A l’heure où les acteurs du mobile money peinent à se différencier dans leurs offres de service, l’émergence de ce secteur continue pourtant de faire des émules. Les acteurs ne manquent pas de créativité dans un secteur en plein expansion en raison de la demande croissante observée sur les marchés africains. Parmi eux, Alassane Tall semble tirer les marrons du feu avec son mobile money permettant de payer, encaisser, envoyer et recevoir de l’argent gratuitement, dans près de 170 devises et sans frais de change d’un pays à un autre.
Alassane Tall ne manque pas d’idées derrière la tête. Ce franco-sénégalais spécialisé dans la Tech et la finance, s’est tout naturellement orienté dans un secteur mêlant ces deux passions :
« Payer pour envoyer ou
transférer de l’argent est totalement aberrant dans le sens où c’est juste de
la data qui transite d’un point à un autre.
Or, si on envoie un mail, c’est gratuit donc pourquoi payer quand on envoie de
l’argent que ce soit en localement ou à l’international ?», indique-t-il.
Cet ingénieur de 38 ans n’en est pas à son premier coup d’essai dans
l’entrepreneuriat. «J’ai été inspiré suite à de nombreux voyages en
analysant les contraintes liées à l’utilisation des espèces et des cartes
bancaires à l’étranger, les nombreux frais bancaires et plafonds de paiements
et retraits très contraignant à l’échelle nationale et internationale »,
explique ce jeune fils de la Terangaqui a suivi une partie de sa
jeunesse dans le sud-est de la France.
La sécurité numérique : la mère des batailles
Face à l’explosion du mobile money ces dix dernières années (396 millions de comptes pourprès de 26,8 milliards de transactions en 2018 selon une étude réalisée par le think thank l’Afrique des Idées), les risques de cyberattaques augmentent également très fortement, bien que celles-ci impactent également les établissements bancaires traditionnels. Dernièrement, la banque de Dakar aurait perdu via une cyberattaque près de 50 M de FCFA, la fintech PayQIN s’est littéralement fait dérober sa base de données client à l’automne dernier.
Face aux enjeux, Kraliss a misé une grande partie de sa stratégie d’entreprise sur l’aspect sécuritaire. «C’est pourquoi nous accordons une grande importance à l’identification de nos utilisateurs via notre KYC (Know Your Customer) », explique son fondateur, Alassane Tall. Puis il poursuit : «Grâce à notre système intégré, nous assurons la traçabilité de nos transactions de bout en bout. Nous misons sur la réplication des écritures et nous sommes très ciblés sur la vérification des transactions avec plusieurs serveurs distants géographiquement afin de rendre quasi impossible la falsification et les transactions anonymes», défend-il.
Faire disparaître les espèces et les cartes bancaires
Le constat est sans appel : la moitié des habitants de cette planète n’a pas de compte bancaire. Face à ce constat, les Etats et les banques annoncent même déjà la fin programmée du cash. L’avenir des transactions se tourne donc vers le paiement mobile qui a l’avantage d’avoir une quasi absence des frais de gestion, de coûts de productions et de rendre les transactions instantanées. «Là où se trouvent des espèces, des vols sont perpétrés.
Là où des cartes bancaires sont employées, des fraudes sont commises. Là où des transactions ont lieu, des frais sont engendrés, de nombreuses failles de sécurité apparaissent générant ainsi de la méfiance », indique Alassane Tall. Face à ces réalités, Kraliss mène un combat radical : la disparition totale des espèces et cartes bancaires. Kraliss se démarque de ses confrères par l’instantanéité des transactions du fait qu’elles transitent sur le réseau Internet avec un cryptage avancée et non sur le réseau bancaire engendrant des frais conséquents. Ces derniers , qui rappelle-t-il «sont le fruit d’accords pyramidaux entre toutes les banques et ces dernières répercutent ces frais sur les services qu’elles offrent à leurs clients telles que les cotisations de cartes bancaires, frais de tenus de compte, commissions de paiement, frais sur retrait à l’étranger, commissions sur virements internationaux », explique Alassane Tall, fondateur de Kraliss.
Encrer son invention dans les besoins de son temps : un sacré défi
«Un célèbre adage dit ‘le pouvoir ne se définit pas dans le produit mais dans le réseau», cite Alassane Tall qui a fait sien de cet adage en espérant connaître un succès identique en zone CEDEAO. «20% de la population active est bancarisée en Afrique de l’ouest. Dans les zones les plus reculées des pays, il est souvent difficile de trouver un distributeur de billets alors que les commerçants locaux et les consommateurs possèdent tous un smartphone. En plus, les transferts de fonds sont difficiles car les agences se situent en ville. Ce qui rend compliqué leurs accès pour les bénéficiaires situés en zone rurale », explique-t-il.
Après le porte-monnaie multidevise, bientôt la cryptomonnaie
Kraliss souhaite aller encore plus loin. Après la création de son porte-monnaie multidevises Alassane Tall compte s’attaquer à la création d’une monnaie universelle sous forme de cryptomonnaie dite « stable ». Et il faut bien dire que le contexte lui est assez favorable compte tenu des différentes mobilisations citoyennes sur le Franc CFA. «Avec Kraliss : en supplément du porte-monnaie multidevise, nous allons créer une cryptomonnaie stable », ambitionne-t-il. «Cette CRYPTOMONNAIE repose sur des algorithmes complexes destinés à assurer sa stabilité et elle pourra surtout être convertible dans toutes les autres devises du monde » dit-il en échos à la polémique qui secoue la zone CEDEAO concernant le Franc CFA. Alors que l’Union africaine est entrée à son tour dans la danse en annonçant la création d’une monnaie unique continentale, d’une banque centrale et d’un fonds monétaire panafricain à l’horizon 2045. « Un vaste projet auquel Kraliss espère apporter sa contribution en s’associant avec la BCEAO, la CEDEAO et l’union africaine dans les années à venir pour leur apporter sa monnaie universelle efficace, sécurisée, dématérialisée et opérationnelle », explique-t-il.