Au menu de Financial Afrik numéro 60, qui paraît ce 15 mai, le poids de l’Afrique dans le marché mondial du pétrole et du gaz et la cotation du pétrole africain, communément appelé Bonny Light, en Afrique. Thème central du dernier sommet africain sur le pétrole, tenu en avril dernier à Malabo, cette cotation africaine, au moment où le Brent de la mer du Nord est sur le déclin et le West Texas Intermediate (WTI) américain s’essouffle, passe par une évaluation quantitative fiable. Que pèse donc l’Afrique sur la carte mondiale du pétrole?
En réponse à cette question, Mahaman Laouan Gaya, Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO) (voir son entretien dans le magazine), déclare sans hésiter: « Le continent peut peser entre 13 et 15% des réserves mondiales d’hydrocarbures, et presque le même ratio en termes de production ». Cela même si, s’empresse d’ajouter l’ingénieur pétrochimiste, ancien ministre dans son pays, le Niger, » les statistiques occidentales tendent à sous-estimer et dévaloriser le potentiel du continent noir ».
Les tendances de ces 15 dernières années confirment en tout cas un potentiel africain en cours de revalorisation puisque plus du tiers des découvertes de pétrole dans le monde l’ont été sur le continent. Aujourd’hui, environ 20 pays sont identifiés comme producteurs de pétrole (les 18 pays membres de l’APPO en plus du Soudan du Sud et de la Tunisie) et une trentaine d’autres mènent des opérations de prospection et de recherche.
Les objectifs d’une approche commune africaine en matière de pétrole sont à la fois politiques, stratégiques et économiques. « Si tous les pays africains producteurs de pétrole (Angola, Nigeria, Guinée Equatoriale et autres) font transiter leurs productions via un marché unique de pétrole africain, nous gagnerons en pouvoir de négociations », explique Gabriel Obiang Nguema Lima, ministre des Mines et des Hydrocarbures de Guinée équatoriale.
En attendant cette cotation souhaitée, l’Afrique continue d’entretenir ses paradoxes avec d’une part 13% des réserves mondiales d’hydrocarbures (pétrole brut, gaz naturel et charbon), 20% de réserves mondiales d’uranium et, entre autres, plus de 300 jours d’ensoleillement par an (soit 11.000 GW), sans oublier les 40 milliards de m3 de gaz torchés des sites pétroliers annuellement rejetés dans l’atmosphère.
De l’autre côté, la consommation d’énergie primaire per capita de l’Afrique reste la plus faible du monde avec 0,63 tep (tonne équivalent pétrole) contre 1,76 tep au niveau mondial (4,31 tep pour l’Europe de l’Ouest, 8,46 tep pour l’Amérique du Nord). Si l’on exclut l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud, ce taux de consommation d’énergie primaire tombe entre 0,2 et 0,4 tep pour le reste de l’Afrique, c’est-à-dire l’Afrique Subsaharienne.
Bref, l’Afrique pèse pour plus de 13% des exportations pétrolières mondiales mais à contrario ne consomme en produits pétroliers qu’à peine 4% de la part mondiale. C’est certainement à ce niveau que la cotation du pétrole africain peut jouer un effet de levier.