Dans la nouvelle édition de son indice de fragilité politique et sociale en Afrique, Coface tire la sonnette d’alarme sur les tendances récentes en matière de conflits, et les risques d’instabilité qui affectent le développement économique de la région.
« Risques politiques en Afrique : la température monte ». C’est le titre du document rendu public jeudi 4 juillet à Paris par l’expert en assurance-crédit. « Conflits, terrorisme, tensions sociales et politiques ; les maux qui ont secoué l’Afrique ces derniers mois vont continuer à fragiliser et déstabiliser le continent », résume-t-il.
En effet, le continent a régulièrement été marqué par des conflits d’intensité et de natures différentes au cours des dernières décennies, rappelle Coface dans sa publication de 12 pages. D’origine politique pour la plupart, ces conflits « auxquels se mêlent parfois des considérations ethnique, religieuse, voire linguistique, restent également présents en Afrique», région qui « qui compte, et de loin, le plus grand nombre de conflits non étatiques ».
« Ils ont notamment été à l’origine d’une baisse des flux d’investissements et commerciaux, retardant le développement de certains pays du continent », remarque l’expert.
En outre, Coface signale que dix pays pourraient être ou continuer à être secoués dans un futur proche. Il s’agit de l’Angola, du Cameroun, de Djibouti, de l’Egypte, de l’Ethiopie, de la Mauritanie, du Mozambique, de l’Ouganda, de la RDC et du Tchad. « L’augmentation observée en matière d’instruments de la mobilisation est l’un des facteurs derrière l’intensification du risque et pourrait être une source potentielle de déstabilisation dans d’autres pays à plus long-terme », écrit-il.
Par ailleurs, « nos indices de violences politiques confirment une recrudescence des évènements violents par rapport au début du 21ème siècle ». Ainsi, sur l’ensemble du continent, on dénombrait, en 2018, près de deux fois plus de conflits que 10 ans plus tôt, relève Coface.
« Le nombre de victimes a également été multiplié par deux et dépasse le seuil des 70 000 décès par an pour la troisième fois depuis 30 ans (après les périodes 1990-1991, au plus fort de la guerre du Golfe, et 1999-2000, marquée par la guerre fratricide entre l’Éthiopie et l’Érythrée). Simultanément, le terrorisme, se répand comme une autre forme de violence politique, particulièrement dans les zones déjà touchées par les conflits », écrit l’expert en assurance-crédit.
Nigéria, « le risque politique sous toutes ses formes »
Si le Maroc est présenté comme un « pays sûr », au Nigéria, le risque politique est présent « sous toutes les formes ». Avec un indice de conflit de 85 % en 2018 (contre 100% depuis 2015), la première économie du continent enregistre le score d’indice de terrorisme le plus élevé d’Afrique depuis 2012.
Le pays se distingue, par ailleurs selon Coface, par un score d’indice de fragilité politique et sociale relativement élevé de 59 %, après avoir culminé à 61 % l’année précédente. « Outre la fragilité de la structure institutionnelle, sociale, ethnique et religieuse, ce score est notamment lié à la crise économique consécutive au contre-choc pétrolier de 2014, le pays enregistrant sa première récession en 25 ans (en 2016) », commente l’expert. En conséquence, le PIB par habitant n’a pas progressé depuis quatre ans et, si la prévision de croissance de Coface pour 2019 (2,3 %) s’avère exacte, cette série s’étendra à une cinquième année consécutive.