Sous un grand hangar du quartier Vakpossito, au sud de Lomé, la capitale togolaise, la principale machine de l’usine de traitement de soja d’Agrokom tourne à plein régime. Dans quelques jours, ce groupement de jeunes devra livrer 200 tonnes de tourteaux de soja biologique à un client à l’international.
« En 2011, nous ne produisions que 50 tonnes de tourteaux pour le marché local. Mais depuis 2016, notre production a quadruplé et nous servons désormais le marché international », raconte avec fierté Daniel Komlan, directeur général d’Agrokom, une PME spécialisée dans la transformation du soja.
Avec ses neuf employés, Daniel Komlan a composé une équipe de travail de jour. Mais avec les deux autres machines acquises grâce au Projet d’appui à l’employabilité et à l’insertion des jeunes (PAEIJ) d’un montant total de 20,3 million de dollars américains, financé par la Banque africaine de développement, il compte passer rapidement à la vitesse supérieure.
« Nous voulons mieux satisfaire la demande. J’ai désormais des machines capables de réaliser une bonne cuisson entre 5 et 8 secondes, alors que par le passé, il me fallait une heure. Je vais recruter des jeunes, former deux à trois équipes qui travailleront en quart temps. L’objectif, à l’horizon 2021, est de produire 10 000 tonnes par an », avance-t-il.
Agrokom s’appuie sur un réseau de 5 000 producteurs de soja biologique, suivis par des collecteurs dans trois grandes régions de production : Kara, Atakpamé et Adjengré.
Kataya Wiyao est un de ces producteurs. Encadré par le Comptoir agricole du terroir de Notsé (sud du Togo), il reçoit chaque année du PAEIJ un appui financier d’environ 1 000 dollars. « Pour la campagne 2017-2018, j’ai produit trois (3) tonnes de soja. Pour celle en cours, je table sur une récolte de six (6) tonnes, soit le double sur mes 5 hectares », espère-t-il. A 22 ans, il emploie un permanent, dix intérimaires et assure le quotidien de ses parents.
La Jonction de croissance agricole (JCAT) affiche également de belles ambitions. Installée à la lisière de la localité agricole d’Atakpamé (une localité en environ 150 km au nord de la capitale, Lomé) cette société spécialisée dans la production et la certification de soja biologique a déjà stocké, pour 2018-2019, plus de 10 200 tonnes de graines de soja sur une superficie de récolte de près de 7 300 hectares.
Ce mardi, son directeur général Toto Yao rencontre des Français, clients potentiels, afin de valider l’achat de la production et garantir la qualité des 15 000 tonnes de graines de soja attendues pour la récolte 2019-2020.
« Le financement de la Banque (272 000 dollars,) nous a permis de faire un bond qualitatif dans nos activités. En trois ans, nous sommes passés de 2 000 tonnes de graines de soja exportées à 5 000, puis 7 000, et maintenant 10 000 tonnes. Dans peu de temps, nous allons envisager la transformation, mais cela nécessite de gros moyens », relève le directeur, qui emploie 47 jeunes permanents.
Passer au stade de la transformation, la Nouvelle société de commercialisation des produits agroalimentaires (NSCPA) est en train de réussir ce bond en avant. Dans six mois, son usine de transformation de manioc pour la production d’amidon doit voir le jour sur une superficie d’un hectare, à Atakpamé. Elle mettra ainsi un terme à la production manuelle.
« Nous avons signé une convention avec l’entreprise nigériane, Niji Food, afin de lui livrer l’ensemble de la production d’amidon. Avec l’usine, nous aurons 50 tonnes à produire par jour », explique, confiant, Dandji Koffi Ognankitan, directeur de la NSCPA. Quelque 3 000 producteurs sont mobilisés sur une superficie de 7 500 hectares pour fournir du manioc en permanence.
« Avec plus de 35 000 emplois créés, ce projet est un exemple de projet novateur initié par la Banque en vue de promouvoir les PME agro-industrielles et l’emploi des jeunes dans les chaînes de valeurs agricoles, note Georges Bohoussou, représentant pays de la Banque africaine de développement au Togo. Ce projet constitue une référence et une fierté pour le gouvernement togolais dans la promotion de l’emploi des jeunes ».
Le portefeuille actif de la Banque au Togo s’élève à près de 427 millions de dollars. Il couvre la quasi-totalité des secteurs clés du développement économique du pays, à savoir les infrastructures, le développement rural et durable, l’insertion professionnelle des jeunes, le secteur privé, la gouvernance économique, l’inclusion financière et sociale.