Plus de 50 projets de développement visant à réduire la pauvreté financés par la Banque mondiale pour plus de 600 milliards de FCFA d’investissements. La mission a prescrit plus de rigueur dans la gestion des ressources pour faire face à un environnement économique difficile.
Par Achille Mbog Pibasso
Une mission de la Banque mondiale a séjourné au Tchad dans le cadre de la revue conjointe de la performance du portefeuille des projets financés au Tchad. La rencontre avec les autorités tchadiennes le 02 octobre 2019 à Ndjamena, la capitale, a permis aux deux parties d’évaluer le chemin parcouru et d’envisager des perspectives. Il s’agit en l’occurrence, de la mise en œuvre du projet triennal 2017-2019 du Plan National de Développement (PND).
La matérialisation de ce projet intègre notamment une enveloppe comprenant un appui de 1 milliard de dollars de l’Association Internationale de Développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale (BM) pour les pays les plus pauvres, et 100 millions de dollars de la Société Financière Internationale (IFC), filiale dédiée au secteur privé.
« Depuis janvier 2018, nous, nous retrouvons tous les six mois. Avant cette période, la Banque mondiale et le gouvernement tchadien se retrouvaient pour parler de projets à problème, de dépenses inéligibles, de suspension de projets et d’annulation de fonds. Cette situation a changé. C’est important de le reconnaitre, même si les efforts à fournir pour amplifier les résultats que nous obtenons dans notre partenariat sont encore importants, c’est utile de réaliser que le renversement de la tendance à déjà commencé à exister », a indiqué le représentant de la Banque mondiale, François Namkobogo.
Une manière de demander aux autorités tchadiennes de ne point dormir sur leurs lauriers, dans un contexte économique difficile marqué notamment par la chute des cours des matières premières sur le marché mondial, et dont le pétrole représente plus de 80% des revenus du pays. Encore que, « nous avons un défi structurel qui est celui de l’amélioration du capital humain » a insisté la mission de la Banque mondiale.
Certes, le niveau de décaissement des ressources a presque doublé par rapport à ce qui était il y a quelques années puisque « nous sommes à 28% des déboursements annuels des ressources engagées en début d’année. Ceci est une performance importante », ont souligné les experts, avant d’insister sur la marche de progression à réaliser.
Par ailleurs, la Banque mondiale a relevé quelques griefs à l’endroit des dirigeants tchadiens, entre autres, au sujet de l’attribution et de la réalisation des marchés publics, de même que des efforts supplémentaires ont été demandés pour ce qui est de l’assainissement des finances publiques. Des secteurs où, en dehors des lenteurs de toutes sortes et des insuffisances du cadre réglementaire, l’affairisme et la corruption plombent la réalisation des projets de développement, confinant l’énorme majorité des citoyens dans la pauvreté.
Producteur de pétrole depuis 2003, le Tchad est devenu très dépendant de cette ressource d’où il tire plus de 80% de ses revenus. Après deux années de profonde récession dues à la chute du prix du pétrole, l’économie a amorcé une reprise en 2018 au point où la croissance devrait revenir à environ 3,1 % grâce à la hausse des prix du pétrole, de la production pétrolière et de la production agricole.
Si la croissance devrait connaître une accélération plus modérée en 2019 du fait de prix du pétrole plus bas que prévu précise la Banque mondiale, l’augmentation attendue de la production pétrolière stimulera l’investissement et les exportations en 2020, ce qui devrait se traduire par une croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel d’environ 5,6 %.