Le président Adama Barrow de la Gambie est le lauréat du Super-Prix / Grand Bâtisseur Babacar Ndiaye pour l’édition 2019. Le pont de Farafenni, inauguré en janvier 2019 s’est ainsi classé devant de nombreux ouvrages nominés dont un pont suspendu au Mozambique.
L’annonce a été faite à Nairobi (Kenya), le 21 mars 2019, dans un hôtel Crown Plazza revêtu pour l’occasion aux couleurs du réseau Africa Road Builders (ARB) initié par l’ivoirien Barthélémy Kouamé, directeur général du journal spécialisé Acturoutes et commissaire général du prix. « Pour la Gambie, ce pont financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et co-réalisé avec le Sénégal, constitue le projet du siècle de par son impact économique et social« , a d’emblée déclaré M. Kouamé.
Dans les cartons depuis une décade, le projet du pont de Farafenni n’a reçu l’indispensable onction politique gambienne qu’avec l’arrivée du président Adama Barrow. L’entente entre le successeur de Yaya Jammeh et le président Macky Sall du Sénégal (lauréat du même trophée en 2017 aux côtés de Paul Kagamé) permet de bâtir ce si attendu ouvrage, , axe nodal du corridor de transport routier transgambien. Longtemps bloqué pour des raisons politiques, cette passerelle stratégique et économique relie le Nord et le Sud de la Gambie et du Sénégal et par ricochet, l’ensemble des pays de la CEDEAO notamment dans la partie du corridor qui s’étend de Dakar à Lagos.
Pour rappel, les études de faisabilité dudit pont étaient bouclées depuis 1998, actualisées entre 2007 et 2010 grâce au financement de la Banque Africaine de Développement et approuvées par les deux gouvernements via l’OMVG (Organisation de la mise en valeur du fleuve Gambie) supervisant les études. Le financement de la Banque Africaine de Développement (BAD), soit 99% du coût du projet, est lui intervenu en 2000.
Le trophée Super Bâtisseur est décerné depuis 2016 en mémoire du regretté Babacar Ndiaye, ancien président de la Banque Africaine de Développement (BAD) (985 et 1995), récompensant chaque année les chefs d’Etat porteurs de projets novateurs en matière d’infrastructures et d’intégration.
En 2016, lors de l’édition inaugurale tenue le 25 mai 2016 à l’hôtel Intercontinental de Lusaka (Zambie), en marge des assemblées générales de la Banque Africaine de Développement (BAD), l’honneur revint au Roi Mohammed VI du Maroc, ainsi qu’aux présidents Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Ali Bongo du Gabon et Edgard Lungu de la Zambie pour leurs programmes d’infrastructures dans leurs pays respectifs.
Ainsi, le plus long pont à haubans d’Afrique réalisé sur le fleuve Bouregreg à Rabat, le troisième pont d’Abidjan (Pont Henri Konan Bedié), le projet gabonais de connexion routière entre les villes de Port-Gentil et Omboué comprenant un pont sur l’Ogooué d’une longueur de près 5 km et le programme Link Zambia visant à l’amélioration et au développement d’un réseau routier de 8 000 km ont été à l’honneur.
Lors de la deuxième édition tenue à Ahmadabad, en 2017, en marge des assemblées générales de la BAD, deux autres chefs d’Etat prîrent place sur le podium. Il s’agissait du président Macky Sall du Sénégal pour son programme intégré de la ville nouvelle de Diamniado (35 km au Nord de Dakar), épicentre du Plan Sénégal Emergent et son homologue Paul Kagamé, qui a fait du Rwanda, l’un des premiers smart-country du monde combinant un réseau autoroutier dense, une qualité des réseaux télécoms, datas et internet de qualité et le respect de l’environnement.
En marge de cette deuxième édition, le réseau MIFA (Media for Infrastructure and Finance in Africa) avait été constituée, réunissant une série de publications panafricaines engagées dans le développement, les informations sur les infrastructures et la finance, avec à charge de fournir des réflexions en toute transparence et indépendance intellectuelle pour la production du rapport annuel des nominés devant être examinés en dernier ressort par le Comité de sélection.
En 2018, lors de l’édition des assemblées de la BAD à Busan, un seul lauréat avait été choisi. Le président Uhuru Kenyatta a été sacré grand bâtisseur pour la construction de la ligne de chemin de fer, Standard Gauge Railway (SGR), l’un des projets développés dans le cadre de Vision 2030, un plan de développement industriel et économique adopté par Nairobi pour transformer le pays.
A Nairobi, en marge du lancement de l’édition 2019, c’est donc le président gambien qui a été couronné. Adama Barrow recevra son trophée le 12 juin 2019 à Malabo, en marge des assemblées générales de la Banque Africaine de Développement (BAD). A Nairobi, un hommage appuyé à rendu au président kenyan. Divers orateurs se sont succédés pour débattre des enjeux des infrastructures en Afrique.
De Silvester Kasuku, directeur de Lamu Port–South Sudan–Ethiopia transport corridor project (LAPSSET), le projet stratégique du port de Lamu, destiné à changer radicalement l’environnement portuaire du Kenya et de l’Afrique de l’Est aux hautes cadres de Colas, entreprise française présente en Afrique depuis 89 ans, et acteur de premier plan dans le TGV marocain et leader dans les revêtement routiers en Afrique, il sont tous d’accord sur un point: face à la rareté des ressources financières, les montages financiers des projets d’infrastructures doivent gagner en efficacité.
La technologie financière offre des cadres innovants pour la protection des parties et des usagers finaux. La Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM) est revenu sur son rôle d’importante source de financement des Etats et des corporate à travers, notamment, son compartiment obligataire.
Présent aussi à Nairobi en invité du Comité de sélection, le marocain Mohamed H’mmidouch, mémoire vivante de la Banque Africaine de Développement (BAD) dont il fut représentant au Sénégal et en Gambie au moment de la conclusion des financements du pont de Farafenni, a livré un retour d’expérience sur les enjeux des infrastructures en Afrique en marge de la désignation du lauréat et à travers une émission organisée en live par la Kenya Broadcasting Corporation (KBC – TVY254), média de premier plan au pays du Karibu. Le haut cadre marocain s’est exprimé en particulier sur ‘’la mobilité, l’intégration régionale et la prospérité économique en Afrique’’.
Côté technique, les participants ont encouragé les Etats africains à former des ressources humaines adéquates dans les métiers de la route et des infrastructures en général. Parmi les participants de haut rang à cette conférence, il y avait, notamment, l’Ambassadeur du Royaume du Maroc au Kenya, SEM Mokhtar GHAMBOU, qui s’est brièvement prononcé sur le sens du panafricanisme pragmatique et porteur d’échanges et de solidarité. Egalement présent, Alassane Ndiaye, fils de feu Babacar Ndiaye et dirigeant d’une boutique finance, Rayon, basée à Johannesburg.
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Pour rappel, le pont de Farafenni ou pont Sénégambie sur le fleuve Gambie (1900 m) est financé par la BAD à hauteur de 93 millions USD. Ce pont de la délivrance pourrait aussi être baptisé « Pont de la Paix », en cela qu’il permet désormais, comme à eu à le rappeler Barthélémy Kouamé, « le désenclavement de la Casamance du Sénégal par l’élimination de l’obstacle du fleuve Gambie ».