Par Cédric T.
Dans un rapport publié lundi 7 janvier, la Cour des comptes du Maroc a relevé des dysfonctionnements à la Caisse de dépôts et de gestion, le bras financier de l’État. L’organe souffrirait d’une « gestion hasardeuse », selon les magistrats de Driss Jettou.
Il s’agit, en effet, d’un rapport rendu public à la suite d’une mission effectuée à la Caisse de dépôts et de gestion. « La mission avait pour objectif d’apprécier les aspects institutionnels et de gouvernance, le pilotage stratégique, la mobilisation et l’investissement des ressources ainsi que la politique de filialisation », souligne le rapport.
Il relève, entre autres, l’absence d’un conseil d’administration dûment constitué et siégeant en véritable organe de décision, d’administration et de contrôle du groupe. Ce qui, d’après le document, concentre les pouvoirs de gestion très étendus, allant de l’investissement à la création de nouvelles filiales ou activités en passant par les recrutements et les nominations, aux seules mains du directeur général.
« Cette concentration de pouvoirs entre les mains d’une seule personne n’est pas en adéquation avec les règles de bonne gouvernance universellement admises. Elle ne favorise pas l’instauration d’une maîtrise des risques, indispensable à la sécurisation des ressources confiées à l’établissement », indique le rapport de 97 pages.
Par ailleurs, ses rédacteurs soulignent des défaillances dans la stratégie d’investissement de l’organe.
En effet, 90% des investissements additionnels engagés, entre 2006 et 2017, soit environ 26,8 milliards de dirhams, ont été concentrés sur huit participations et filiales dont l’encours est passé de 6 milliards de dirhams à 32,7 milliards de dirhams. La Cours des Comptes lui reproche ainsi d’avoir concentré l’essentiel de ses engagements sur un nombre réduit de participations, manquant à la règle d’une répartition équilibrée des risques.
La Cour de Driss Jettou a aussi relevé le fait que certaines entreprises du portefeuille de participation n’ont jamais payé de dividende. Et de souligner, par ailleurs, que les investissements de la Caisse ont connu une baisse de rentabilité, avant de déplorer l’absence d’une stratégie de redressement.
A la suite de son rapport, elle a formulé des recommandations, tant au niveau des règles de gouvernance que par rapport aux objectifs de gestion de la structure.