La Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Banque mondiale ont organisé ce mardi, une table ronde sur l’emploi et la transformation économique dans le but d’approfondir le dialogue sur la création d’emplois et la transformation économique en Afrique en tant que processus de reconstitution de l’Association internationale de développement (IDA).
Les partenaires se réunissent tous les trois ans pour reconstituer les fonds de l’IDA et examiner les politiques de l’IDA. La dernière reconstitution des ressources de l’IDA – IDA18 – a été finalisée en décembre 2016. Le montant record des reconstitutions de droits de tirage spéciaux (DTS) s’est élevé à 53,5 milliards (75 milliards de dollars) afin de financer des projets sur une période de trois ans allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2020.
Ce financement a permis à l’IDA d’intensifier ses interventions de développement pour lutter contre les conflits, la fragilité et la violence, les déplacements forcés, les changements climatiques et les inégalités entre les sexes et promouvoir la gouvernance et le renforcement des institutions, ainsi que la création d’emplois et la transformation économique dans les 75 pays les plus pauvres du monde.
L’atelier s’est penché sur trois domaines thématiques, à savoir la transformation numérique, le commerce et les chaînes de valeur mondiales et le capital humain pour l’emploi.
« Ce sont là des opportunités cruciales pour de nombreux pays et ce dans le but d’accélérer la transformation économique », déclare Akihiko Nishio, Vice-Président de la Banque mondiale pour le financement du développement, aux participants, y compris aux représentants des pays emprunteurs de chaque région IDA.
« Nous avons besoin de votre soutien pour valider si ces priorités sont bien définies et, dans chaque domaine, comment nous pouvons mieux organiser et cibler notre appui pour qu’il bénéficie au mieux possible ».
Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), indique que le cycle de reconstitution des ressources de IDA19 offre une occasion aux partenaires et aux pays emprunteurs d’approfondir le débat sur les problèmes auxquels les pays de l’IDA sont confrontés.
Elle souligne la nécessité de mettre en place de bonnes politiques sur le continent, capables de résister aux chocs et de promouvoir la transformation économique ; de créer des environnements permettant au secteur privé de fonctionner et de créer des emplois indispensables ; de favoriser le commerce numérique ; de renforcer les marchés financiers et des capitaux, l’industrialisation et des données.
« Nous manquons toujours de données sur le continent et c’est en raison de l’absence de données que nous élaborons parfois de mauvaises politiques », informe Mme Songwe, ajoutant que l’Afrique doit améliorer son jeu pour faire les choses correctement pour sa population jeune.
« Nous devons créer des emplois de qualité et nous devons le faire maintenant. Nous devons trouver des moyens de le faire ».
Le Ministre ghanéen du commerce, Alan Kyerematen, dit que la transformation économique qui est basée sur l’industrialisation est cruciale pour le développement durable de l’Afrique.
« Se concentrer uniquement sur la stabilité macroéconomique ne suffit pas. Nous ne devons pas mettre l’accent uniquement sur la macroéconomie. Ce n’est pas une condition suffisante si elle n’est pas accompagnée d’une transformation économique », annonce-t-il aux responsables de la Banque mondiale.
Aïchatou Boulama Kané, Ministre de la planification du Niger, souligne l’importance d’IDA-19 qui a pour objectif d’aider les pays africains à traiter les domaines prioritaires de la création d’emplois, à savoir la production agricole, la transformation économique et les questions connexes.
Le Gouverneur de la Banque centrale de Zambie, Denny Kalyalya, indique que le secteur privé a un rôle crucial à jouer pour faciliter la transformation des économies africaines.
« Les débats d’aujourd’hui ont montré qu’il reste encore beaucoup à faire. Nos gouvernements doivent créer des environnements propices pour le secteur privé afin que ce dernier crée des emplois de qualité que nous souhaitons sur le continent », affirme-t-il.
Antoinette Sayeh, Coprésidente de la reconstitution des ressources d’IDA-19, déclare qu’il est nécessaire de renforcer l’ambition générale pour assurer la transformation économique et la création d’emplois décents pour les jeunes du continent.
« Pendant que nous entreprenons toutes ces activités, nous devons nous assurer de ne pas perdre de vue notre objectif à long terme », annonce-t-elle.
« Nous devons produire une qualité de la croissance que nous enregistrons et conservons des taux de croissance élevés si nous voulons réussir. Certains de nos pays ne vont pas bien du tout et ont besoin d’appui pour mieux gérer leurs richesses en ressources naturelles, ce qui peut contribuer à la transformation économique ».
L’Afrique a fait des progrès notables dans la transformation économique ces dernières années, mais à un rythme insuffisant pour créer les emplois indispensables et réduire sensiblement la pauvreté, d’où le débat.
IDA19 se tiendra à Addis-Abeba en juin.