Président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), Domingo Simoēs Preira appelle la CEDEAO et la communauté internationale à poursuive leurs efforts sans relâche pour faire respecter la volonté populaire issue des élections législatives du 10 mars 2019.
Pour rappel, à l’issue du scrutin, le PAIGC et ses alliés contrôlent 54 des 102 sièges du Parlement. Le Madem, formé par 15 députés frondeurs du PAIGC, et le Parti pour la rénovation sociale (PRS) se partagent les 48 restants, respectivement 27 et 21.
Le blocage réside sur le poste de deuxième vice-président de l’Assemblée, revendiqué par le Madem pour un de ses dirigeants, Braima Camara.
Bien que ce poste soit resté vacant, le nouveau bureau de l’Assemblée dominé par le PAIGC a envoyé au président Vaz le nom de M. Pereira comme Premier ministre. Mais le chef de l’Etat dit vouloir que ce litige soit résolu avant de nommer un Premier ministre. La crise entre les deux hommes, pourtant issus du même parti, a éclaté lorsque M. Vaz (son mandat expire en principe en juin prochain) a limogé M. Pereira, qui était alors son Premier ministre. Dans cet entretien, l’ancien premier ministre assuré normalement de rempiler dit espérer que la volonté exprimée dans les urnes ait le dernier mot.
La volonté populaire exprimée dans les urnes doit être respectée !
L’on pensait la Guinée Bissau sortie définitivement de la crise avec les législatives de mars 2019 qui se sont déroulées dans le calme. Comment expliquez-vous les blocages actuels ?
Nous assistons à une véritable tentative de bloquer la démocratie. Le président de la république, José Mario Vaz, fait tout pour aller à l’encontre de la volonté exprimée par les urnes. Nous appelons la communauté internationale à aider la Guinée Bissau pour faire respecter le choix du peuple. Nous nous félicitons des décisions prises par la Cour Suprême et allant dans le sens de la démocratie.
Quelle est la position de la CEDEAO ? On a vu que dans le cas de la Gambie, la Communauté avait usé d’une forte pression pour faire respecter la démocratie ?
D’abord on salue la CEDEAO pour tous les efforts déployés. L’instance communautaire nous a aidé à préserver la paix et à organiser les élections. Cependant, nous sommes étonnés par le manque de détermination de la CEDEAO à faire respecter à un État membre le jeu démocratique.
Quid de la communauté internationale. On a vu le communiqué particulièrement ferme des États Unis ?
Toutes les conditions sont réunies. Il y a les déclarations de l’Union Européenne, du Conseil de sécurité de l’ONU et des États-Unis qui demandent tous le respect des résultats issus des élections législatives. Ces entités estiment qu’il n’y a pas lieu de remettre en cause la nomination d’un premier ministre et la formation d’un gouvernement. C’est donc à la CEDEAO d’abord, au nom du principe de subsidiarité , de prendre ses responsabilités.
Est-ce que ce ne sont pas les relations difficiles entre vous mêmes et le président Mario Vaz qui expliquent en partie le blocage vu qu’il y a eu déjà une crise par le passé ?
Après la crise des 2014-2015 dont vous faites allusion, quatre ans se sont passés et 7 premiers ministres ont été nommés. Le pays ne s’est pas doté de programme, ni de budget ni de plan stratégique de développement. Ce n’est pas à moi à répondre à cette question posée directement au président de la République. Toute la population Bissau-guinéenne attend sa réponse.
Vous serez probablement le prochain premier ministre.. À chaud, quelle réponse urgente apporterez -vous au rapport alarmant du FMI sur l’économie de la Guinée Bissau?
La première décision sera de dire la vérité au peuple bissau guinéen. La situation économique est grave et attend de nous des mesures à la hauteur des défis conséquents qui se posent. Il n’y a pas d’hésitations . Nous devons être capables de contrôler les dépenses, de prioriser l’essentiel comme par exemple le fonctionnement des hôpitaux, le paiement des salaires à la fin du mois. Il y a des restrictions urgentes sur les dépenses de voyage et d’ordre protocolaires. J’ai fais un appel aux syndicats. Il y a un moment où la nation nous appelle à trouver des solutions en toute transparence.
Quel est votre mot de la fin ?
C’est un message de confiance au peuple de mon pays. Les Bissau guinéens se sont exprimés en toute liberté et ont fait preuve de leur attachement à la démocratie, du respect des choix de tout un chacun et de leur volonté de vivre ensemble.. Nous avons en tant que PAIGC quatre année pour renverser le cycle et sortir définitivement le pays de la précarité. Nous allons enclencher un cercle vertueux pour sortir de la pauvreté. J’appelle au président de la république de prendre en compte la décision du peuple et l’avis de la Cour Suprême.