YA la veille du septième sommet de l’organisation africaine des pays producteurs de pétrole (APPO pour African Petroleum Producers Organisation), qui s’ouvre ce 2 avril à Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale et capitale africaine de l’Energie tout au long de l’année 2019, Financial Afrik s’est entretenu avec Mahaman Laouan Gaya, Secretaire général de l’association.Pour le haut cadre nigérien, les pays africains producteurs de pétrole et de gaz doivent s’unir pour mieux défendre leurs objectifs dans un contexte mondial de volatilité des cours. Comme le déclare M. Gaya, la réunion de Malabo marque la fin des réformes institutionnelles et le lancement d’une nouvelle organisation. Entretien.
Le sommet de l’Appo s’ouvre ce 2 avril à Malabo. Quels en sont les principaux thèmes et objectifs ?
En effet, du 28 Mars au 05 Avril 2019, l’APPO organise plusieurs manifestations à Malabo. Nous aurons successivement la réunion du Comité ad’hoc juriste, la réunion des directeurs généraux des Sociétés Nationales des Hydrocarbures, la toute première réunion ordinaire du Conseil Exécutif de l’APPO, la réunion ordinaire du Conseil des Ministres et la 7ème édition du CAPE (Congrès Africain sur le Pétrole et Exposition). Ce sont des réunions et autres activités statutaires de l’APPO, mais qui consacrent aussi la fin de la reforme institutionnelle et le lancement d’une nouvelle organisation.
Pourquoi la rencontre se tient-elle à Malabo?
Le gouvernement de la Guinée Equatoriale a souhaité la tenue de ces manifestations de l’APPO, dans le cadre de l’Année de l’Energie en Guinée Equatoriale’’. Il y a lieu de rappeler qu’en août 2018, le Ministre équato-guinéen des mines et des hydrocarbures, SE Gabriel Mbaga Obiang Lima, a lancé l’initiative ‘’2019, Année de l’énergie en Guinée Equatoriale’’, dont l’objectif est de positionner Malabo comme capitale africaine de l’énergie tout au long de l’année 2019. Pour le gouvernement équato-guinéen, cette initiative vise d’abord à promouvoir les opportunités d’investissement dans des projets énergétiques de première importance en Guinée Equatoriale et en Afrique et, ensuite, le gouvernement veut utiliser sa diplomatie énergétique au service du continent africain. A cette occasion, nous attendons à Malabo les Ministres et Plénipotentiaires en charge des hydrocarbures de tous les Pays Membres de l’APPO, les premiers responsables d’organisations énergétiques mondiales (OPEP, GECF, FIE,…), des Directeurs Généraux des Sociétés pétrolières africaines et internationales, des industriels et experts du secteur des hydrocarbures, ….bref comme je l’ai tantôt dit, ces manifestations s’apparentent aux Jeux Olympiques des hydrocarbures africains et vont constituer un véritable point de ralliement mondial des acteurs de l’énergie et du pétrole.
L’APPO a été créée en 1987. Pouvez-vous décliner ses missions et ses principales réalisations ?
L’APPO (Organisation des Producteurs de Pétrole Africains) créée le 27 Janvier 1987 à Lagos (Nigéria) est une Organisation Intergouvernementale Africaine, dont l’objectif est d’être la plate-forme de collaboration, de coopération, d’échange d’expériences, de partage des connaissances et de compétences ainsi que de promouvoir des initiatives conjointes entre les pays producteurs de pétrole du continent africain.
De sa création à aujourd’hui, l’organisation a eu à faire quelques réalisations, dont la création et l’institutionnalisation du CAPE (Congrès Africain sur le Pétrole et Exposition), l’Etude Comparative du Cadre Légal et Contractuel en matière d’Hydrocarbures dans les Pays Membres de l’APPA, la création du Fonds APPA devenu aujourd’hui ASEC, la création de l’Institut Africain de Pétrole ‘’Rilwanu Lukman’’, etc…Malgré tout, il a été reconnu qu’après plus d’un quart de siècle d’existence, l’Organisation n’a pas répondu aux attentes des Pays Membres et de par son style de gouvernance quelque peu obsolète, un manque total de visibilité aux plans national, régional et international et une absence très remarquée dans les grands centres de décisions internationaux, il était clair que des mesures de sauvetage s’imposaient afin de la recadrer dans le nouvel contexte énergétique et pétrolier mondial, et mieux répondre aux défis de l’heure. Au vu de cet amer constat, le Conseil des Ministres a pris la décision d’entreprendre une profonde réforme institutionnelle. Dès notre prise de fonction à la tête de l’Association en Juillet 2015, nous nous sommes engagés dans cette réforme et à la suite de nombreuses réunions ordinaires et extraordinaires du Comité des Experts et des Conseils des ministres, il a été enfin adopter le projet de cette réforme. Dans les résolutions qui ont suivies les différents Conseils des Ministres, il faut noter entre autres le changement de dénomination de l’APPA (Association des Producteurs de Pétrole Africains) qui s’appellera désormais ‘’APPO’’, acronyme anglais de ‘’African Petroleum Producers’ Organization’’ et en français ‘’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains’’. La délocalisation des activités du Secrétariat vers Abuja pour une période de transition d’un an a permis la mise en œuvre de la réforme et c’est le Conseil des Ministres qui se tiendra le 02 Avril 2019 à Malabo (Guinée Equatoriale) qui procédera au lancement officiel de la nouvelle Organisation. Notre objectif, comme vous le voyez, est de faire de l’APPO l’une des plus importantes et puissantes organisations à l’échelle continentale.
Quels rapports entretient votre organisation avec l’OPEP ?
Nous étions en fin Novembre 2018 à Vienne (Autriche) à la réunion du Conseil des Ministres de l’OPEP où une très grande présence de délégations africaines était visible. Outre les 7 pays africains membres de l’OPEP (Algérie, Angola, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Libye et Nigeria), y étaient aussi présents en qualité d’observateurs, d’autres pays, notamment l’Egypte, l’Ouganda, le Soudan, le Soudan du Sud et le Tchad, sans oublier le Secrétariat Général de l’APPO. Dans son discours de clôture des travaux, le Président du Conseil des Ministres de l’OPEP, le Ministre émirati du Pétrole, SEM Suhail Mohammed Faraj Al Mazrouei a vivement salué la présence massive des africains et a demandé à l’APPO d’œuvrer pour qu’aux prochaines assises de l’OPEP, la présence africaine soit davantage plus marquée. Les pays africains producteurs de pétrole, cumulent une production totale de près de 10 millions de barils par jour, et l’ensemble du continent dispose d’un potentiel éminemment abondant. Si l’Afrique devait se considérer comme un seul producteur, il est clair que dans les années à venir, le contient pourrait défier les puissances pétrolières actuelles et devenir un acteur incontournable de la scène pétrolière internationale.
De cette considération, la présence africaine pourrait consolider la politique et la position de l’OPEP sur l’échiquier pétrolier mondial. Une plus grande présence des pays africains au sein du cartel pourrait, demain, mieux qu’aujourd’hui, influencer favorablement le prix du baril de pétrole. A l’évidence, l’APPO partage avec l’OPEP, la préoccupation de promouvoir des initiatives en matière de politique et de stratégie de gestion dans tous les domaines de l’industrie pétrolière. À la vue de cette convergence de politiques, nous avons donc convenu avec l’OPEP, de travailler pour traduire la nouvelle vision de l’APPO en résultats palpables et bénéfiques pour nos Pays Membres.