Les Etats-Unis comptent renforcer leur présence commerciale sur le continent africain. Marco Kpeglo LeRoc, entrepreneur à la tête d’Up Africa Partners– investisseur et maître conférencier d’origine togolaise implanté aux Etats-Unis va organiser le Leadership Africa Summit le 17 août prochain à Lomé avec 350 participants attendus pour l’occasion au siège d’Ecobank. Entretien.
Propos recueillis par Rudy Casbi, Paris
Le 17 août, vous organisez le Leadership Africa Summit à Lomé. Quel est l’objectif de votre conférence ?
L’objectif est d’accompagner les investisseurs de la diaspora basés aux Etats-Unis à investir dans les pays africains. C’est la troisième édition le Leadership Africa Summit. Les deux premières éditions se sont déroulées dans la ville d’Omaha ( Nebraska, Etats-Unis). Nous avons eu beaucoup de retours positifs notamment sur notre site. Pour celle de Lomé, près de 400 participants sont attendus originaires de 14 pays. Plusieurs invités de marque seront présent à l’instar de Thione Niang. S’il évolue dorénavant dans l’agriculture au Sénégal, il a également travaillé avec le Président Obama puis avec le rappeur sénégalo-américain Akon dans son projet d’électrification de l’Afrique en compagnie de Samba Bathily. Le ministre togolais de l’agriculture, Koutera Bataka, nous partagera son expérience à la tête de son ministère. Sa venue est la démonstration de l’intérêt que porte les Etats sur la question de l’impact que les diasporas peuvent porter pour dynamiser les échanges économiques entre les pays africains et ceux où ces dernières sont implantées. Puis Zack Mwekassa, conférencier international et serial entrepreneur, participera au Leadership Africa Summit.
Quels sont le thème et le programme du Leadership Africa Summit ?
Le thème de cette conférence au Togo est assez simple : promouvoir le développement à travers l’entrepreneuriat et l’innovation. L’idée de créer ces conférences sur l’entrepreneuriat et le leadership avec un axe Afrique/ Amérique du Nord m’est venue car les diasporas africaines établies en Amérique du nord n’ont pas toujours idée des besoins en terme d’investissements concernant les start-up et les PME implantées en Afrique. Pour cette première édition en Afrique, nous avons axé sur quatre secteurs : l’agrobusiness, l’innovation technologique, l’entrepreneuriat féminin et le développement professionnel. Au cours de ce forum, nous allons organiser un concours de pitch pour les startups durant laquelle elles présenteront leurs projets. Les participants peuvent candidater sur notre site www.upafricapartners.com . Nous clôturerons les inscriptions à partir du 5 août. Ensuite, un jury de professionnel va délibérer pour sélectionner les cinq entreprises finalistes qui pourront présenter leur projet lors du Leadership Africa Summit. Enjeu : un chèque de 1 000 dollars pour les trois lauréats qui seront départagés à la suite d’une seconde sélection. Les heureux gagnants bénéficieront aussi de mentoring et de visibilité sur le plan international.
Vous êtes un chef d’entreprise implanté aux Etats-Unis alors que vous aviez vécu au Togo. Les logiques entrepreneuriales et d’investissements ne sont pas les mêmes. Quel parallèle pouvez-vous pourtant établir entre ces deux écosystèmes ?
J’ai grandi au Togo, à Lomé. Puis j’ai eu l’opportunité de suivre des études de comptabilité aux Etats-Unis.. J’ai écrit trois livres concernant la gestion financière. Puis j’ai constaté au gré de mes expériences que les Africains avaient développé des solutions dans le domaine de la finance que les Américains ne pouvaient pas ignorer. En Afrique, le micro-crédit est très développé et les entrepreneurs africains sont très doués pour trouver des systèmes de financements par la tontine ou le financement participatif. Aux Etats-Unis, un certain nombre de personnes aurait besoin de ses solutions. La dette estudiantine atteint plusieurs milliards de dollars aux Etats-Unis. C’est une vraie bombe à retardement au regard du prix exorbitant des études qui peuvent grimper jusqu’à 100 000 dollars. C’est impensable de voir un entrepreneur basé en Afrique s’endetter pour 100 000 dollars ! Pourtant les entrepreneurs du continent parviennent à s’autofinancer – avec certes beaucoup plus de difficultés – en innovant sur ce sujet. C’est pourquoi nous devons établir des ponts entre les entrepreneurs africains et les membres de la diaspora. On peut même dire plus largement que les Etats-Unis ne peuvent plus tourner le dos aux solutions déjà mises en pratique sur le continent africain dans un certain nombre de secteurs notamment dans la fintech. C’est pourquoi il faut créer des ponts entre les entrepreneurs africains et les investisseurs et entrepreneurs américains.
Si l’objectif est de créer des ponts entre les membres des diasporas et des entrepreneurs, cela implique-t-il un retour au pays natal pour les acteurs de la diaspora ?
L’idée n’est pas de dire à un membre de la diaspora de rentrer au pays et d’abandonner sa vie construite aux Etats-Unis ou ailleurs en Occident. L’objectif est de contribuer à l’émergence d’une société portée par des acteurs locaux qui connaissent bien les besoins du marché. On pourra ainsi entrer au capital de cette société. Nous pouvons apporter du mentoring et de l’expertise alors que ces derniers portent une réelle connaissance des besoins du terrain. C’est cette alliance qu’il faut défendre pour accroître les chances de succès de ces startups en réduisant les risques pour les membres de la diaspora qui souhaiteraient entreprendre en Afrique alors qu’ils ne maîtrisent pas l’environnement du business dans la région dans laquelle ils veulent s’implanter. L’objectif du Leadership Africa Summit est de recenser les projets les plus prometteurs sur le continent avant de le soumettre à l’investissement de la part des diasporas présentes en Europe et aux Etats-Unis.
*Livres de Marco Kpeglo LeRoc :
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