« Notre offre Global Custody illustre notre vision continentale »
En marge du lancement par la BCP de son offre «Global Custody», Financial Afrik s’est entretenu avec Kamal Mokdad, Directeur Général de la BCP et de l’International. L’occasion de revenir sur la portée de cette offre destinée aux investisseurs internationaux et africains présents sur plusieurs marchés et, au passage, de commenter les performances du groupe bancaire en 2018 et ses perspectives en 2019.
Le groupe BCP vient de lancer son offre «Global Custody». Quelle est sa portée et quelle catégorie de clientèle d’affaires est concernée ?
Les investisseurs internationaux passent, selon les processus standards du post-trade, par des global custodians pour le dénouement de leurs transactions et la conservation de leurs actifs. Notre offre répond à ce besoin et permet de couvrir l’exécution des transactions de règlement/livraison ainsi que la conservation d’actifs sur plusieurs marchés à la fois, qui peuvent être africains, mais aussi en dehors du Continent. Cette nouvelle offre permet donc un accompagnement multi-marchés à travers un seul guichet unique.Généralement, les global custodians disposent d’une couverture géographique selon deux schémas : un premier schéma avec des filiales en propre sur les marchés domestiques, ce qui leur permet de sécuriser les transactions et les avoirs de leurs clients. A cet effet, ils adoptent une stratégie d’expansion endogène pour couvrir en propre le maximum de places de marché de par le monde ;un second schéma reposant sur des partenaires, dits sub-custodians, rigoureusement sélectionnés au niveau des marchés où ils n’ont pas de présence physique (importance du marché, capitalisation, appétit de leurs clients…).
Quel est le potentiel de développement d’une offre aussi sophistiquée sur le marché africain ?
Historiquement, les marchés domestiques africains n’étaient pas des priorités pour les grands opérateurs mondiaux, et ce, en raison de la taille du marché et de la nature des investissements. Nous observons cependant, depuis peu, plusieurs tendances, qui se renforcent d’année en année : augmentation des flux d’investissement sur le Continent, à travers les fonds d’investissements, d’assets-managers, les fonds souverains, les banques, et family offices… ; L’on note une hausse continue de la poche Afrique dans le portefeuille investissement de plusieurs assets-managers, principalement dans une logique de diversification et de dilution de risques. L’autre tendance observée est l’augmentation de plus en plus importante de l’investissement intra-africain. Cela dit, les opérateurs ont besoin d’un partenaire capable de les accompagner partout où leurs investissements l’exigent avec des solutions performantes et efficaces.
Concrètement, quels sont les clients visés par votre offre ?
Notre offre a été construite en tenant compte du contexte que je viens d’évoquer et en tirant parti de la vocation panafricaine de notre groupe. Elle s’adresse à deux catégories d’investisseurs : les investisseurs intéressés par les marchés africains, à travers la couverture géographique du groupe BCP en Afrique et à partir de Casablanca. Notre offre permettra à nos clients d’investir, en toute sécurité, dans plusieurs zones économiques continentales en parallèle : Afrique du Nord, zone UEMOA, zone CEMAC, Ile Maurice et Madagascar, et dans d’autres marchés à forte attractivité à travers des partenariats ciblés ;
s’agissant des investisseurs africains, l’offre permettra de les accompagner dans la diversification de leurs portefeuilles d’investissement aussi bien sur le Continent que dans d’autres marchés hors Afrique. Et cela, grâce à la couverture africaine de l’offre et aux partenariats que nous avons avec de grands global custodians mondiaux.
Les investisseurs visés par notre nouvelle proposition de valeur sont les institutionnels, les brokers, les asset-managers, les banques et les autres teneurs de comptes/conservateurs.
Le projet est porté par la filiale Médiafinance. Est-elle prête à faire de la conservation de titres dans tous vos marchés de présence, notamment en zone CEMAC et UEMOA ?
Notre filiale Médiafinance, spécialisée dans les activités « Titres », a commencé depuis 2016 à déployer son catalogue de produits et services d’abord au Maroc, puis dans les autres pays de présence du groupe en Afrique subsaharienne. Médiafinance s’est appuyée sur les synergies avec la BCP et les filiales subsahariennes pour concevoir et déployer sa nouvelle offre afin qu’elle couvre ces deux zones économiques importantes. Ces synergies, notamment l’adossement de Médiafinance à la BCP, apportent une assurance très importante aux clients potentiels quant à la sécurité de leurs actifs à détenir sur ces zones.
Votre participation au WFC 2019 à Marrakech est-elle le signe d’un repositionnement des activités de conservation des titres et du marché en général au sein du portefeuille de la Banque ?
Le groupe a décidé d’être partenaire de l’édition 2019 du World Forum Conference of CSDs car c’est un événement mondial majeur de l’industrie «Titres», qui se tenait de surcroît pour la première fois au Maroc. Par ailleurs, dès 2016 et dans le cadre de notre plan stratégique «Elan 2020», nous avions retenu le développement des métiers «Titres» comme axe majeur de notre stratégie relative aux marchés des capitaux. Médiafinance a donc été positionnée sur ces métiers créateurs de valeur afin de compléter l’offre globale du groupe BCP à destination des investisseurs internationaux et de contribuer ainsi au renforcement de sa vocation panafricaine.
Pouvez-vous revenir sur les performances du groupe BCP en 2018 ?
Globalement, l’exercice 2018 a vu notre PNB franchir pour la première fois la barre des 17 milliards de dirhams, en hausse de 4%. Nous avons consolidé notre part de marché, qui est d’environ 27% dans la collecte des dépôts au Maroc. Ces dépôts sont en hausse globale de 3,6% et connaissent une progression y compris sur le très disputé marché des particuliers locaux au Maroc. Le groupe BCP reste aussi la référence sur son activité historique de banque des Marocains du Monde (diaspora), avec une part de marché de 52% dans les activités de transfert de cette catégorie. Si je devais commenter notre bilan de banque qui accompagne l’activité économique, je dirais que nous avons accordé deux fois plus de crédits (15 milliards de dirhams distribués en 2018) que nous n’avons reçu de dépôts. Ceci explique en partie l’augmentation de notre part de marché crédit (24%) de 31 points de base.
Que représentent les filiales de l’Afrique subsaharienne dans vos activités ?
Nos filiales en Afrique subsaharienne jouent désormais un rôle important dans la dynamique globale du groupe BCP. Elles ont contribué d’environ 24% dans notre RNPG au titre de l’exercice 2018, grâce notamment à leurs performances exceptionnelles. Ces filiales présentent en effet un produit net bancaire en progression de 14%, principalement tiré par l’activité d’intermédiation.
Sur l’exercice 2018, BIA-Niger et notre nouvelle filiale à Maurice, la Banque des Mascareignes, devenue BCP Bank (Mauritius) Ltd, ont été intégrées dans le périmètre de consolidation.
Dans l’ensemble, cette diversification géographique est un gage de solidité et une occasion de servir notre Continent en accompagnant les besoins des opérateurs économiques par des produits adaptés.
Qu’est-ce qui explique l’importante hausse du résultat net de la banque ?
Nous avons en effet enregistré un résultat net groupe de 3,5 milliards de dirhams, en hausse de 3,8%. Le résultat net part du groupe, quant à lui, s’est élevé à 2,9 milliards de dirhams, en progression de 3,5%. Cette performance s’explique par la bonne dynamique générale des activités bancaires et celles de nos filiales. S’agissant en particulier des activités internationales, et au-delà des indicateurs en forte croissance détaillés plus tôt, le coût du risque a enregistré une baisse significative de l’ordre de 60%. Tous les ratios de solvabilité calculés sur la base des nouvelles normes (notamment IFRS 9) sont largement couverts au-delà des minima requis. Le ratio tiers one est consolidé à un niveau supérieur à 10,5%. Par ailleurs, l’augmentation de la distribution de dividendes de l’ordre de 15% décidée par le Conseil d’Administration de la BCP est une reconnaissance de l’effort d’investissement des actionnaires.
Quelles sont vos perspectives en 2019 ?
La BCP, premier collecteur de dépôts sur le marché marocain, devrait poursuivre sa dynamique dans le cadre du plan stratégique «Elan 2020» et en cohérence avec nos réalisations sur 2018 et nos prévisions budgétaires. Nous devrons également assister à la montée en régime de certaines de nos filiales spécialisées comme Médiafinance, seule entité bancaire en Afrique dédiée à l’activité «Titres». L’opérationnalisation de notre nouveau schéma directeur de la distribution en Afrique subsaharienne devrait aussi soutenir le développement de notre activité de banque de détail.