La dette extérieure des pays à revenu faible continue d’augmenter mais beaucoup moins vite, souligne la Banque Mondiale. Dans un article publié sur le site de l’institution, l’économiste Evis Rucaj estime que l’encours de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire a atteint 7 800 milliards de dollars en 2018, ce qui correspond à une hausse de 5,2 % par rapport à l’année précédente, mais aussi à un ralentissement par rapport à l’augmentation enregistrée en 2017.
Se basant sur l’édition 2020 des Statistiques sur la dette internationale (IDS) de la Banque mondiale, Evis Rucaj explique qu’en ne tenant pas compte des des dix plus gros emprunteurs du monde (Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Chine, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Mexique, Thaïlande et Turquie), les stocks de dette cumulés par les pays en développement ont augmenté de 4 %.
Les flux nets d’endettement (versements bruts moins remboursements du principal) en direction des pays à revenu faible et intermédiaire ont fléchi de 28 %, à 529 milliards de dollars. Parallèlement, les flux financiers nets (qui comprennent à la fois les apports générateurs de dette et les prises de participation) vers ces pays ont reculé de 19 % en 2018 et de 29 % en excluant la Chine.
Les indicateurs montrent que le fardeau de la dette s’alourdit, contribuant à fragiliser les économies. Si, en moyenne, le ratio de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire par rapport à leur revenu national brut (RNB) est resté modéré (à 26 %), il atteint près de 35 % si l’on ne tient pas compte de la Chine, qui affiche un ratio de seulement 14 %. De même, le ratio de la dette par rapport aux exportations dans ces pays s’élève à 120 % si l’on exclut la Chine, qui affiche un taux bien inférieur (68 %).
En outre, un nombre croissant de pays enregistrent un ratio dette/RNB élevé. La part des pays à revenu faible et intermédiaire affichant un ratio dette/RNB inférieur à 30 % a ainsi reculé, de 42 % voici dix ans à 25 % actuellement. En même temps, la part d’entre eux présentant un ratio dette/RNB supérieur à 60 % et à 100 % a grimpé à 30 et 9 % respectivement.
Les données révèlent aussi un tassement des nouveaux emprunts qui souligne l’inquiétude des investisseurs vis-à-vis de la viabilité de la dette de certains pays pouvant bénéficier des financements de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres (les « pays exclusivement IDA »).
Les flux générateurs de dette en direction des pays exclusivement IDA ont progressé de 32 % en 2018, ce qui a entraîné une hausse de 6 % du niveau cumulé d’endettement de ces pays, qui a atteint l’année dernière 388 milliards de dollars. L’encours de la dette extérieure des pays exclusivement IDA a doublé depuis 2009. Les nouveaux engagements de prêt consentis par des entités du secteur public ont toutefois reculé de près de 4 %, pour s’établir à 45,8 milliards de dollars en 2018.
Le rapport met par ailleurs en évidence un ralentissement des prêts alloués par les créanciers non membres du Club de Paris aux pays exclusivement IDA. La part des nouveaux engagements de créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris a reculé à 17 % (une évolution qui confirme une tendance à la baisse depuis 2010, où elle ressortait à 43 %) tandis que la part des créanciers bilatéraux du Club de Paris est restée stable, à 12 %.