La Cour constitutionnelle a proclamé Félix Tshisekedi, 55 ans, président de la RDC. La plus haute instance congolaise a rejeté le recours de l’opposant Martin Fayulu, arrivé deuxième selon les résultats officiels, au motif que ledit recours n’était pas fondé. Les 9 juges ont qualifié d' »absurde et d’imprécise » la demande de Fayulu de recomptage des voix.
La proclamation qui consacre la première transmission pacifique du pouvoir dans ce pays-continent intervient moins de 24 heures après l’arrivée attendue d’une délégation de l’Union Africaine conduite par Paul Kagamé, président en exercice de l’organisation et Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’Union Africaine. La troïka qui comprend aussi le sud-africain Cyril Ramaphosa (aux positions plus proches de Kinshasa, dit-on), arrive lundi à Kinshasa soit 24 heures avant la prestation de serment, prévue mardi, du président élu.
Jeudi dernier, l’instance africaine qui évoquait des « doutes sérieux sur les résultats provisoires » avait enjoint Kinshasa de suspendre la proclamation des résultats définitifs. En ignorant cette injonction qualifiée d’ingérence, une première dans les annales de l’Union Africaine, la RDC complique la tâche à une initiative contestée par quelques poids lourds de la SADC (Communauté économique de l’Afrique Australe) et souffrant des incohérences dans son modus operandi. En effet, faut-il le rappeler, la réunion d’Addis Abeba était une invitation du président Kagamé, président en exercice de l’organisation, et non une réunion statuaire de l’UA.
Peu après la proclamation des résultats, l’opposant débouté, Martin Fayulu, a appelé la communauté internationale à «ne pas reconnaître un pouvoir qui n’a ni légitimité ni qualité légale», se proclamant «le seul président légitime». M. Fayulu dénonce un «putsch électoral» du président sortant avec la «complicité» de M. Tshisekedi et revendique la victoire avec 61% des voix.
Une cohabitation inédite
L’opposant bénéficie du soutient de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO) et des fuites organisées et relayées par la presse internationale lui créditant de 60% des voix. Selon les résultats officiels publiés le 10 janvier dernier, Félix Tshisekedi est vainqueur du scrutin à un tour avec 38,5% des voix, devant Martin Fayulu (34,8%) et le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary (23%).
Fis de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février 2017 à Bruxelles, Félix devrait se faire vite un prénom dans une conjoncture continentale et régionale complexe et une cohabitation (le parti au pouvoir a obtenu la majorité des sièges du parlement) inédite.