« Des investissements sur des plateformes logistiques de grande taille sont nécessaires pour inverser la donne en Afrique », Hassan Akbari, directeur général adjoint de Tanger Med 2 SA (TMSA)
Par Ibrahima Dia Junior, envoyé spécial à Tanger
Le Maroc et ses 3200 km de côte Atlantique qui viennent rencontrer la Méditerranée dans ce détroit de Gibraltar si stratégique pour le commerce mondial, si vital pour les grandes lignes maritimes Est-Ouest, compte sur sa stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030 pour s’intégrer dans une compétitivité internationale et régionale qui passe par les mers.
Ainsi, le port Tanger Med 2, inauguré en présence de 200 organes de presse du monde entier dont Financial Afrik fait partie des projets portuaires les plus structurants avec une capacité de 9 millions d’EVP.
L’enjeu est de taille pour le Maroc mais également pour les pays membres de la zone de libre-échange continentale (ZLEC). Faut-il le rappeler, le commerce ne représente que 3% des échanges mondiaux. Des investissements sur des plateformes logistiques de grande taille sont nécessaires pour inverser la donne, nous dit Hassan Abkari, DG Adjoint de TMSA qui s’est confié à Financial Afrik, vendredi 28 juin le long de ce grand port, le premier de la Méditerranée.
L’inauguration du port Med 2 était annoncée en début 2019. Le port n’a finalement été réceptionné que le vendredi 28 juin. Qu’est-ce qui explique ce retard ?
L’inauguration était prévue pour le premier semestre de 2019. Et nous sommes aujourd’hui au mois de juin. Donc, il n’y a pas eu de retard contrairement à ce qui est avancé.
Les réglages ont pris du temps. On a procédé à l’ouverture du second terminal conteneur. Pour bien sûr un temps physique de livraison des grues et un temps de réglages de la superstructure.
N’oubliez pas que c’est un terminal automatisé, le second dans le monde et le premier en Afrique.
Donc il a fallu quelques semaines pour mettre en marche ce dispositif. Ce sont des grues qui peuvent traiter des navires de plus de 20000 EVP et d’une longueur de plus de 400 m. C’est un dispositif technique de pointe qui, bien entendu, nécessite la mise en place et la montée en puissance de tous ces équipements sur les quelques semaines écoulées. En définitive, Je ne vois pas de retard.
Quelles sont les retombées positives de cette infrastructure sur le continent africain ?
Par rapport au continent africain, le port représente aujourd’hui un enjeu de grande taille puisqu’ il permettra d’accroître le volume des échanges.
Comme vous le savez, le complexe industriel portuaire Tanger Med 2 a une capacité de traitement de 9 millions d’EVP.
Si vous interrogez les statistiques, en 2018, le port Tanger Med est devenu la première plateforme marocaine d’import-export avec 317 milliards de dirhams (NDLR: 32 milliards d’euros) de volume en valeur des échanges entre le Maroc et l’étranger dont 139 milliards d’exportations.
Donc, Tanger Med a aussi pratiquement atteint la barre des 3,5 millions d’EVP avec le monde, le transport de moyen export. Et plus de 326 000 camions qui ont transité par cette infrastructure pour rallier soit la péninsule ibérique, soit la France ou d’autres ports espagnols.
Cela nous permet d’atteindre une masse critique. Et de jouer le rôle d’hub sur le continent et sur le plan international pour plusieurs lignes maritimes de niveau mondial.
Le port permet aussi de servir de manière plus adapté les pays d’Afrique de l’ouest qui y sont directement reliés. Et ainsi de réduire le temps de transit d’un conteneur .Par exemple en provenance d’Asie vers l’Afrique, qui se voit gagner pratiquement 10 jours de temps de transit.
Les députés marocains ont adopté, lundi 24 juin, l’accord portant sur la ZLECAF. Ce feu vert témoigne de l’importance que les autorités accordent pour ce marché commun riche de 1,2 milliard de consommateurs.
Maintenant quelle sera la stratégie des autorités portuaire pour aller à l’assaut de cet espace commun ?
Aujourd’hui, Tanger Med suit la stratégie nationale 2030 qui consiste à s’ouvrir sur le marché africain. Plusieurs projets sont en cours de développement par Tanger Med dans certains pays africains. Et la connectivité dont nous disposons actuellement permet d’enrichir ces échanges et d’améliorer la qualité des relations commerciales avec ces pays.
En marge de la rencontre de l’Association des zones économiques et zones franches d’Afrique à Abidjan en 2018, les autorités de Tanger Med ont prôné une industrialisation de l’Afrique. Que comptez-vous faire pour renforcer cette initiative ?
Aujourd’hui les échanges économiques avec l’Afrique permettent aussi de porter sur des projets équitments .Donc l’infrastructure industrielle Tanger Med est une expérience qui peut être partagée avec des partenaires africains.
Le port, bien entendu, a une technique claire sur sa politique de position d’ouverture totale.
Ceci pour accompagner l’ensemble des partenaires du sud pour une révolution industrielle en Afrique sur la base des expériences acquises par Tanger Med.
Quel est le nombre d’emplois que cette infrastructure va générer ?
Jusqu’à aujourd’hui le port Tanger Med 1 a une capacité de traitement de 3,5 millions d’EVP mais avec le chiffre de 3,45 millions d’EVP enregistré l’année dernière.
Cela a permis de créer dans le port et dans le pourtour immédiat du port 75 000 emplois.
Donc cette tendance, ce cercle vertueux qui a été initié par cette première infrastructure pourra continuer et permettra d’envisager une croissance au même rythme sur les années à venir.
Dans un contexte de numérisation comment vous allez faire pour simplifier davantage les procédures des échanges douanières ?
La dématérialisation et la digitalisation sont l’une des composantes essentielles pour la facilitation du passage au niveau des postes frontaliers notamment les opérateurs. Ces derniers ont besoin aujourd’hui de transparence et de prévisibilité pour s’engager avec leurs clients finaux.
Cette facilité est apportée par le système d’information des échanges de données entre les différents acteurs de contrôle. Le passage de ces marchandises est aujourd’hui une nécessité absolue.
Et il faut que tous les acteurs institutionnel ou privé puissent s’impliquer et emboiter le pas à cette dynamique pour permettre aux objectifs d’être atteints.
Propos recueillis par Ibrahima junior Dia