Les tigres et les dragons de l’Asie ont nourri la littérature économique et financière de l’Afrique de ces dernières années. La comparaison de la courbe d’évolution de ces puissances nouvelles (Corée du Sud, Malaisie, Singapour, etc.) avec l’Afrique prête à diverses interprétations. Indépendant de la Malaisie en 1965, le Singapour, deuxième place financière d’Asie après le Japon, a atteint un taux de croissance économique de 15,24 % en 2010. Il dispose d’une économie prospère et moderne, caractérisée par un environnement ouvert et exempt de corruption. L’archipel de 720 km2 a su transformer complètement son économie en seulement trois décennies. En 1965, le PIB par habitant y était de 516 USD, ce qui en faisait l’une des nations les plus pauvres au monde. Trente années plus tard, il s’élevait déjà à 24 937 USD selon Performances Group. Pendant ce temps, l’Afrique subsaharienne stagnait sur des moyennes de 1 500 USD.
En 2015, le PIB par habitant de Singapour avait fait un nouveau bond de 55 000 USD, soit une multiplication par 100+ en 50 ans, ce qui en fait l’un des pays les plus prospères au monde aujourd’hui. Pendant ce temps, le miracle ivoirien s’est estompé. Sur les dix dernières années, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Rwanda, ont réalisé des bonds de géant sans toutefois atteindre ce point de rupture où la croissance quantitative, issue de l’accumulation des richesses provenant de la rente (cacao) ou des investissements massifs dans les infrastructures, devient qualitative.
La transformation économique et sociale est visible à Singapour, un pays de 6 millions d’habitants, au diapason de l’économie mondiale : le pays dispose de la « Meilleure compagnie aérienne au monde ». De même, son port, PSA Singapore, est le second en volume pour le transport maritime de containers, tout juste derrière Shangai.
En 2015, le PIB par habitant de Singapour avait fait un nouveau bond de 55 000 USD, soit une multiplication
par 100+ en 50 ans, ce qui en fait l’un des pays les plus prospères au monde aujourd’hui. Pendant ce temps, le miracle ivoirien s’est estompé.
Singapour est 13e dans le classement des pays les plus compétitifs au monde en matière de tourisme et de voyages. Et c’est l’une des toutes premières places financières du monde. Autre phénomène étonnant à l’actif de ce pays, le fait de compter 15 à 20 entreprises dans le Top-2000 des plus grosses valorisations boursières au monde. Singapour, faut-il le signaler, a fondé son émergence sur une ambition collective forte résolument ancrée dans le pragmatisme. D’abord, le pays n’a pas hésité à ouvrir son économie pour accueillir les capitaux, les technologies et les travailleurs étrangers. La productivité intra-sectorielle des moteurs de croissance est montée rapidement par ce biais et le pays s’est ouvert dans le même temps un accès durable aux marchés exports. Il présente à ce jour en moyenne un ratio annuel Commerce International/PIB de l’ordre de 400% (en valeur), le plus élevé au monde. L’on note ensuite l’investissement massif dans l’éducation, compensant la faible dotation de Singapour en ressources naturelles. L’humain est la plus grande richesse d’un pays, dit-on.
Mais de tels résultats ne seraient jamais possibles sans la rationalité dans les dépenses et les politiques publiques, troisième point de l’émergence du pays. Ainsi, Singapour a résolu l’équation paradoxale qui se présentait à lui en ces termes : comment faire d’un minuscule pays sans ressources naturelles une nation prospère enviée dans le monde, en tirant avantage … de ses faiblesses ? Cette même interrogation devra faire les choux gras des assises entre les dirigeants du continent africain réunis à Dakar du 17 au 19 janvier 2018. A leur adresse, l’on peut dire qu’un pays pauvre avec des ressources limitées ne peut combler son retard sur les pays avancés si ses ressources sont détournées de l’objectif de croissance économique et d’élévation du niveau de vie.