révoquée ».
Et le conseil d’administration d’annoncer avoir échangé à plusieurs reprises avec la banque centrale en vue de satisfaire aux exigences de fonds propres. Mais le régulateur n’a « à aucun moment soulevé les questions soulevées pour justifier la révocation de la licence de la banque ».
En effet, rappelle-t-il, pas plus tard que le 24 décembre 2018, la Banque centrale avait donné à Heritage Bank l’autorisation de l’investisseur potentiel qui avait apporté la preuve des fonds nécessaires au transfert de l’argent. « Nous avions examiné et demandé à être pris en considération dans le cadre du programme de fusion et avions reçu des signaux positifs. Nous étions littéralement en conversation avec notre investisseur éventuel lorsque la banque a pris sa décision vers 12 heures lors d’une réunion, et remis à 14h, la notification révoquant le permis de la banque ».
Dans sa déclaration, Heritage Bank qui indique n’avoir jamais reçu de liquidités de la part de la Bank of Ghana condamne « une grave injustice et un terrible précédent qui ne présage rien de bon pour l’avenir ».