En règle générale, une assurance est une couverture souscrite par un individu ou une raison sociale pour faire face à un risque. C’est donc un moyen permettant à une personne appelée »l’assuré » de gérer les risques et de bénéficier du secours de l’assureur en cas de survenance d’un sinistre. Un assuré contracte une assurance pour se prémunir contre des événements dommageables (maladie, incendie, vol, décès…) ou contre les risques liés à certains objets qu’il possède (automobile, habitation…).
En souscrivant à une assurance, l’assuré transfère le coût d’une perte potentielle à une compagnie d’assurance en échange d’une somme d’argent appelée »prime » ou »cotisation » qu’il est tenu de verser selon les conditions et termes du contrat. On peut souscrire un contrat d’assurance auprès d’une société d’assurances, d’une banque, à travers un courtier ou un agent général. Certaines assurances sont obligatoires, comme l’assurance automobile pour les dommages causés aux tiers ou l’assurance-crédit qui rembourse un prêt en cas de décès de l’emprunteur ou encore l’assurance garantie décennale qu’un constructeur immobilier doit souscrire.
De nombreuses assurances sont par contre facultatives, comme la garantie dommages en assurance automobile, une assurance complémentaire santé (qui couvre les frais médicaux au-delà du remboursement par la Sécurité sociale) ou une assurance-vie. Les causes du décalage de l’assurance africaine par rapport au reste du monde sont multiples. Il y a d’abord le faible pouvoir d’achat des populations et la non implication de certains Etats qui n’ont pas encore totalement intégré cette branche de l’économie dans leur stratégie de croissance, à part la Responsabilité Civile automobile et les facultés maritimes. S’y ajoute la faible étendue des assurances obligatoires.
L’apport des NTIC
«Contrairement à la banque, les personnes non bancarisées ont accès à des contrats d’assurance. Avec le boom des technologies de l’information, beaucoup de compagnies d’assurance ont commencé à vendre l’assurance par la téléphonie mobile et vous allez voir que même la banque commence à se faire par la téléphonie mobile. Donc cela atteint maintenant des gens qui n’ont pas de compte bancaire. C’est l’avenir du secteur financier’’ déclarait il n’y a pas longtemps, Sylvestre Konin , actuaire et fondateur du Cabinet Actu Conseil lors d’un séminaire avec les responsables d’Assurance sur les différents risques actuariels. C’est dire que les NTIC viennent comme une bouée de sauvetage pour un secteur en mal de popularité. Surtout que, les consommateurs ont de plus en plus conscience des atout des produits d’assurance, non seulement parce qu’ils ont davantage de biens à protéger, mais également parce que les téléphones mobiles et les produits de micro-assurance permettent d’atteindre une large part de la population rurale africaine qui vit dans des régions reculées.
Le développement de la distribution et du nombre d’habitants susceptibles de souscrire des produits d’assurance permettent aux assureurs d’améliorer leurs économies d’échelle et leur efficacité. L’ampleur de la population africaine (estimé actuellement à 1,27 milliard d’habitants) et son âge moyen (19,4 ans) font partie des attraits du marché, qui est devenu plus accessible grâce au numérique. «Nous sommes assez optimistes sur l’avenir de l’assurance au Ghana à court terme. Les législateurs et les autorités de régulation du pays accordent une grande attention à l’assurance, ainsi qu’aux autres segments du secteur financier, car ils reconnaissent son importance dans le développement du pays. Des exigences adéquates en matière de fonds propres et des contrôles plus stricts de la sous-tarification bénéficieront au secteur. De plus, la hausse des investissements en infrastructures et du revenu disponible stimulera la croissance des primes dans les branches tant entreprises que particuliers», explique Aretha Duk dans l’édition 2018 du baromètre des Assurances. L’évolution de la technologie permet, en effet aux compagnies d’assurances de personnaliser le service client et de développer une stratégie digitale ciblée. En Afrique, il est plus bénéfique d’utiliser les supports mobiles pour échanger plus facilement avec les prospects dans leurs canaux préférentiels. On sait aujourd’hui que l’assuré émergent se connecte régulièrement sur Internet, fait ses recherches sur les espaces tels que Google, utilise fréquemment les réseaux sociaux.
Une hausse du volume des primes d’assurance
Grâce à l’arrivée des nouvelles technologies et à la volonté des assureurs de créer et de proposer des produits sur mesure pour leurs clients, ce secteur est plus que jamais en mesure de contribuer activement à la prospérité et au développement des économies africaines en tant qu’acteur important de ces dernières. Par conséquent, en 2016, le volume total des primes d’assurance en Afrique s’établissait à 60,7 milliards de dollars, soit 1,3 % des primes d’assurance dans le monde. Ce qui correspond à un taux de pénétration de l’assurance de 2,8%. Le volume des primes d’assurance a progressé de plus de 5 % en 2016 au Maroc, en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et au Zimbabwe. Bref, la croissance moyenne des dix principaux marchés vie était de sensiblement supérieure à 5 %. Entre 2012 et 2016, les primes d’assurance-vie au Maroc, au Kenya, au Zimbabwe et au Ghana ont enregistré un taux de croissance annuel moyen de plus de 10 %. L’Afrique du Sud, qui est le plus grand marché vie du continent, a réalisé une croissance supérieure à 5 % sur la même période, même si la progression, relativement atone ces deux dernières années, reflète le ralentissement économique du pays. Parmi les quinze principaux marchés vie, seuls la Namibie, le Nigéria, la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie ont obtenu des taux de croissance annuels moyens inférieurs à 5 % sur les cinq dernières années.
Le Partage des risques
L’activité d’assurance repose sur la mutualisation des risques, les primes payées par tous les assurés finançant les indemnités versées à ceux qui subissent des sinistres. L’assurance permet le partage des risques entre une multitude de personnes, chaque assuré ayant droit à recevoir une indemnité en fonction de la nature et de l’importance des dommages subis en cas de sinistre ou d’accident, en contrepartie du paiement d’une cotisation appelée prime d’assurance. Le plus souvent, la prime est payée au début d’une certaine période (en général une année) et l’ensemble des primes collectées par l’assureur doit lui permettre de couvrir les indemnités que celui-ci aura à régler pendant la période en question.
Une garantie de sécurité pour les épargnes !
A la différence des banques, en assurance les tiers ayants bénéficient des mêmes prévilèges que ‘’l’assuré’’ principal. Ils sont donc désormais nombreux ceux qui désertent les banques pour sécuriser leurs épargnes chez les assureurs. L’activité d’assurance repose en effet sur la mutualisation des risques, les primes payées par tous les assurés finançant les indemnités versées à ceux qui subissent des sinistres. Une partie des engagements pris par les assureurs peut cependant être transférée à des réassureurs, ces derniers étant donc les assureurs des assureurs.
Quelle protection pour le consommateur assuré ?
Selon Landry Boyou de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale de Côte d’Ivoire ( CNPS ), les turbulences financières que le monde a récemment traversées ont montré l’importance de garantir aux consommateurs une protection efficace dans l’ensemble des secteurs financiers, dont l’assurance. Les mouvements de consumérisme qui se sont développés à un rythme effréné ont renforcé davantage la protection des consommateurs. C’est dans cet environnement que les législations, en la matière, ont considérablement progressé ces dernières années et les consommateurs d’aujourd’hui sont de plus en plus à la recherche de conseils et prêtent, beaucoup plus qu’auparavant, attention à la qualité et aux coûts des produits.
Dans le secteur des assurances, il s’agit non seulement de la nécessité d’une réglementation et de surveillance adéquates de tous les prestataires qui traitent directement avec les consommateurs assurés, mais également des pratiques de vente qui constituent souvent de vives préoccupations quant aux normes régissant la commercialisation des contrats d’assurances.
En outre, la protection des consommateurs d’assurances a été organisée principalement par le code des assurances et accessoirement par la protection du consommateur. La nécessité d’accorder une protection particulière aux consommateurs d’assurances et une surveillance régulière de la part de l’Administration de contrôle se justifie pour des raisons multiples :
– Les contrats d’assurance sont des contrats d’adhésion complexes, difficiles à comprendre au moins pour les particuliers. Il importe de protéger les consommateurs devant des groupes financiers puissants que sont le plus souvent les compagnies d’assurances. Le Code des Assurances affirme clairement cet objectif : le contrôle de l’Etat s’exerce dans l’intérêt des assurés, souscripteurs et bénéficiaires de contrats.
– Le principe même de l’assurance consiste à faire payer d’avance des cotisations aux assurés et à payer ensuite les sinistres s’ils surviennent. Sur ce point, le paiement des sinistres, la zone CIMA a du chemin à faire. Il faut empêcher des assureurs ou des intermédiaires sans scrupules d’encaisser des cotisations puis de disparaître avant de régler les sinistres.
– Sans même aucune intention de fraude, un assureur peut se tromper de bonne foi sur le niveau de sa tarification ou sur le provisionnement des sinistres à payer. Si ces erreurs ne sont pas décelées à temps, l’assureur finira par ne plus pouvoir honorer ses engagements et fera faillite, ce qui portera un préjudice grave aux assurés et aux tiers créanciers de cet assureur. La mauvaise foi de l’assureur peut être, aussi, la cause de ce genre de désastres pour les victimes.
– Les engagements des assureurs à l’égard de leurs assurés et des tiers bénéficiaires figurent au passif de leurs bilans et sont équilibrés à l’actif par des placements immobiliers ou mobiliers. La réalité et la solidité de ces actifs doivent aussi être contrôlées pour vérifier si la sécurité des contrats d’assurance est garantie. L’Etat impose aux assureurs des règles précises relatives aux types de placements au moyen desquels les assureurs peuvent représenter leurs engagements techniques.
Le devoir d’information de l’assuré
Les consommateurs devraient recevoir à l’avance des informations claires sur le statut de la personne qui leur vend un produit d’assurance et sur sa rémunération. L’obligation de fournir des informations sur le statut des entreprises et des intermédiaires et d’assurance participerait de la transparence nécessaire pour améliorer la relation assureur-assuré. Ces informations devraient être fournies au consommateur au stade précontractuel. Elles viseraient à montrer la relation entre l’entreprise d’assurance et l’intermédiaire, ainsi que la composition de la rémunération de l’intermédiaire et la manière dont elle est structurée.
Il est essentiel pour le consommateur de savoir s’il traite avec un intermédiaire qui le conseille sur les produits proposés par un large éventail d’entreprises d’assurance ou sur les produits offerts par un nombre déterminé d’entreprises d’assurance. Ce genre d’information sur des produits multiples d’assureurs différents permettra au consommateur et très facilement d’arbitrer, en fonction du coût et de l’adéquation des garanties par rapport à ses besoins, entre plusieurs contrats proposés par l’intermédiaire d’assurance. Le contexte actuel de protection du consommateur a considérablement évolué aujourd’hui et la concurrence aidant, il est légitime que l’assuré prête aujourd’hui davantage attention aux coûts. L’obligation de communiquer des informations sur le commissionnement de l’intermédiaire rentre dans ce cadre. Mais tant que le paiement du sinistre ne sera pas une évidence, il est bien hardi de dire que le client est roi sous nos cieux africains. Les relèvements actuels de capitaux minimums y changeront-ils queque chose?