Le souverain marocain est revenu pour la deuxième fois en l’espace de quelques semaines sur la nécessité d’adopter un modèle de développement dans lequel le citoyen marocain est au centre. Dans son discours prononcé le 20 août à l’occasion de la célébration du 66ème anniversaire de la révolution du roi et du peuple, marquant le retour de feu Mohammed V de son exil forcé à Madagascar, Mohammed VI a annoncé la mise en place d’une Commission spéciale sur le modèle de développement devant conduire au « grand jihad », le développement économique au service du citoyen, centre et finalité des politiques publiques.
Ce nouveau modèle de développement qui fait la synthèse des 20 dernières années de développement du royaume vise principalement à « améliorer les conditions de vie de ses citoyens et à réduire les inégalités sociales et spatiales », précise le souverain. « En fait, poursuit le Roi, c’est particulièrement en milieu rural et dans les périphéries urbaines que sont concentrés les segments de la population les plus en difficulté ».
En attendant la mise en place de ce comité spécial, plusieurs mécanismes ont été mis en place pour corriger les inégalités. Entre autres, le Programme national de réduction des disparités en milieu rural doté de 50 milliards de dirhams (5 milliards d’euros) pour la période 2016-2022. De manière plus structurelle, le Maroc va appuyer la généralisation de l’enseignement, la formation professionnelle et la valorisation des terres agricoles. « l’obtention du baccalauréat et l’accès à l’université ne constituent pas un aboutissement en soi », a précisé Mohammed VI, insistant sur l’importance de la formation professionnelle et du travail manuel pour valoriser l’artisanat et le patrimoine culturel du pays.
En outre, le souverain a appelé à la préservation de la classe moyenne marocaine eu égard à « sa centralité dans le corps social » . Ces défis ne seront relevés, poursuit le Roi, « qu’en hissant le taux de croissance à des seuils plus élevés, en générant plus de richesses, en veillant à une redistribution équitable des fruits du développement ».
Dans son message, le souverain marocain appelle à la fin des dysfonctionnements de l’Administration, source de défaillances. « A ce propos, nous ne devons avoir honte ni de reconnaître nos faiblesses, ni d’avouer les erreurs qui ont entaché notre parcours. Nous devons, au contraire, en tirer les enseignements qui nous permettront de corriger les défaillances, de redéfinir le cap à suivre. »
Le Roi a rappelé le sens du développement économique donné par son grand père, feu Mohammed VI, à son retour d’exil, il y a 66 ans: « Sortis du petit jihad (l’épreuve de l’exil et de la récupération de l’indépendance), nous voilà de retour pour livrer le grand jihad (la vraie grande bataille du progrès et du développement) ». Pour le Maroc, le grand Jihad est toujours d’actualité.