Par Rodrigue Fénelon Massala
Après les mercenaires imaginaires du procès du Général Jean Marie Michel Mokoko, le dossier de l’accusation contre le candidat à l’élection présidentielle du 20 mars 2016, André Okombi Salissa fait mention de plusieurs hautes personnalités gabonaises dont le président Ali Bongo Ondimba. Ces personnalités, selon le dossier, seraient complices de l’atteinte à la sûreté de l’Etat congolais.
Le procès qui s’est ouvert ce jeudi 17 janvier a été renvoyé au 31 janvier 2019 à la demande du parquet qui n’était pas prêt. Élément troublant dans le dossier d’accusation, nous sommes tombés sur l’acte d’accusation non encore notifié aux avocats de la défense : il ressort dans les Motifs, le nom du président gabonais cité comme témoin de cette affaire.
En effet, selon nos sources, Brazzaville accuse Libreville d’avoir soutenu financièrement l’opposant André Okombi Salissa. Une accusation qui va sans aucun doute soulever les émules entre les deux pays. On se souvient encore qu’en mai 2016, la police congolaise avait violé l’immunité diplomatique de l’ambassadeur du Gabon en menant une perquisition dans sa suite dans un hôtel de la place où il avait élu résidence. Déjà à l’époque, Brazzaville suspectait le Gabon de servir de refuge à ses opposants Mokoko et Okombi.
Le procès Okombi vient de nouveau de compliquer les relations déjà tendues entre les deux régimes depuis le décès d’Omar Bongo.
Il est utile de rappeler qu’en dépit de la décision en 2018 du groupe d’expert de l’ONU sur la détention arbitraire reconnaissant le caractère arbitraire de la détention et exigeant la libération immédiate ainsi que l’indemnisation de l’opposant André OKombi Salissa, le parquet de Brazzaville s’est résolu de le juger ce 17 janvier 2018. Toutefois, devant le vide du dossier, la séance a été renvoyée au 31 janvier 2019 car « le parquet n’est pas prêt pour des raisons d’état » selon l’accusation.
C’est pourquoi, en application de l’article 245 du Code de Procédure Pénale, les conseils de l’opposant politique André Okombi Salissa ont notifié le parquet par courrier les noms des personnes dont l’audition est nécessaire, puisque citées dans le dossier d’accusation. Il s’agit de : son excellence le Président Ali Ben Bongo Ondimba et Monsieur Okieri Pamphile Mesmin, commandant des services de sécurité extérieures à la Présidence Gabon.
Il était de notoriété publique que le courant ne passait plus depuis un moment entre Franceville et Oyo. Cette citation du Gabon dans un deuxième dossier pour atteinte à la sûreté de l’État va envenimer une situation déjà précaire à la frontière congolo-gabonaise.
Il est à craindre comme à Yumbi en RDC que des troubles communautaires frontaliers n’éclatent entre le Congo et le Gabon à cause des visées hégémoniques du Président Denis Sassou Nguesso qui n’a jamais digéré que la présidence gabonaise ne soit plus sous son influence suite au décès de sa fille Edith Lucie et de son gendre le Président El Hadj Omar Bongo Odimba.
Pour désamorcer cette escalade politico-judiciaire dont les répercussions diplomatiques et sécuritaires seront extrêmement dommageables pour les populations frontalières des deux pays, Guy Mafimba, représentant personnel d’André Okombi appelle la justice congolaise, au titre des traités internationaux signés par la République, à démontrer son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif en suivant l’avis du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire; c’est-à-dire en libérant Monsieur Okombi immédiatement.