A peine a-t-il annoncé son intention de se présenter aux présidentielles de 2021, que l’opposant Hama Amadou se retrouve dans les Fourches Caudines de la justice nigérienne. La bête noire du régime, éloignée du pays en raison d’une sombre affaire dite de « trafic de bébés importés », aurait critiqué les moyens et la stratégie déployés par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Il n’en fallait pas plus pour que le ministre de la défense sorte de de ses gonds, avec un communiqué daté du 21 mai 2019 annonçant avoir pris la décision de «saisir le procureur de la république en vue de l’ouverture d’une enquête pour propos diffamatoires et de nature à porter atteinte au moral et à la cohésion des forces de défense et de sécurité, de surcroît en temps de guerre».
Le communiqué du ministère intervient deux jours après que Hama Amadou, en exil depuis 2016, a déclaré à Instanbul (Turquie) que « le gouvernement profite de la situation d’insécurité pour délibérément envoyer à la mort une certaine catégorie de soldats nigériens ».
En effet, selon le communiqué, «pendant que le pays vit sous la menace permanente des organisations terroristes et criminelles, certains nigériens mal intentionnés ne trouvent mieux que de chercher à saper le moral de nos soldats en ce moment précis où ils ont le plus besoin de soutien de leurs concitoyens, particulièrement à la suite des pertes subies lors de l’embuscade du 14 mai 2019. (…) C’est le cas d’un homme politique qui, du lieu de son exil, à travers un document audiovisuel dont il revendique la paternité, a tenu des propos d’une extrême gravité et de nature à porter atteinte et à la cohésion de nos forces de défense et de sécurité ».
Vingt-huit soldats nigériens ont été tués mardi 14 mai près de la frontière malienne dans la région de Tillabéri, à l’ouest du Niger, près du village de Tongo Tongo où quatre soldats américains et cinq militaires nigériens étaient tombés dans une embuscade en 2017.