Libérer le potentiel de l’Afrique – des idées d’Alexander HAMILTON, le nouveau livre de Cédric Mbeng Mezui, a été présenté au Palais Brongniart, place de la Bourse à Paris, le 05 Avril 2019. L’audience comprenait les professionnels du secteur privé, les institutionnels, les universitaires de la place de Paris et tous ces économistes, penseurs et stratèges à l’affût des tendances nouvelles. Le parti pris de l’auteur sur les idées d’Alexander Hamilton au détriment de celles de Malthus, qui connaissent un retour en force dés lors qu’il s’agit de rapporter le flot migratoire à la démographie africaine, relève d’une audace intellectuelle.
L’auteur considère que durant ce 21ème siècle, la taille et la structure anticipées de la population africaine vont donner à ces pays l’opportunité de devenir un réservoir de capitaux longs et d’accroître la force de travail mobilisable. Cette situation est au centre des discussions et des enjeux géostratégiques. C’est un bouleversement qui induit d’énormes responsabilités. Il devrait marquer l’essor de nombreux « champions africains » dans les industries, les infrastructures et les services.
Les moteurs de la croissance du continent sont sa population active nombreuse, une classe moyenne en forte progression, le progrès technique et une meilleure gouvernance politique et économique. Le recours aux idées d’Alexander Hamilton est une invitation au débat sur l’art de gouverner, en particulier sur les questions d’industrialisation et de crédit. « L’Afrique a besoin de femmes et d’hommes capables d’inventer ce qui n’a pas encore existé » selon lui.
Ce livre met en perspective l’activation du potentiel de l’Afrique afin de mettre les forces productives et les énergies créatives au service du continent. Il rappelle que la croissance démographique n’est pas un danger vu que les ressources de l’esprit humain sont infinies.
L’industrialisation reste une priorité car la productivité des industries entraîne la productivité des autres secteurs tels que constatés dans les économies industrialisées. D’abord, la productivité est beaucoup plus élevée dans l’industrie manufacturière que dans l’agriculture ou l’extraction minière. Ensuite, ce secteur peut employer/absorber une plus grande variété de profils (des moins qualifiés aux plus pointus). Puis, les prix des produits manufacturés ont l’avantage d’être plus stables que les fluctuations des prix que connaissent les marchés des matières premières. Tels sont les arguments défendus par Alexander Hamilton dans son rapport sur les Manufactures en 1791. Il était en faveur de l’intervention du gouvernement via des incitations pour encourager l’innovation dans le secteur manufacturier. Pour l’Afrique, il s’agit de mettre en œuvre le Plan d’actions pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA), un projet phare de l’Union africaine. Il devrait se traduire par une augmentation des investissements de 751 milliards d’USD à 1 720 milliards d’USD au cours de la prochaine décennie.
Malheureusement, les indicateurs montrent que la part du continent dans la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière mondiale (VAM) est marginale. Elle serait passée de 1,9 % en 1980 à 1,5 % en 2010. L’industrie africaine génère en moyenne 700 USD de PIB par tête, derrière l’Amérique latine (2 500 USD) et l’Asie de l’Est (3 400 USD).