L’évaluation des projets intégrateurs révèle le long chemin qui reste à parcourir pour faire de l’Afrique centrale, un espace économiquement intégré dont des échanges intra-communautaires sont en deçà de la moyenne continentale.
Par Achille Mbog Pibasso
L’Afrique centrale traine la mauvaise réputation de la zone la moins intégrée du continent. Résultat des atermoiements et des contradictions de l’application des mesures communautaires communément admises, mais dont chaque pays ne semble finalement appliquer que ce qui l’arrange.
Toujours est-il que rarement on n’aura vu les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) se mobiliser de manière continue, pour explorer et éplucher ensemble, les problèmes de développement intracommunautaire. Les 5 et 6 juillet 2019, Douala, la métropole économique du Cameroun a accueilli une table ronde réunissant outre les pays de la zone, les partenaires au développement, entre autres, la Banque mondiale (BM), l’Union européenne (UE) et la Banque africaine de développement (BAD).
Au sortir de cette rencontre, il se dégage un consensus: il faut accélérer le processus d’intégration physique et commerciale dans la sous-région dans l’optique de faire de la CEMAC à l’horizon 2025 « un espace économique intégré émergent où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain ». Une vision qui participe la mise en œuvre de la seconde phase du Programme économique régional (PER-CEMAC).
Le tableau, présenté par le Président de la Commission de la CEMAC Daniel Ona Ondo est loin d’être reluisant. Non seulement cet espace géographique présente le plus faible réseau d’infrastructures du continent, mais c’est aussi l’Afrique centrale qui constitue le plus faible taux d’échanges commerciaux intracommunautaires, avec moins de 3%, contre en moyenne 10% pour les autres communautés économiques régionales. Traduction, « l’intégration régionale peine à devenir le moteur de croissance et de développement des économies de la zone Cemac », a-t-il insisté.
Sur les projets en cours, il ressort que la Zone CEMAC dispose d’un portefeuille de 13 projets, dont 7 ont démarré. Il s’agit notamment de la construction de 12 postes frontières dotés de pèse-essieux et d’équipements informatiques ; la mise en place d’un satellite géostationnaire; le lancement du programme Centres d’excellence de la CEMAC ; le développement d’axes d’interconnexion électrique transfrontalière ; la construction de trois ports secs à Douala (Cameroun), Ngueli (Tchad) et Béloko (Centrafrique) ; la construction d’une dorsale régionale de télécommunications en fibre optique; l’harmonisation et l’interconnexion des administrations douanières de la CEMAC…
A cela on peut ajouter des projets de construction d’un pont le Chari reliant le Cameroun au Tchad, la route Sangmélima-Ouesso en cours de réalisation devant assurer la jonction entre le Cameroun et le Congo, ou encore le projet de construction d’un pont sur le Ntem à Kyo-Ossi au lieu dit « les trois frontières » devant relier le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale. Des projets soutient-on dont la réalisation permettrait d’établir une cohérence avec la deuxième phase du PER, qui vise une intégration physique et commerciale en Afrique centrale.