Des ministres et hauts responsables réunis à New-York dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, ont plaidé en faveur de la coopération Sud-Sud pour la sécurité alimentaire lors d’une session co-organisée par la Banque africaine de développement.
À l’occasion de cette session consacrée à la coopération triangulaire Sud-Sud pour réaliser l’objectif de développement durable sur la sécurité alimentaire, le président de la Banque, Akinwumi Adesina, a exhorté ses participants à une action collective, rapide et urgente pour mettre un terme à l’insécurité alimentaire en Afrique.
« Cela suffit ! Il est inacceptable que 250 millions d’Africains continent de souffrir de la faim. L’heure est à l’action ! » s’est-il indigné devant un auditoire particulièrement réceptif. « Des solutions, qui ont fait leurs preuves au Sud, existent : répliquons-les à grande échelle, en mettant en commun toutes nos ressources ! », a lancé le président de la Banque.
Différents leaders lui ont fait écho, à l’instar de la secrétaire exécutive de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, Vera Songwe : « le Rwanda est aujourd’hui un exportateur net de riz alors qu’il en était un importateur net en 2008. Pourquoi la Guinée-Bissau, qui en est un importateur net, n’arriverait-elle pas à suivre l’exemple du Rwanda, en profitant du leadership marocain dans les engrais, de l’expertise technique de l’Organisation mondiale de l’alimentation (FAO) et du financement de la Banque africaine de développement ? »
Pour Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification, cela est dû « à ce que nous avons tendance à nous sous-estimer » alors que la coopération Sud-Sud peut être redoutablement efficace.
De fait, l’Afrique pourrait devenir le grenier du monde, s’est enthousiasmé Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale. « Les initiatives de coopération Sud-Sud lancées récemment connaissent un succès important. L’initiative Soutenabilité, Stabilité et Sécurité (3S), initialement lancée par le Maroc et le Sénégal pour créer des emplois aux jeunes, aux femmes et aux migrants à travers la restauration de terres dégradées, connait un tel succès que 14 pays l’ont rejointe », témoigne-t-il.
Les 180 milliards de dollars d’importations alimentaires anticipées pour 2025 ne sont pas une fatalité si les solutions idoines sont mises en œuvre. Pour conjurer ce sort, la Banque africaine de développement a lancé une série d’initiatives, toutes ancrées autour de la coopération multi-acteurs, dans le cadre de sa priorité « Nourrir l’Afrique ».
La Banque africaine de développement a lancé le programme Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique (TAAT), destiné à déployer à grande échelle les technologies agricoles. Résultat : avec la coopération de 30 entreprises du secteur privé, la Banque a pu fournir des variétés de maïs résistantes au climat à 2,6 millions d’agriculteurs, qui les ont plantées sur plus d’un million d’hectares.
Le Fonds fiduciaire de coopération Sud-Sud, hébergé à la Banque sur financement brésilien, finance les efforts visant à transformer 16 millions d’hectares de savanes d’Afrique en un véritable grenier pour la production de maïs, de soja et de bétail.
En partenariat avec la Fondation Rockefeller, la Banque a lancé la plateforme « Leadership pour l’Agriculture », qui vise à rapprocher ministres de l’Agriculture et des Finances afin de mettre au point des incitations à l’investissement pour stimuler l’agriculture.
La Banque a également lancé un vaste programme de zones spéciales de transformation agro-industrielle pour doter les zones rurales d’infrastructures permettant aux entreprises agroalimentaires et agricoles de s’y implanter, stimulant ainsi le développement des chaînes de valeur agricoles.