Le discours de Dakar de Yves Eonnet, prononcé en février dernier dans la capitale sénégalaise, est plus que jamais d’actualité.
Par Yves Eonnet, expert financier, PDG de TagPay.
C’est en Afrique que se trouve la Silicon Valley de la banque parce que c’est sur ce continent que la banque de détail est en train de se réinventer. Avec 80 à 90% de la population hors du système bancaire et 100% de la population active équipée d’au moins un téléphone mobile, il est naturel que la banque mobile digitale se construise et se déploie pour servir ces populations. L’inclusion financière est un formidable potentiel de croissance pour les banquiers africains qui vont utiliser les toutes dernières technologies informatiques pour conquérir ce nouveau marché. L’Europe et les US sont à la traîne car ils sont bloqués par un marché totalement saturé. Les banquiers occidentaux mettront donc plus de temps que les banquiers africains à entrer dans l’histoire de la banque digitale.
Avec l’arrivée du digital, nos vies ont changé : nous ne nous rappelons plus comment nous gérions nos itinéraires, nos mails, nos photos, nos rendez-vous et nos alertes dans le monde d’avant. C’est donc des banquiers africains que nous attendons la création de cette banque réinventée et qui va enfin correspondre à nos nouvelles vies. Ceci est d’autant plus stratégique que l’économie africaine ne pourra pas émerger tant que la population ne sera pas bancarisée et restera dans l’informel. Il s’agit évidemment de sécuriser et de faciliter les échanges et les mouvements d’argent mais il s’agit surtout de mobiliser l’épargne locale afin de financer l’économie. Avec cette double responsabilité, les banquiers africains sont au cœur du développement de leur pays. Mais attention, la question n’est pas de savoir s’il faut bancariser la population. La question est de savoir qui va le faire. Il est maintenant évident que les opérateurs télécoms s’attaquent à une partie de la chaine de valeur de la banque avec leurs services de mobile money. Plus récemment, WhatsApp et Facebook ont annoncé l’arrivée de LIBRA, une cryptomonnaie mondiale alternative dont les transactions et les transferts seront instantanés et gratuits. Ce sont des signes très inquiétants pour les banques africaines. Jusqu’à présent, l’absence de technologies pertinentes empêchait les banques de réagir.
Maintenant, la technologie est disponible pour tous les banquiers et indépendamment des opérateurs télécoms et des réseaux. Comme le prouvent la Société Générale avec YUP !, TMB avec Pepele mobile ou encore Coris Bank avec Coris Money et bien d’autres. La banque peut déployer des activités rentables pour viser l’inclusion financière avec succès et de façon autonome. Il en va à la fois de la protection de leur business modèle et du développement économique de leur pays. À bon entendeur…
Un commentaire
Monsieur le Directeur de financialafrik.com,
Voici des idées pour simplifier l’avenir en effaçant certaines dettes entre les banques :
Il faut des schémas qui montrent visuellement le risque systémique bancaire international.
Cette recherche permettrait de trouver des idées pour obvier les conséquences du brutal coup de frein à main qui a bloqué l’économie.
Traduit en langage économique, le confinement ressemble à un brutal coup de frein à main qui immobilise net l’offre et la demande.
Il existe des logiciels (2) qui modélisent les méta-données en créant des illustrations en 2D ou 3D , cela explicite plus rapidement le phénomène étudié, ici le risque systémique. C’est à dire l’effet domino quand une banque majeure est en faillite : elle ne peut plus rembourser les autres banques qui lui ont prêté de l’argent et ces banques sont en faillite à leur tour. Et ainsi de suite.
Ici, l’idée de la visualisation des données bancaires concerne uniquement le marché du crédit des banques entre elles dans le monde.
Le but est de vérifier quels sont les crédits qui peuvent s’annuler par compensation . L’effacement de la dette des Etats n’a pas beaucoup de sens car l’assuré qui a souscrit une assurance vie est créancier de l’Etat. Il ne s’agit pas de chercher à effacer toutes les dettes de l’Etat mais les dettes correspondantes aux crédits entre les banques qui peuvent se compenser réciproquement.
Exemples :
Si la BNP a prêté 10 milliards d’euros à la banque Y en Chine, (donc la banque Y paye des intérêts pour 10 milliards d’euros)
et la banque Y en Chine a prêté 5 milliards à la banque Z en allemagne, (intérêts)
et la banque Z a prêté 15 milliards à la banque A aux Etats Unis, (intérêts)
et la banque A aux Etats Unis a prêté 20 milliards à la banque B en Inde, (intérêts)
et la banque B en Inde a prêté 30 milliards à la BNP (intérêts)
En suivant cette chaîne de crédit, les banques peuvent s’effacer réciproquement une partie de leurs dettes mutuelles.
Qui est capable de compter le nombre d’opérations de crédits que les banques se font entre elles chaque année depuis 50 ans ?
Ensuite, il faut regarder quels sont les crédits en cours qui peuvent être supprimés.
Si ces banques sont réunies autour d’une table, il y a la possibilité d’effacer une partie de la dette de chacune.
Si elles effacent en partie leurs dettes : que deviennent les intérêts ? Qui va modifier le plan de remboursement des intérêts qui est inclus dans le bilan de chaque banque ? Les flux financiers mondiaux qui concernent le remboursement des dettes, c’est une économie complète, au même titre qu’une entreprise qui crée de la richesse. « L’entreprise crédit » se crée une richesse : le remboursement des emprunts.
Posons l’hypothèse que globalement dans le monde, 500 milliards d’euros peuvent être effacés par compensation. Ipso facto, il y aura une diminution importante des flux financiers relatifs au remboursement des emprunts des banques entre elles. Comment gérer cela dans les bilans bancaires ?
Et les agences de notation vont-elles diminuer la note des banques qui auront moins de recettes parce que 500 milliards d’euros ont été effacés ?
Que deviennent les petites banques privées en cas d’effet domino des grandes banques ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_banques_privées
En pièce jointe, une étude des risques systémiques énonce que certaines assurances n’ont pas transmis les données requises pour évaluer leur propre risque systémique.
Cela semble contradictoire dans la crise actuelle car l’immobilisation brutale de l’offre et de la demande correspond à une interruption de l’activité. Les polices d’assurance ont été calculées sur la base d’une activité annuelle. Autrement dit, en examinant les comptes des assurances, certaines font des profits mirobolants car le facteur risque est nul en l’absence d’activité.
Cet argent indu des assurances peut servir à consolider les banques centrales pendant que les banques secondaires s’effacent leurs dettes entre elles.
Bruno
Références :
(1) http://www.ses.ac-versailles.fr/prgs_2019/niveau/terminale/terminale_c4.html
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_logiciels_de_statistiques
https://inventiv-it.fr/data-visualization/page/2/
Post scriptum :
Voici le texte qui dit que certaines assurances n’ont pas communiqué les données demandées :
2.4.2 Identification des assureurs systémiques mondiaux
Contrairement aux données utilisées par le Comité de Bâle, les données de l’AICA ne sont pas publiées. Même la liste exacte des assureurs qui participent à la collecte de données n’est pas publique.
Aussi, seule la liste publiée en juillet 2013 et confirmée en novembre 2014 est connue. Cette liste est dressée par ordre alphabétique, sans distinction de niveau d’importance systémique. Elle comprend les groupes suivants :
AIG (US)
Allianz (DE)
Aviva (GB)
AXA (FR)
Generali (IT)
MetLife (US)
Ping An (CN)
Prudential Plc (GB)
Prudential Financial (US).
La question de l’importance systémique des réassureurs doit encore être tranchée par le CSF et l’AICA.