Le journaliste et essayiste nigérien Seidik Abba vient de faire paraître «Voyage au cœur de Boko Haram/ enquête sur le djihad en Afrique subsaharienne» aux éditions parisiennes de l’Harmattan. Co-écrit avec Mahamadou Lawaly Dan Dano, ancien gouverneur de la région de Diffa et artisan du programme «repentir contre pardon» lancé en 2016 et qui a vu des centaines de djihadistes quitter Boko Haram, l’ouvrage, très documenté, est nourri par les témoignages recueillis sur le terrain glissant de la frontière Nigeria /Niger et par des entretiens en langues Haoussa ou Kanouri d’anciens combattants ou de filles capturées et transformées en esclaves sexuelles par un mouvement aux antipodes des valeurs musulmanes.
Ce travail tranche avec les conclusions simplistes des experts estampillés «spécialiste de l’Afrique» qui peuplent les plateaux de télé. Sous la plume de l’ancien correspondant de l’agence Panapress à Paris, on entre au cœur de cette secte, plutôt monstre à sept têtes par ses différentes ramifications, ses accointances avec quelques forces politiques et économiques et les causes de certaines de ces éruptions.
Les propos recueillis à 1173 km au sud-est de Niamey, auprès des repentis et les portraits chocs de destins en incandescence parsèment ce livre qui, on en est convaincu, vient briser le mythe d’un Boko Haram monolithique et révéler la capacité d’exportation d’un groupe qui s’étend du Niger au Cameroun en passant par le Nigeria et le Tchad. Autosuffisant, bien organisé et en relation avec le Califat Islamique, Boko Haram constitue une menace permanente pour la paix en Afrique.
Un commentaire
Félicitations