Par Amath Ndiaye, Maître de Conférence, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Le débat sur le CFA suscite beaucoup de passions, parce qu’il nous renvoie à notre passé colonial. Cette monnaie d’origine coloniale fait partie de cet héritage multidimensionnel qui nous lie à la France. Nous ne pouvons et ne devons pas tout rejeter de l’héritage colonial car ce qui importe, c’est de rester libre d’en prendre ce qui y est bon pour nous en faisant le choix de la raison et non du cœur. Notre dignité est certes malmenée sur les continents et les mers à cause de nos souffrances économiques et de la violence qui nous dévorent mais surtout à cause de notre incapacité à prendre notre destin en main. Oui, nous avons besoin d’un sursaut d’orgueil, de laisser parler le cœur mais gardons toujours la sérénité nécessaire pour penser avec la raison.
Certains pensent que le CFA de 1945, créé pour renforcer l’exploitation économique des colonies d’Afrique perpétue la servitude monétaire de l’Afrique francophone. D’autres pensent que le CFA de 1945 n’est pas le même que celui d’aujourd’hui. Qu’en est-il réellement ?
Les Réformes Institutionnelles et l’Africanisation des Banques Centrales des Etats de l’Afrique Centrale et de l’Ouest
Créé en 1945, le franc CFA signifiait alors « franc des colonies françaises d’Afrique ». Après les indépendances, il fut rebaptisé « franc de la communauté financière d’Afrique».
Aux premières années de l’indépendance, le dispositif institutionnel mis en place permettait de perpétuer l’exploitation économique coloniale. En effet, la France détenait la moitié des sièges à la Banque centrale des Etats de l’Afrique équatoriale et du Cameroun (B.C.E.A.E.C.), à Madagascar et depuis 1967 au Mali, un tiers à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (B.C.E.A.O.), mais dans ce dernier cas certaines décisions devaient être prises à une majorité qualifiée impliquant en fait l’accord de la France. Par ailleurs, pour maintenir son monopole commercial sur les pays de la zone franc, le dispositif s’accompagnait initialement (avant la signature de la convention de Yaoundé) d’un régime de préférences commerciales. Les importations en provenance de l’extérieur de la zone franc étaient contingentées, cependant que la France garantissait l’écoulement de certains produits africains à des prix stables. (1).
Bien qu’il y ait les accords de Yaoundé puis de Lomé pour maintenir le monopole commercial de l’Europe Occidentale sur leurs ex colonies, les partenaires commerciaux des pays de la zone franc vont se diversifier. Et les Etats africains de la zone franc vont exprimer un besoin de plus d’indépendance dans le cadre de cette coopération monétaire. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la révision des accords signés lors des indépendances. Elle procède essentiellement d’un souhait des États africains de la Zone franc d’accroître leurs responsabilités dans le domaine économique et financier. Ce souhait s’est traduit notamment par :• une réforme de la gouvernance des institutions d’émission avec notamment par l’adoption de nouveaux statuts pour les banques centrales africaines ;• une africanisation du personnel et la mise en œuvre d’une politique de formation et de promotion des futurs cadres des instituts d’émission ;• le transfert des sièges des deux banques centrales (alors à Paris) en Afrique : à Yaoundé, au Cameroun, en 1977 pour la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et à Dakar au Sénégal en 1978 pour la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
A ces dispositions s’ajoute une africanisation de la direction : depuis l’adoption des nouveaux statuts de la B.E.A.C., le président du conseil d’administration est devenu africain alors que son prédécesseur, de façon anachronique, était français ; à la B.C.E.A.O., où le président était antérieurement africain, les fonctions de président et de directeur général ont été réunies en celle de gouverneur, lequel doit être un ressortissant des Etats de l’Union.
En réalité, même si la France continue d’avoir des relations économiques privilégiées avec les pays de la zone franc, les faits économiques démontrent que l’Afrique francophone, en tout cas, en ce qui concerne l’économie, n’est plus la chasse gardée de la France. (2) Au début des années 2000, les exportations françaises représentaient un peu plus de 26% des importations dans les pays d’Afrique francophone, avec même près de la moitié des parts de marché au Gabon ou en République centrafricaine. En 2017, les parts de marché de la France n’étaient plus que de 12 %. Cette chute est généralisée : elles ont diminué dans tous les pays d’Afrique francophone sans exception entre 2001 et 2016. Autrement dit le CFA, bizarrement au lieu de faire de l’Afrique francophone un monopole de la France, a permis une diversification des partenaires commerciaux de l’Afrique francophone avec la montée en puissance de la Chine, de l’Inde ,de la Turquie et du Maroc, pour ne citer que ceux-là. A ce sujet, lire l’article de Madiambal Diagne, « Attention aux clichés sur les intérêts français au Sénégal », qui met en relief la montée en force des concurrents de la France au Sénégal. (3).
Les Performances Economiques des Pays de la Zone Franc
En 2018, deux pays de la zone CFA, font partie des 8 pays à la plus forte croissance économique dans le monde. Il s’agit de la Côte d’ivoire et du Sénégal avec respectivement 6,9% et 7,2% de taux de croissance.
Au classement des pays africains selon le produit intérieur brut par tête ou revenu par tête, deux pays de la zone CFA sont parmi les quatre premiers : Guinée Equatoriale (1ere) et Gabon (4 eme), Nigéria (17 eme), Ghana (18eme).
Les pays africains de la zone franc sont connus pour être les champions de la lutte contre l’inflation en Afrique. Ils ontenregistré les taux d’inflation les plus bas du continent, largement en deçà des critères de convergence de l’UEMOA : Sénégal 1.3% (2017), Côte d’ivoire 1,2% (2017) en contraste avec le Ghana 10% (2017) et le Nigéria 11,4% (2018). Il faut noter que les taux d’inflation relativement élevés enregistrés par le Nigéria et le Ghana sont en grande partie liés à la dépréciation de leurs monnaies qui, via l’augmentation des prix des importations, alimente l’inflation.
En outre, c’est la faiblesse de l’inflation dans les pays de la zone CFA qui à son tour explique pourquoi les taux d’intérêt y sont plus bas. Ainsi, les taux d’intérêt directeurs de la BCEAO et de la BEAC, émettrices du Franc CFA, fixés respectivement à 2,5% depuis septembre 2013 et à 2,45% depuis juillet 2015, sont les plus bas taux historiques de ces deux banques centrales et parmi les moins élevés pratiqués actuellement par une banque centrale en Afrique. Seule la Banque Centrale du Maroc a, depuis mars 2016, un taux plus bas que ceux de la BCEAO et de la BEAC, soit 2,25%. Au Nigeria et au Ghana, les taux directeurs de la banque centrale sont respectivement fixés à 14% et 26% à fin août 2016. Dans les pays émergents dits BRICS, les taux directeurs sont également nettement plus élevés que ceux de la BCEAO et de la BEAC, soit 14,25% au Brésil, 10,5% en Russie, 6,50% en Inde, 4,35% en Chine et 7% en Afrique du Sud. (4)
Aujourd’hui, les taux directeurs des banques centrales sont : pour le Sénégal et la Côte d’ivoire 4,5%, le Nigéria 14% et le Ghana 16%. Cela veut dire que le régime de change fixe des pays de la zone franc, en plus de la stabilité du taux de change, offre des taux d’intérêt plus favorables à l’investissement.
Ceux qui disent que le CFA est un frein au développement parce qu’il ne permet pas de satisfaire les besoins de financement des économies de la zone Franc parlent sans regarder les données macroéconomiques. Pour faire la comparaison internationale des performances des institutions financières dans le financement de l’économie, l’indicateur utilisé est le ratio du crédit domestique au secteur privé. Plus ce ratio est élevé, plus est important le financement reçu par le secteur privé en provenance des banques. Avec les données de 2017 de la Banque Mondiale, en république de Guinée, le ratio du crédit bancaire rapporté au PIB est de 10,0% ; il est de 14,2au Nigéria et 13,8 au Ghana. En contraste, il est beaucoup plus élevé dans les pays de l’UEMOA avec 26,5% en Côte d’ivoire, 29,4 % au Sénégal et 39,6 au Togo (5)
Le Compte d’opérations et la gestion des réserves
Le mécanisme de centralisation des réserves de change était, en 1945 à l’époque des régimes de change fixe, une façon de faire contribuer les Etats de zone CFA à la constitution du fonds de réserves indispensables aux interventions fréquentes sur le marché des changes. Aujourd’hui, les Etats de la zone CFA sont tenus de déposer 50% de leurs avoirs extérieurs dans un compte tenu par le Trésor Public français et en contrepartie, la France leur accorde une convertibilité illimitée du franc CFA.
Aujourd’hui, c’est le compte d’opérations qui focalise le plus d’incompréhension de la part des pourfendeurs du CFA. La première précision que nous tenons à faire, c’est de dire, à l’endroit de l’opinion publique africaine, que les réserves versées dans ce compte ne constituent pas des paiements faits à la France, qu’elles appartiennent à la BCEAO et à la BEAC,qu’elles produisent des intérêts pour ces dernières et qu’elles peuvent en disposer à tout moment pour faire des règlements en devises . Les réserves versées par ces Etats, pour obtenir la garantie de convertibilité du CFA, sont comme le salaire que l’on domicilie dans sa banque pour garantir un crédit. Le salaire n’appartient pas à la banque mais bien au titulaire du compte qui, du reste, peut en disposer à tout moment.
D’après les détracteurs du CFA, les réserves du compte d’opérations sont des ressources financières dont se privent les économies de la zone ; et qu’elles pourraient investir pour financer leur croissance. L’économiste Malamine Mohamed a bien rétorqué que : « Les réserves de change détenues par la BCEAO et la BEAC ont en réalité déjà été injectées dans les économies de la zone en équivalent franc CFA ». (4).En effet, ces réserves font partie de ce qu’on appelle les contreparties de la masse monétaire c’est-à-dire les actifs qui permettent à la banque centrale de créer de la monnaie. C’est parce que ces réserves en devises étrangères ne peuvent pas circuler dans l’économie que les banques centrales les échangent contre de la monnaie CFA. Penser à les utiliser pour financer les économies, c’est faire preuve d’une totale ignorance du b.a.-ba de l’économie monétaire.
Un post de blog, publié le 25 janvier 2019 sur le Club de Mediapart et qui a fait le tour des réseaux sociaux, accuse la France « de piller chaque année 440 milliards d’euros aux Africains à travers le Franc CFA ». Des déclarations de de ce type sont insensées et alimentent la haine contre le CFA et laFrance. Comment la France peut se faire payer 440 milliards d’euros chaque année par les pays africains de la zone CFA, alors que la richesse produite par ces 14 pays en une année (PIB 2016) ne fait que 165 milliards d’euros ?
A ceux qui croient que la France se nourrit ou ne survit que grâce aux réserves de change africaines, voici les chiffres. Total réserves de la France au 31 Décembre 2018= 100 168Milliards CFA. Total réserves pays Africains de la zone CFA au 31 Décembre 2018=10976 Milliards CFA. Conclusion : les réserves des pays africains de la zone CFA équivalent à 11%des réserves françaises. Le Budget de la France 2018 fait 216 400 milliards CFA donc les réserves des pays CFA équivalent à 5% du budget de la France. (6)
Finalement dans la rhétorique anti CFA, l’on se rend compte qu’il y a beaucoup d’idées reçues qui ne résistent pas à l’analyse des faits économiques. Le CFA aura au moins eu un mérite, c’est d’avoir impulsé une coopération économique et monétaire entre les pays francophones de l’Afrique de l’ouest ; une dynamique qui a fait de l’UEMOA la zone la plus intégrée du continent Africain. La disparition du CFA est depuis longtemps programmée par les Etats de l’UEMOA qui sont parties prenantes dans la création d’une monnaie unique dans la CEDEAO.
Et pour finir, nous dirons que le franc CFA et la langue française, legs coloniaux hautement symboliques, peuvent encore nous être utiles. L’intégration de l’Afrique se fera certes sans le CFA mais ce n’est pas sûr qu’elle puisse se faire sans la langue française.
Références.
(1) Patrick Guillaumont et Sylviane Guillaumont (1974) : L’adaptation des mécanismes monétaires et la liberté de choix des pays africains : Avantages et inconvénients de la zone franc. Monde diplomatique, Mai 1974.
(2) Coface (2018) : Des pertes de parts de marché particulièrement marquées en Afrique francophone. Publications économiques de COFACE 2018.
(3) Madiambal Diagne (2019) : Attention aux clichés sur les intérêts français au Sénégal. Journal le Quotidien 28 Janvier 2019.
(4) Malamine Mohamed (2016) : Le Franc CFA: fantasmes, délires et réalités. Financial Afrik, 7 septembre, 2016.
.(5) Indicateurs du développement dans le monde, Banque Mondiale.(6) DG. Trésor Publié le 08/1/2019
– https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2018/07/06/les-reserves-officielles-de-change
-https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/actualites/2018/direction-budget-a-publie-edition-2018-budget-etat-vote-en-quelques-chiffres#.XFlzZVX7SUk
11 commentaires
Tout ce que vous racontez reste du breuvage.longtemps nous l Afrique CFA est restée la vache laitière de la France 🇫🇷.il est temps que l Afrique sèvre la France.Rendez nous nos 10mille milliards.nous pouvons battre notre propre monnaie inflation on s en fou le Vietnam s en sort et bien d autres.
Bonjour, Merci pour votre article. Personnellement je ne pense pas que les indicateurs macro suffisent à etablir la réalité des économies. Dans l’ensemble je trouve votre article intellectuellement correct. Je suppose que tout comme moi, vous n’êtes ni fanatiquement pro ni anti cfa mais pour la vérité. À ce titre, pourriez vous m’éclairer sur l’intérêt qu’a la France a être le « garant » de notre monnaie selon les propres termes du président Macron. Si je pars du principe que cela ne doit pas être par philanthropie alors combien cela nous coute et comment pourrions nous le minimiser ?
À mon avis le FCFA ou sa « renomination » pour contenter quelques uns doit rester un instrument commun à nos pays. Le gage de la stabilité et de la minimisation de l’inflation repose plus là dans le fait de partager la monnaie avec plusieurs pays et non dans l’arimage à l’Euro qui elle même tire sa stabilité de son union.
L’union dans la gestion monétaire garantit plus de stabilité. À mon avis on n’a pas besoin d’un autre « garant » dont la prestation de service nous coute necessairement quelque chose qu’on pourrait peut être utiliser a faire des infrastructures communes comme par exemple des pôles de santé bien équipés, des routes transfrontalières, etc.
Avec cela on parviendrait à développer les échanges entre nos pays car il faut le dire le taux d’échange encore faible entre nos pays eux mêmes comparativement à l’Europe n’est pas un fait normal quand on a une monnaie commune.
Monsieur Alberto
Tout d’abord, je vous remercie pour le commentaire.
Que gagne la France ?
Au départ, la France avait tout intérêt à préserver les rapports d’exploitation coloniale à travers le CFA, pour faire du néocolonialisme. Mais le mécanisme est tombé en désuétude. De réformes en réformes, avec la mondialisation de l’économie, les pays africains de la zone CFA ont diversifié leurs partenaires économiques et ne sont plus, sur le plan économique, la chasse gardée de la France. Cependant, le fait de garder la coopération monétaire avec ses ex colonies constitue un avantage sur ses concurrents, en termes de rapports diplomatico-économiques privilégiés. En effet, les relations privilégiées peuvent être décisives dans l’attribution de contrats commerciaux. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le partenariat gagnant-gagnant.
Quant aux pays africains de la zone franc, ils n’ont pas de prix à payer directement dans cette coopération monétaire .
Comme j’ai eu à l’insinuer, le mécanisme de centralisation des réserves dans le compte d’opérations est tombé dans la désuétude. Il a été mis en place en 1945, à l’époque des régimes de change fixe et où toute banque centrale devait disposer du maximum de réserves pour défendre le cours de sa monnaie. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les versements dans le comptes d’opérations comme une contribution des pays africains de la zone franc à « l’arsenal de guerre » . Aujourd’hui avec les changes flottants, comme dans le cas de l’Euro, les interventions de la banque centrale sur le marché des changes sont très limitées ; de sorte que l’on a plus besoin de cet « arsenal de guerre.
Vous avez parfaitement bien vu, lorsque que vous dites que l’union suffit à garantir la stabilité de la monnaie. Je suis en phase avec vous et j’ajouterais que l’UEMOA et la CEMAC réunissent toutes les conditions économiques et techniques pour gérer le CFA sans la France. Je crois que la présence de la France est plus symbolique que nécessaire.
Je vous remercie de votre attention
@Ndiaye Amath @Alberto
Excellent article et analyse pertinente, appuyée par des chiffres et ordres de grandeur qui remettent enfin les choses à leur place.
Pour répondre à Alberto, ce n’est ni par philanthropie, ni par intérêt financier que la France reste garante de la convertibilité, mais pour deux raisons indissociables et parallèles.
La première est l’orgueil nostalgique de la France attaché à son ancienne influence même s’il lui en coûte sur le plan financier. À cet égard le coût exorbitant des départements et territoires d’outre-mer illustre parfaitement cet attachement déraisonnable à la grandeur passée.
Les Allemands le reprochent d’ailleurs âprement aux Français dans le cadre de la rigueur budgétaire.
La deuxième est la volonté de la France de préserver la stabilité politique et économique de ces pays, sous peine de les voir basculer, hier dans le camp Soviétique, aujourd’hui dans le chaos avec une immigration encore plus massive vers l’ancienne puissance coloniale.
L’intérêt est moins dans la valeur économique
Des pays de la zone (qui décroît régulièrement pour la France) que dans l’absence de guerre et de mouvement de population massif qu’il est coûteux d’arrêter.
L’opération Barkhane est par exemple beaucoup plus coûteuse que le maintien du compte d’opération.
En revanche, et avec tout le respect que j’ai pour vos deux interventions, je pense que vous vous trompez sur le fait que seul l’union fait la stabilité monétaire.
Ce sont les règles édictées pour la gestion de cette union monétaire qui en font la stabilité.
Si la BCE suivait les mêmes règles que l’ancienne Banque de France et non celles de l’ancienne Bundesbank, l’euro ne serait pas plus stable que l’ancien Franc Français.
La faible inflation de la zone CFA vient du fait de la contrainte extérieure qui oblige la BCEAO à suivre la politique orthodoxe de la Banque de France, elle même obligée de suivre la politique orthodoxe de la BCE. Indépendante et dogmatique.
Le jour où une BCEAO sera dépendante des pouvoirs politiques régionaux, même unie, la monnaie ira au tapis et les taux s’envolleront.
La stabilité du CFA et ses taux bas sont une conséquence de l’adoption de facto du Deutschmark par la zone CFA.
Ce n’est pas l’unité qui fait la force d’une monnaie mais la confiance s’inspirent ceux qui la gèrent.
Bien cordialement
S’il faut revenir sur des détail, je risque d’être long. Dites moi de quel côté la servitude volontaire n’est-elle pas visible. Faisons une analogie. France vs Italie, crise diplomatique, la France rappelle son ambassadeur en Italie. Supposons que la monnaie utilisée en Italie est battue en France au nom d’une quelconque coopération et que l’Italie gardait une partie de ses réserves de changes auprès du Trésor français. Pensez-vous que cette Italie aurait le culot de penser traiter d’égal à égal avec la France. Je n’ose pas vous rappeler le cas ivoirien en 2012 où un Président non encore détrôné n’avait pas de main mise sur la monnaie du pays. Première arme utilisée contre lui. Autant les africains consentent continuer volontairement vivre sous le regard condescendant de la France, surtout en cas de dissension diplomatique, on ne le souhaite pas, il peuvent toujours garder une monnaie qui à tout moment peut être sous contrôle de la France. Ce n’est pas impossible du moment où c’est de la France que débarque le stock fiduciaire. Sa production peut simplement être interrompue ou retarder pour causer du tort au pays CFA adverse. Pensez-vous que le Togo ou la Côte d’Ivoire peut si besoin de défendre une cause patriotique et souveraine il y a, hausser le ton contre la France au point de rompre la coopération ? J’aurais souhaité que vous me disiez « oui », mais … Qu’ont appris les autres à l’école ? Entre nous quand même.
Les statistiques utilisées sont habilement choisies pour aboutir à des conclusions souhaitées d’avance. Voyez les 2 pays zone CFA cités en termes de performance au regard du PIB. Gabon et Guinée Equato, où la manne pétrolière à elle seule explique tout avec ou sans CFA. Certes les 2 États surpassent le Nigeria dans ce fameux classement. Mais quelle est la finalité souhaitée ? N’est ce pas la performance économique ? Ayez l’honnêteté intellectuelle de nous faire le classement des puissance économiques africaine pour mieux nous situer les pays de la zone CFA dans ce classement sans trop faire tout le temps recours à l’hypothétique taux de croissance de la zone uemoa utilisé comme un drapeau flambant neuf pour défendre le CFA et la France avec. Aucun’ des défenseur du CFA n’ose aller sous l’angle du classement des puissance économiques. Depuis Mahamane Touré jusqu’à vous M.C. qui faites d’habiles efforts de cacher votre position par rapport au sujet. « Que votre oui soit oui et que votre non soit non, le reste vient du malin ».
L’Afrique n’a plus besoin de cette monnaie 💱 qui va au détriment des dirigeants africain (présidents africain et leurs amis) car le peuple en souffre toujours le FCFA est une monnaie 💱 qui met en ruine l’Afrique francophone dans la colonisation et pendant que les français viennent acheter nos produits de qualité à des prix très bas 👇 et en allant les revendre chez eux avec leurs forte monnaie qui est l’euro (€) nous africains nous tournons à la ruine pour ma part il va être préférable que tous les pays francophones soient également la auteurs de la monnaie française qui l’euro (€) comme ça nous serions tous gagnants gagnant au lieu que les présidents béni oui oui de l’Afrique /francophones soient toujours favoriser par le biais de la politique française et tout ceux qui défendent les intérêts du FCFA ils savent pourquoi ils le font c’est parce qu’ils ont leurs intérêts avec la France 🇫🇷 mais c’est pas une personne ou une poignée de personnes qui vont empêcher l’écartement du FCFA par les africains nous ne voulons plus de cette maudite monnaie en Afrique francophone c’est à base de cette monnaie que la France 🇫🇷 pille nos richesses et apauvris les africains nous sommes une génération nouvelle et cette génération ne veux plus de colonisation en Afrique 🌍
@Achille et Mandombo
Il faudrait savoir: la Chine, l’Inde et la Turquie ont elles remplacé la France en Afrique francophone ou non?
Qui achète les matières premières en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale?
La Chine ou la France?
Les phosphates du Sénégal ? L’Inde ou la France?
On ne peut pas dire à la fois que la France s’est marginalisée depuis 40 ans en Afrique, ce qui est un fait, et qu’elle continue à « gérer » ses anciennes colonies comme autrefois.
Il faut un minimum de cohérence.
Si le CFA est une monnaie trop faible, pourquoi les exportations de produits manufacturés ne s’envolent-elles pas?
Le reproche classique serait plutôt que le CFA, comme subdivision de l’euro est une monnaie trop forte pour le niveau de productivité des pays africains. (Et même pour beaucoup de pays européens d’ailleurs…).
Là encore on ne peut reprocher tout et son contraire….
Le CFA assure la stabilité des prix et des taux d’intérêt bas. Pourquoi?
Pas à cause de la France ou d’aucun autre pays étranger, simplement parce que la gestion de la monnaie est indépendante des pouvoirs locaux et des pressions politiques liées aux échéances électorales.
Le CFA est, avec le Pula, la seule monnaie africaine non soumise à la corruption et aux intérêts éthniques ou tribaux.
C’est pour cela qu’elle inspire confiance et que les taux sont bas. Propice à l’investissement.
Ce n’est pas la monnaie qui fait la croissance et la prospérité d’un pays mais la valeur ajoutée que la population parvient à créer par sa qualité et son travail. Depuis 50 ans, c’est la leçon que nous donnent les pays asiatiques. Il serait temps de passer aux actes.
Les produits de « grande qualité » en Afrique se vendent très bien. Et cher. Mais ils sont malheureusement trop peu nombreux en comparaison de l’Asie ou de l’Amérique du Sud.
Quant à la souveraineté des pays africains qui serait diminuée par le non contrôle du pouvoir politique sur l’institut d’émission, cela fait sourire: pensez-vous que le Zimbabwe, qui contrôle sa propre monnaie parfaitement, jouit d’une plus grande souveraineté que la Côte d’Ivoire ?
L’inflation est une spoliation des plus pauvres car les plus aisés peuvent épargner en monnaie forte.
C’est aussi un frein à l’investissement et donc au développement. L’ Argentine, autrefois richissime, est un bon exemple de la chute économique engendrée par l’inflation sur la durée.
Il existe bien une véritable limite à la souveraineté des pays Africains: l’absence de ressources militaires dignes de ce nom.
Là, oui, il existe un vide sidéral, comblé par les puissances extérieures.
La monnaie ne remplacera jamais les structures d’un État régalien.
Les États africains n’ont pas les moyens militaires de leur indépendance… ils ne sont pas les seuls. Les Européens non plus. Les latino-americains non plus. La plupart des asiatiques, pas plus.
Mais tout cela n’a rien à voir avec la monnaie.
Cordialement
Jean-Paul
Jean Paul, si l’Afrique surtout au Sud du Sahara, notamment ses 33 PMA, n’exporte pas de produits manufacturés, ce n’est pas à cause de la monnaie, CFA ou non. C’est parce qu’elle n’a pas les capacités de production nécéssaires pour produire et exporter des produits manufacturés compétitifs. L’Europe et les USA (grâce à l’AGOA)restent ouverts à tous nos produits sauf des armes et sans leur faire payer des droits de douane. Donc les débouchés à l’exportation existent, le problème c’est au niveau de notre capacité d’offre qu’il faut le rechercher. Notre mal est dans notre incapacité à sortir de la spécialisation dans les matières premières. C’est un problème réel et non monétaire qui n’a rien a voir avec les régimes de change en vigueur en Afrique.
Amath Ndiaye, je n’ai rien à redire à ton commentaire. Je partage totalement ton point de vue. Et, précisément, je répondais à deux commentaires qui pointaient du doigt de vrais disfonctionnements économiques en Afrique francophone mais en chargeant, à tort à mon avis, le CFA de tous les maux.
Il est bien évident que le problème économique de l’Afrique est un problème d’offre et de dépendance à la rente minière.
Le problème fondamental est l’Etat de droit. Sans lui, pas de sécurité pour les investisseurs, donc pas d’investissements étrangers, donc pas de gains de productivité, donc pas d’exportation à forte valeur ajoutée, donc pas de recettes pour améliorer l’éducation et alimenter les gains de productivité. Ne nous trompons pas: le miracle asiatique, en Corée, Thaïlande, Malaisie ou Chine , ce sont d’abord des usines américaines venues pour les bas coûts de main d’oeuvre, et qui peu à peu, mais au final rapidement, ont généré recettes d’exportation, recettes fiscales, concurrence locale, élévation du niveau de formation puis montée en gamme et essor de l’investissement endogène.
C’est ce cercle vertueux que doit atteindre l’Afrique. Et si le CFA doit rester fort pour assurer la stabilité des investissements, les salaires et les coûts doivent rester compétitifs au niveau international par rapport à des économies de même productivité.
Et cela demande une ou deux générations sacrifiées comme ce fut le cas en Asie de 60 à 90 (Chine 80-2005).
L’accessibilité politique d’une telle politique est plus que douteuse dans notre culture africaine.
Mais qui sait? Gardons espoir.
Acceptabilité pas accessibilité. Pardon.