Après trente années au service de l’Etat et des collectivités, le Groupe GUITER, fondé en 1989 par l’homme d’affaires Ansoumane KABA, s’impose comme la première entreprise de BTP en Guinée.
L’entreprise familiale peut se vanter d’avoir réussi là où beaucoup ont échoué dans le contexte politique d’un socialisme hérité d’Ahmed Sékou Touré – le père de l’indépendance de la Guinée – de l’époque qui n’était pas forcément favorable à l’émergence d’une société individuelle. Le chiffre d’affaires de GUITER a largement dépassé les milliards de franc guinéen.Même si le fondateur n’est pas homme à communiquer sur ses gains et pertes, force est de reconnaître que pour réaliser cet exploit, il lui a fallu consentir d’énormes sacrifices, s’armer de beaucoup de courage et de patience. Comme disait Louis XIV, « c’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre ». Autant dire que « pour gagner, il faut accepter de perdre », dixit Luis Fernandez.
Alors que dans les Etats voisins frontaliers les gros chantiers sont confiés le plus souvent à des entreprises étrangères à l’instar des mastodontes français de ce secteur, Bouygues et Eiffage, en Guinée, la préférence nationale semble être la règle comme l’explique le PDG de GUITER.
« Pendant ses quinze premières années, le groupe s’est hissé au premier rang des meilleures sociétés de droit guinéen dans la réalisation de pistes rurales et de routes inter urbain sur financement du budget national », évoque-t-il.
Le groupe a poursuivi son développement grâce à sa notoriété et à la confiance des autorités. Ainsi, « après les années 2000, la société a développé une stratégie de recherche de compétences au plan international, en faisant venir des experts cubains et espagnols, afin de qualifier son personnel guinéen et conquérir des marchés financés par des bailleurs internationaux. Ainsi, GUITER a intégré le cercle restreint des sociétés capables de répondre aux exigences des banques locales et des partenaires bilatéraux et multi latéraux », explique son patron.
Face aux contraintes économiques et politiques, l’entreprise s’est adaptée à l’évolution de l’environnement des affaires en Guinée. Elle est passée du statut d’entreprise individuelle à celui de Société à responsabilité limitée (SARL) puis en une Société anonyme (SA). La diversification de ses activités, sa quête de compétences et d’équipement ont suivi cette évolution.
« Notre zone d’activité, en plus d’être une zone agricole est aussi très riche en minerai (or et diamant). Lorsque l’opportunité de reprendre une unité de production de dimant s’est présentée, nous l’avons saisie car certains équipements dans le BTP participent activement aux opérations d’extraction minière. C’est ainsi que depuis huit années, nous avons une mine de diamant, et nous venons également d’acquérir des permis pour la recherche de l’or toujours dans la région de la Haute Guinée. Nous sommes également en train d’acquérir des terres pour la production de maïs et de fruits », poursuit-il.
Le capital humain étant la clef du succès de toute entreprise, le Groupe GUITER ne lésine pas sur les moyens pour recruter et débaucher les meilleurs dans le domaine du BTP. D’ailleurs, l’équipe actuelle est composée à la fois de compétences locales et étrangères qualifiées aux missions dévolues. Idem pour l’équipement. La société a acquis du matériel de pointe de dernière génération. Ce n’est donc pas par hasard si GUITER est sollicité par les grands groupes internationaux pour des contrats de sous-traitance. « Après 30 années d’existence, nous sommes devenus la société familiale de référence dans notre pays », s’énorgueillit Ansoumane KABA.
Dans cet environnement de concurrence réglementée par l’Etat, le PDG de GUITER souhaite que la préférence nationale dans les appels d’offres soit soutenue et mieux encadrée par le gouvernement qui n’octroie, pour l’heure, que 30 % des marchés du BTP en sous-traitance pour les entreprises nationales. Le Conseil National du Patronat de Guinée (CNP) présidé par Ansoumane KABA, souhaite, pour sa part, que les entreprises nationales soient revalorisées avec des contrats de cotraitance.
« Face à la puissance des marchés financiers et des grands groupes occidentaux, il faut avoir une volonté politique affirmée, en votant des lois pour encadrer et protéger les entreprises nationales afin de maintenir à la fois l’appétit des investisseurs étrangers et la protection des entreprises nationales », conseille-t-il.
Depuis ces cinq dernières années, le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts pour assainir et améliorer l’environnement des affaires. L’avènement de l’Agence guinéenne pour la promotion des investissements privés (APIP), la réforme du système judiciaire, la création du ministère des PPP (Partenariats publics et privés), l’ouverture d’une bourse des sous-traitants dans le secteur minier sont autant d’initiatives saluées par le patronat guinéen et les partenaires au développement. Le résultat est au rendez-vous.
« Depuis huit années, la Guinée connait une croissance moyenne satisfaisante de 4 %, une bonne maîtrise de son inflation passée de plus de 22 % en 2010 à moins de 10 %, des exportations importantes de sa bauxite qui a presque triplée et des investissements importants dans l’hôtellerie, les infrastructures et le secteur agricole. Cet embonpoint économique a permis au secteur du BTP d’impacter la croissance globale de l’économie nationale », pense-t-il.
En fin pour terminer, en matière de protection de l’environnement, le Groupe GUITER est soucieux de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « La Guinée est à la fois un pays minier important, agricole et un pays où plusieurs cours d’eau africain qui y prennent leurs sources. Certes trois atouts, mais également trois importants défis écologiques majeurs. C’est pourquoi, je veille personnellement au respect des normes nationales et à la prise en compte des recommandations internationalement admises », martèle-t-il.
Par Clément Yao