Exilé depuis plus de 8 ans, Mohamed Bouamatou n’en reste pas moins l’une des personnalités les plus présentes dans les présidentielles mauritaniennes. Le patron du Groupe BSA a confirmé une incessante rumeur en rendant public son soutien à Sidi Mohamed Ould Boubacar, ancien premier ministre sous Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya, qui fait partie des cinq opposants qui affronteront le candidat du pouvoir, Mohamed Ould Ghazouani, lors du premier tour des présidentielles prévu le 22 juin prochain.
« Mon intention était de me présenter à ces élections. Je m’y étais résolument préparé, conformément à mon engagement de lutter inlassablement contre la dictature. Je constate malheureusement que le régime a usé de tous les moyens pour m’en empêcher. Par conséquent et dans ces circonstances, j’appelle à voter pour M. Sidi Mohamed Ould Boubacar. Sa candidature est aujourd’hui en mesure de rassembler, autour d’elle, tous nos compatriotes qui aspirent à un réel changement démocratique », lit-on dans la missive de l’ancien patron des patrons relayé par la presse mauritanienne.
D’abord exilé dans la cité cosmopolite de Marrakech en 2011, puis à Bruxelles, l’homme d’affaires, promoteur de la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique en janvier 2016, est sous le coup d’un mandat d’arrêt de l’Etat mauritanien doublé d’une « demande courtoise mais ferme » de quitter le territoire marocain en décembre 2018. Les tentatives mauritaniennes de relayer le mandat d’arrêt via Interpol sont restées infructueuses, la police des polices ayant déclaré en novembre 2018 que l’affaire comportait une dimension politique prédominante.
Loin de lâcher prise, le gouvernement mauritanien qui aurait saisi une troublante correspondance entre l’homme d’affaires et le tout puissant Me William Bourdon, initiateur de l’ONG Sherpa, auteur d’un rapport à charge sur Nouakchott, n’a pas renoncé à mettre la main sur son « ennemi intime ».
Dans cette guerre fratricide, l’irruption de Bouamatou dans les présidentielles ne relève pas du hasard. En février dernier, ses soutiens ont essayé de l’imposer à la tête d’un projet de candidature unique de l’opposition restée finalement lettre morte à cause entre autres du maintien du mandat d’arrêt. Plus que jamais sous pression, Bouamatou veut coûte que coûte mettre fin à un régime qui s’il se perpétue risque de mettre à terre son tentaculaire empire BSA.