A peine le premier exercice d’intégration de Saham Finances dans le périmètre de Sanlam bouclé que les premiers grands changements managériaux sont annoncés à l’horizon. Ainsi, Nadia Fettah, qui gérait Saham Finance (26 pays, 65 filiales) depuis Casablanca (Maroc), est désormais sous la tutelle de Heinie Werth.
Jusque-là directeur financier de Sanlam (CFO), ce haut cadre, qui cumule 15 années d’expérience au sein du groupe, est nommé CEO de Sanlam Pan Africa (SPA), nouvelle appellation (depuis le 28 février 2019) de la désormais ex Sanlam Emerging Markets. Monsieur Werth reportera directement à Ian Maxwell Kirk, le CEO Groupe de Sanlam, et aura en charge le développement du groupe dans le reste de l’Afrique et dans d’autres régions. Selon nos sources, cette nomination traduit la volonté de Sanlam de prendre le contrôle effectif de Saham Finances.
Dans la foulée de la nouvelle organisation, Junior John Ngulube, jusque-là CEO de Sanlam Emerging Markets, est nommé au rang de vice-président de Sanlam Pan Africa. A ce titre, il accompagnera Heinie Werth sur les 18 prochains mois avant de faire valoir ses droits à la retraite. Quant à Nadia Fettah, elle se voit dessaisie de la branche vie en tant que CEO de la branche General Insurance (Non Life, IARD).
Sanlam Pan Africa Life sera piloté par Robert Dommisse, un pur produit du groupe avec plus de 25 années d’expériences cumulées en interne. Cet expert de la haute finance était précédemment Directeur Exécutif en charge des Fusions & Acquisitions et des alliances stratégiques.
Les raisons des changements
Ces changements s’accompagnent de directives claires en matière d’objectifs à atteindre sur la qualité de service à la clientèle, le respect des engagements, le respect des opérations et l’intégration du capital humain selon les propos plusieurs fois repris dans les discours du top exécutif du groupe. «Il est important pour nous de toucher tous les gens. Que toutes les compagnies que nous avons achetées sentent qu’elles font partie du groupe. Qu’elles se sentent fières de faire partie de Sanlam», déclare Heinie Werth. Et de poursuivre: « Je pense que nous avons tous peut-être sous-estimé la complexité de l’introduction en Afrique Francophone, je pense que nous sommes sur la bonne voie mais, encore une fois, nous devons nous assurer que tous ces gens, sur l’ensemble du continent africain, sentent qu’ils font partie de Sanlam… ». Pour le moins, l’Afrique subsaharienne est peu représentée dans les nominations en cours.
Ces propos répétés mettent en évidence un challenge identifié au sein du Groupe Sanlam dans le cadre du processus d’intégration de Saham Finances et qui semble être fortement lié à la stabilisation du capital humain au sein de l’ex périmètre de Saham Finances.
Il est vrai que le turn-over est significatif au sein de Saham Finances et de ses filiales. Nous avons d’ailleurs rencontré plusieurs cadres et ex dirigeants du groupe (voir à ce propos l’interview que FA avait réalisé avec Magloire Dochamou, l’ex-directeur général de Saham Assurances Togo) faisant état de profondes tensions au sein du groupe Saham Finances lequel a, plus que jamais, un capital image à récupérer mais aussi des objectifs financiers immédiats à atteindre.
Rappelons que dans le cadre de l’acquisition de Saham Finances, Henie Werth faisait partie des personnes ressources du groupe Sanlam qui avaient eu à apprécier l’évaluation de la mariée, certainement sur la base des fonds propres et des prévisions de croissance. Aussi, le repositionnement de cette haute figure en tant que CEO de Sanlam Pan Africa lui permettra de vérifier de plus près la bonne application de la vision du groupe dans la zone de l’Afrique subsaharienne.
Cotée à la Bourse de Johannesbourg, Sanlam doit démontrer sa capacité de relever le défi de l’intégration dans une zone où beaucoup d’hommes d’affaires ont échoué. En récente interview avec Reuter, Ian Kirk, l’emblématique CEO du groupe, a estimé que «le retour sur investissement de Saham Finance sera plus long que prévu». Dans la foulée, le groupe sud-africain, leader continental du secteur de l’assurance, admet que sa filiale acquise en plusieurs phases à environ 1,7 milliard de dollars (soit, selon l’avis de certains experts financiers de la place de Casablanca, à peu près deux fois la valeur des fonds propres de Saham Finances) accuse une contre-performance de 7%. C’est dire si la pression est à son comble.