Dans un contexte de crise politique tendue en Guinée avec, en toile de fond, la farouche opposition du front national pour la défense de la constitution (FNDC) contre toute idée de nouvelle constitution et de troisième mandat, Alpha Condé a participé au sommet Russie-Afrique à Sotchi. En marge de ce sommet, le président Guinéen s’est entretenu avec son homologue Russe, l’homme fort du Kremlin, Vladimir Poutine.
Au cours de cet entretien, le président Russe, dans sa stratégie pour convaincre son homologue ouest-africain de dérouler le tapis rouge aux entreprises de son pays, a rappelé les liens historiques entre Moscou et Conakry pendant toute la période de la guerre froide.
Échanges au-delà des images
Le président Russe a rappelé à son invité quelque soixante ans de relations diplomatiques entre les deux pays. «l’URSS est d’ailleurs une des premières puissances à avoir reconnu l’indépendance de votre pays, exactement douze jours après sa proclamation…. » . Au passage, Poutine liste les réalisations faites alors par le puissant ogre russe, l’URSS, qui a construit entre autres, un aéroport, des universités, des voies ferrées, des voix routières et une entreprise d’extraction minière dans la Guinée d’Ahmed Sékou Touré….. « Depuis votre dernier passage en Russie, le volume de nos échanges a été multiplié par 7…. » a, entre autres, égrené Vladimir Poutine.
En retour, Alpha Condé use d’amabilités: « Merci beaucoup, monsieur le président, c’est toujours un plaisir de vous rencontrer, comme j’ai eu l’occasion de le dire au ministre Lavrov (sergeï), la Russie est toujours fidèle à ses amis quelques soient les conséquences et j’ai toujours dit que c’est grâce à l’Union Soviétique que la Guinée n’a pas plongé quand les français ont voulu………… mettre un cordon de fer autour nous, mais si vous voulez bien, je souhaiterais qu’une bonne partie de notre entretien soit en tête à tête parce que je souhaiterais échanger de certains points avec vous en tête à tête…. » a réagi le président Guinéen.
Et Poutine de répondre avec une élégance et un charisme dont lui seul a le secret: « Je le ferai avec joie et c’est facile à faire….» et aussitôt dit, aussitôt fait. Fin de la retransmission télévisée de l’entretien. Les échanges entre les deux hommes se poursuivront en privé. Game is over.
Analyses
Alpha Condé s’est fait prendre à son propre piège. Son franc-parler, ses excès et lacunes en matière de communication politique l’ont trahi avant qu’il ne prenne la mesure de la situation (il aurait pu faire sa demande de tête à tête en privé et ne pas s’offrir le luxe de trainer la France dans la boue devant les caméras et devant Vladimir Poutine qui ne pouvait pas en attendre mieux). « La Russie est toujours fidèle à ses amis quelques soient les conséquences et j’ai toujours dit que c’est grâce à l’Union soviétique que la Guinée n’a pas plongé quand les français……… ont voulu mettre un cordon de fer autour nous », déclare Alpha Condé avant de se rappeler de la présence des caméras et de faire la demande au président Russe pour que le reste de l’entretien se fasse en privé.
Dans la vidéo de cet entretien qui tourne en boucle sur internet, notamment sur les réseaux sociaux, en écoutant le président Guinéen, lorsqu’il prononce cette phrase, en évoquant la France, il tâtonne, hésite, tempère avant de trouver les mots. Cela en dit long.
Premièrement, les propos « La Russie est toujours fidèle à ses amis quelques soient les conséquences …. » peuvent être interprétés d’une multitude de manières, cependant prononcer ces mots dans le contexte politique actuel de la Guinée, ne peut guère être fortuit surtout que dans la foulée, Alpha Condé demande un tête-à-tête privé avec Poutine.
La communauté internationale, en tête les Américains, les Européens notamment la France ne souhaitent pas qu’Alpha Condé rempile pour un troisième mandat, ils le lui ont fait savoir dans un langage hautement diplomatique « Il est ainsi indispensable d’organiser dans les délais légaux des élections, législatives et présidentielles, libres, crédibles et transparentes, dans le respect du cadre constitutionnel et dans un environnement apaisé. Une éventuelle libération rapide des personnes détenues de façon préventive serait de nature à aider à l’apaisement » avait-elle notifié le 16 octobre dernier dans une déclaration commune.
Alpha Condé envisage-t-il désormais, après avoir perdu ses alliés traditionnels, notamment la France, de s’appuyer sur la Russie pour imposer à ses opposants, une nouvelle constitution taillée sur mesure qui lui permettrait de «s’offrir» éventuellement un troisième mandat ? Si l’on ne peut pour le moment être formel là-dessus, tout porte à le croire.
Pour cela, Alpha Condé semble faire les yeux doux à la Russie en tirant maladroitement à boulet rouge sur la France, réitérant ces accusations contre elle sur le rôle qu’elle aurait joué dans le torpillage et le sabotage de la Guinée post-indépendante. Si les faits historiques sont relativement indéniables, Alpha Condé confirme par-là que la France n’est plus un allié de son régime, y compris de son projet de nouvelle constitution et par ricochet du troisième mandat. Malgré tout, le président Guinéen reste prudent en traitant son ancien allié.
Deuxièmement, les propos du président Guinéen sur la fidélité Russe à toute épreuve et celles qu’il a déclaré dans une récente interview dans le journal Français, LeMonde, lorsqu’il affirme « (…) Dans les autres pays où il y a de nouvelles Constitutions, il y a eu beaucoup de manifestations, il y a eu des morts, mais ils l’ont fait » ne plaident pas en sa faveur et ne sont pas de nature à rassurer.
Un commentaire
Vous êtes là pour nous informer ou pour critiquer un bien fait espèce des Babie de français la naturalisé.
Ce que la france fait dans nos pays nous le connaissons très bien alors faites vos reportage et épargnez nous de vos sottises de babie la