La quatrième revue du FMI au Bénin s’est conclue début mai sur un satisfecit général. Le chef de mission, Luc Eyraud, est revenu sur l’émission de 500 millions d’euros (328 milliards de francs CFA), une première pour ce pays de l’Afrique de l’Ouest, sur le marché international en marge d’une conférence de presse conjointe avec le ministre des Finances, Romuald Wadagni, meilleur ministre africain des Finances en 2018 selon Financial Afrik et grande attraction, en mars dernier à Washington, lors des printemps des institutions de Bretton Woords.
Il faut le dire, d’habitude, de telles émissions se faisaient en dollars, ce qui avait l’avantage de mobiliser plus facilement les investisseurs londoniens et internationaux (positionnés en général sur la monnaie américaine) et l’inconvénient, s’agissant d’un émetteur en zone CFA, de supporter le risque de change inhérent aux fluctuations du couple euro/dollar.
De plus,dans le cas du Bénin, cette sortie historique s’est faite avec un taux d’intérêt inférieur à celui pratiqué sur le marché financier régional assorti d’une maturité plus longue. Le chef de mission du Fonds monétaire a justement mis l’accent sur la baisse du taux d’endettement que le Bénin devra enregistrer en 2019, ce qui est, explique-t-il, le résultat de l’assainissement des finances publiques, c’est à dire de la maîtrise d’une part des dépenses de la fonction publique et, d’autre part, du recul du mur de la dette avec un reprofilage aujourd’hui donné en exemple par le FMI .
Le déficit publique devrait s’établir à 4%, en amélioration par rapport aux prévisions tablant sur 4,7% mais toujours au delà de la norme des 3% fixée par l’orthodoxie financière.
« On a fait aussi dans le cadre de notre rapport une analyse de la viabilité de la dette qu’on fait dans tous les pays et régulièrement. Et cette analyse montre que le Bénin a un risque modéré sur sa dette alors que beaucoup de pays en Afrique et même des voisins du Bénin sont évalués avec un risque élevé», a expliqué le chef de mission du FMI.
L’ancien Dahomey devrait enregistrer une croissance économique de 6,7% en 2019 (au delà des prévisions de 6,5% faites par le FMI en octobre 2018) , tirée principalement par l’activité agricole et l’activité du port de Cotonou. Du reste, le FMI recommande au Bénin de poursuivre les réformes, notamment sur la modernisation du secteur agricole, le soutien à l’industrie et le développement de nouveaux secteurs porteurs tels que le tourisme ou l’économie numérique. Les récentes dispositions prises par le gouvernement pour faciliter l’accès au crédit bancaire et favoriser la représentation des titres de propriété en garantie devraient, selon le FMI, favoriser la relance économique.
A la fin des propos du directeur général du FMI, le ministre des Finances a exprimé sa satisfaction. “Les conclusions que nous venons d’entendre sont la preuve que nous sommes dans la bonne direction. Nous avons la preuve que la gouvernance économique du pays est bonne. Nous avons surtout la preuve que le Bénin a retrouvé le rang des pays crédibles”, a déclaré Romulad Wadagni qui sait bien que l’exposition de son pays aux conditions financières internationales implique encore plus de rigueur et de fermeté dans la gestion des comptes publics.
2 commentaires
Le port de Lomé se trouve au TOGO. Je pense que vous voulez parler du port de Cotonou. Le taux d’intérêt est quand même de 5.75% sur sept (07) ans. Avec la baisse des taux d’intérêt mondiaux, les pays comme le Bénin sont devenu une opportunité pour les investisseurs. En effet, le Bénin est noté en catégorie hautement spéculative par les agences de notation. C’est le risque à prendre par les investisseurs pour augmenter les revenus. Je pense qu’il s’agit beaucoup plus de ça. Les pays comme l’Allemagne pouvant même émettre de la dette à taux d’intérêt négatif.
Merci M. Romeo pour votre réaction. Nous avons rectifié le lapsus. Il s’agit bien du port de Cotonou. Quant à la notation du Bénin (B+), il ne s’agit certes pas d’un investment grade mais d’un risque assez commun chez nos pays subsahariens. Au plaisir de publier votre analyse sur le sujet.
La Rédaction